mercredi 13 février 2008

L'ABOLITION DES FRONTIERES : UN GRAND PAS DE L'HUMANITE ?

On va traiter cet article comme si on est entrain de manger ( un peu d'humour !!!! avec plaisir)

1-Entrée
L'article 13 de la declaration universelle des droits de l'homme ( ONU ).
1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.

2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

2- Plat de résistance

Je sort un peu ici d'un domaine sur lequel je me suis toujours penché regulièrement : l' économie .Cet article est juste lancé pour reflechir sur un sujet d'actualité , qui reste et fera partie des préoccupations majeures du monde du 21 ème siècle : c 'est l'ABOLTITION DES FRONTIERES.Victime d'une insomnie passagère ( qui peut arriver à tout le monde ) ,En zappant sur la chaine de television Arte ( France chaine n 7 ) aujourd'hui 13 fevrier 2008 vers 4h 30 , je suis tombé sur une émission intitulée :"L 'Abolition des frontières... ".C'est une fausse emission car en fait c'est pas vrai c 'est une sorte d' " emission spectacle ".Les présentateurs ont essayé tout au long de l' émission de montrer qu'on est en direct , on est entrain d'attendre la validation ou non par l ' Assemblée Generale de l' ONU reunie aux Etats-Unis l' ABOLITION DES FRONTIERES A L 'ECHELLE PLANETAIRE.En attendant le vote effectif des delegués qui representent leur pays respectif , il y a eu des courts reportages de par le monde pour voir comment les professionnelles ( tourismes , sociétés speccialisées , etc ) voient -ils cette nouvelle qui est entrain de marquer le 21 ème siècle si elle sera validée .Il y a eu aussi les reportages dans des pays comme l' Inde , le Japon , Afrique , etc.C'est l' ancien Directeur General de l' ONU KOFFI ANNAN lui meme qui est à la tete de la commission des nations unis chargée de perfectionner ce projet .Il y eu ainsi des visites de part le monde ( par Koffi Annan ) , mais c'est en Europe qu'il a terminé ses voyages y rellatifs .Le moment venu , Koffi Annan a fait un petit discours de quelque minute devant l' Assemblée Generale de l' ONU et le vote commence.Dommage l' abolition des frontières n' était pas validée par les delegués , reportée plus tard .L'histoire , est terminée , ce n'est qu'un jeu qui cache des verités bien établies sur lesquelles tout etre humain qu'il soit intelo ou non , noir ou blanc , croyant ou athé doit ( et peut ) reflechir.

Voilà on est là ,on se demande pourquoi pas abolir les frontières ?Oui , j' accepte quelle absurdité , quelle connerie ce type là il est entrain de dire .Avant d'entrer dans un débat polémique qui s'annonce rude , ce serait un grand plaisir pour moi (avec modestie ) de presenter les conséquences directes d'une abolition des frontières
Une abolition des frontières veut dire :
i)-Suppression des limites geographiques qui delimites un pays à un autre ( un Etat à un autre : dans le langage juridique et geographique il y a prfois une différence entre un Etat et un pays , c est pas notre problème principal ici ....);
ii)-Libre circulation des personnes qui veulent entrer ou sortir dans un territoire ( un pays ) donc suppression des visas ( pas plus besoin de passeport ) Il suffira juste de faire une formalité administrative pour enter dans un pays;
iii)-Quasi disparition du concept et du fondement meme de citoyenneté ( à part les avantages sociaux accordés aux citoyens comme dans le cas des pays à forte protection sociale : France , pays scandinave )
iv)-Risque de Submerssion Démographique ( la population du pays d'acceuil est submergée par les immigrés qui la depasse en nombre : par exemple en France il y aura plus d'immigrés que des francais , Madagascar plus des africains que des malgaches. Là la chine et l' Inde ont quelque chose à dire .
v)-Assouplissement des barrièrres tarrifaires et les formalités d'instalation des investisseurs là où ils veulent travailler.
Voilà de ma part les 5 principales conséquences de la suppression des frontières.Parmi ces 5 conséquences ce sont la 2 ème ( libre circulation des personnes ) et la 4 ème ( risque de submerssion demographique ) qui meritent une attention particulière.

A-Les souverainistes ( les nationalistes ) en Afrique , Asie , Europe , Etats-unis , Amerique latine évidement ne vont jamais accepter ce genre de mesure.Ils vont dire , nous on est fier de notre situation .Là les valeurs culturelles ,le patriotisme , l'amour de la patrie viennent surmonter les arguments économiques .

B-Les moderés vont dire , oui c 'est faisable mais ne l' appliquaons pas betement .Il vaut mieux prendre le temps et prendre les mesures qui conviennent progressivement.

C-Les mondialistes ( pour eviter le terme liberal) vont dire oui, c 'est sera un grand pas de l' humanité .Il y aura le transfert de savoir faire , transfert des pouvoirs d'achats , une grande complementarité entre les hommes , en tout ce sera presque le monde partfait... c'est sera le grand defi du 21 èeme siècle ....POUR UN VRAI GRAND PAS DE L 'HUMANITE .

Je ferme la prenthèse là et je vous laisse chacun de reflechir là dessus .
Moi , ma position si vous voulez savoir je suis dans la position B.

3-Dessert

ALAIN : La liberté commence là où s'arrete celle des autres
PASCAL:La pensée fait la grandeur de l'homme
KEYNES: Le libre échange marche droit à la lumière du jour parlant à tous les passants tandis que le protectionnisme grogne dans son coin.

mercredi 6 février 2008

LE SECTEUR FINANCIER DES PED A L’AUBE DU XXIème SIECLE : ETAT DE LIEU DES TENDENCES RECENTES

LE SECTEUR FINANCIER DES PED A L’AUBE DU XXIème SIECLE : ETAT DE LIEU DES TENDENCES RECENTES

Introduction
L’accession à l’indépendance et la prise en main par des nationaux du contrôle de la machine politique constitue la première étape de la décolonisation des PED .Avant de songer à l’indépendance économique, la principale préoccupation financière du nouvel Etat a été d’équilibrer le budget dont la partie fonctionnement est lourdement obérée par la création de services indispensable à sa souveraineté. La faiblesse des ressources propres dont disposent les PED à l’aube de leur indépendance les a contraint de recourir auprès de leur ancienne puissance coloniale. Mais face aux défis de développement inspirés par des programmes de développement national très ambitieux, le mécanisme de financement de ces pays n’a cessé de changer durant la période postérieure .La faiblesse de leurs ressources intérieures (financement par fonds propres) les a obligé de recourir auprès des organismes internationaux ou des Etats pour obtenir des aides ou des emprunts, emprunter auprès des banques pour financer leur économie. Le recours prolongé aux fonds extérieurs a conduit bon nombre des PED dans un système de néocolonialisme dans toutes ses formes remettant même en cause leur souveraineté nationale.
Après leur indépendance politique respective, les PED ont chacun essayé de faire face aux défis de développement longtemps bafoués par le système colonial. Cet article essaie de decortiquer d'une manière synthètique les tendances récentes du secteur financier des Pays en Développement( PED ) dont l'objectif principal est d'apprehender l'Etat , le niveau et la tendance de leur indépendance financière-objet d'un ( des ) autres articles ultérieurs.

1-1- Vue d’ensemble du secteur financier des PED
1-1-Le dualisme financier dans les PED

L’analyse du niveau et de l’évolution de l’indépendance financière nécessite une connaissance approfondie des paramètres jugés indispensables dans le fonctionnement de l’économie d’un pays tout comme pour l’ensemble des PED. C’est l’objet de notre étude ici.
Depuis l’indépendance, des multitudes de reformes se sont succédées dans les PED, pour faire face au défi de développement longtemps revendiqué par la population locale mais aussi et surtout en vue de réduire les risques de vulnérabilité financière qui les secouent régulièrement (crise de la dette, crise financière, etc.) .Ces reformes ont débouché à quelques changements majeurs de leur secteur financier.
On note ainsi :
- des changements dans le secteur bancaire (création de banque de développement, Institutions financières publiques) ;
- l’instauration de marchés des valeurs mobilières ;
- l’apparition des marchés de la dette intérieure
- la dollarisation de l’économie ;
- le développement des institutions de micro finance.

Comme le note Hugon [2006] :« les pays en développement en particulier connaissent un « sous développement économique lié au sous développement financier .Dans ces pays les marchés monétaires sont peu nombreux et peu actifs , les marchés financiers sont embryonnaires ou inexistants (à l’ exception de quelques pays émergents ) ,les filiales étrangères utilisent pour l’ essentiel des circuits « off shore » liés à leurs maisons mères , les petites entreprises locales ont peu accès aux mécanismes de financement , seuls l’ Etat et les entreprises publiques et les emprunteurs à court terme ( crédit de campagne , import export) sont les principaux bénéficiaires des systèmes financiers ».
Malgré les reformes successives entreprises (libéralisation, assainissement), le secteur financier des PED reste toujours fortement segmenté et dans l’incapacité de financer le développement.
Mais qu’en est –il vraiment du secteur financier des PED ? Quels sont les traits marquant du secteur financier des PED depuis l’indépendance ?
Si le dualisme financier caractérise le système financier des PED dans son ensemble, son niveau d’intermédiation en constitue le noyau dur.

Dans la plupart des PED, les systèmes financiers se caractérisent par la coexistence et le fonctionnement parallèle de deux secteurs financiers, l’un formel et l’autre informel. Ce caractère hétérogène des systèmes financiers, plus couramment appelé « le dualisme financier » est l’un des traits distinctifs des économies en développement. Le secteur financier informel est largement marqué par l’absence de règle réglementaire, l’importance des liens interpersonnels et la souplesse des opérations. Le secteur formel par contre est très réglementé, souvent hérité du système colonial.
Les systèmes financiers des PED font apparaître un important dualisme financier, le marché des fonds prêtables étant partitionné .D’un coté, on trouve les banques, très spécialisées dans le financement d’activités formelles, dont les risques doivent être compensés par l’existence de garanties réelles. De l’autre, on trouve un secteur formel qui finance toutes sortes d’activités tant formelles que souterraines, par l’ allocution de N crédits personnels , davantage fondés sur la confiance vis-à-vis du débiteur que sur la base d’estimations du rendement et risque associés aux créances [C . Eboue, 1990, p.27] .Cette vision de
C. Eboué malgré les changements qui se sont opérés dans le secteur financier des PED depuis 1990 reste de nos jours valable.
Grossomodo , si le secteur formel se réfère à un système institutionnel organisé, axé sur les zones urbaines et répondant aux besoins financiers du secteur moderne monétisé, le secteur informel moins institutionnalisé et moins réglementé s’intéresse de plus en plus aux zones rurales et aux sphères de subsistances de l’ économie. Cependant, cette délimitation informel / formel n’est pas toujours évident car la réalité est de plus en plus complexe et il est difficile de tracer avec précision une ligne de partage entre les deux secteurs.
Comme le note Dimitri Germidis et al [1991, p .12] : « Il est devenu traditionnel d’opposer le secteur financier formel au secteur financier informel . Mais il est également important de reconnaître que chacun des deux secteurs est lui –même très diversifié. Il semble difficile de tracer avec précision une ligne de partage entre ces deux sous-ensembles aux contours flous ( « fuzzy sets » ) ».
Il est évident que la structure et le fonctionnement du secteur financier formel déterminent et influencent la nature et l’importance du secteur financier informel, ce qui n’empêche pas ce dernier d’avoir sa propre dynamique. Suivant le pays et le contexte , ce secteur peut ainsi enregistré 30 % à 60% voir plus du total des crédits ruraux, etc. Les circuits de la finance informelle sont caractérisés par plusieurs traits: prédominance des transactions en espèces, faiblesse ou absence des enregistrements et des règlementations, échelle restreinte des opérations, échanges d'actifs hors des cadres juridiques, rôle des relations personnelles et communautaires d’appartenance ou d’adhésion [Lelart ,2005] ;l’argent chaud créateur de lien l’emporte sur l’ argent froid non créateur d’obligation [Bédart ,1986] .Ces circuits informels permettent de différer la consommation et de réaliser une épargne forcée.
Deux thèses principales sont généralement avancées quant aux causes du dualisme financier .La première considère que le secteur financier informel s’explique par les carences du secteur financier formel lesquelles résultent de la répression financière c'est-à-dire la réglementation stricte du système financier et des diverses contraintes imposées par les autorités publiques sur l’activité des institutions financières. La seconde thèse avance que le dualisme monétaire et financier s’explique par le dualisme intrinsèque des structures économiques et sociales et par l’attachement des populations rurales aux valeurs et coutumes traditionnelles [Ibid, p.14]. Autrement dit, le dualisme peut être imputé aussi bien à la répression financière qu’à l’attachement de la population à des comportements traditionnels.
Le regain d’intérêt pour la micro finance dans les années 1990, suite au succès de la Gramen Bank au Bangladesh comme une alternative efficace contre la pauvreté [Soulama , 2002] a transformé d’une manière radicale les systèmes de financement de certaines catégories de population dans bon nombre des PED .Soulama [2002] argumente ainsi : « A l’alternative de l’ aide improductive, la microfinance substitue l’aide efficace, une aide par l’ intermédiaire de petits prêts adaptés aux besoins de la population, qui leur permet de créer de microentreprises viables ».Mais cette émergence de la micro finance a fait apparaître deux changements majeurs dans ces pays [Michel Lelart, 2002]. C’est d’abord l’ apparition d’un secteur financier intermédiaire entre le secteur financier formel et le secteur financier informel , un système financier officiellement reconnu et qu’il faut réglementer . C’est ensuite l’importance du crédit en lieu et place de l’épargne, brisant du même coup le cercle dit vicieux de la pauvreté, le remplaçant avec succès par le cercle vertueux du microcrédit» . Dans certains PED (en particulier dans les pays de l’ UEMOA), il existe désormais à coté des systèmes financiers formels et informels, un Système dit Financier Décentralisé (SFD) .La BCEAO distingue principalement trois types de structures : les coopératives ou mutuelles d’épargne et de crédit, les institutions de crédit solidaire et les projet à volet crédit. Parmi les évolutions récentes , on peut constater qu’il y a une tendance au rapprochement entre les institutions de microfinance classiques et les banques commerciales classiques (et inversement ).Cette tendance s’explique par le phénomène de « downgrading » ( descente de certaines banques classiques dans le champ de la microfinance ) ou du « upgradind » (remontée de certaines institutions classique de micro finance vers des formes bancaires traditionnelles).Cette évolution est loin d’être achevée en Afrique subsaharienne tout comme dans la plupart des PED mais les tendances récentes sont prometteuses .
Quelles qu’en soient les causes, le dualisme financier peut avoir un impact positif et négatif dans les PED. Mais le développement spectaculaire du système de microfinance dans bon nombre des PED ces dernières années, conjuguées aux reformes successives du secteur financier formel nous incitent à avancer que :i) ces deux secteurs peuvent coexister, ii) sont complémentaires, iii) nécessitent des mesures spécifiques pour être viables dans les PED.

Mais qu’en est –il de l’intermédiation financière des PED ?

1-2-L’intermediation financière dans les PED

Dans un article fondateur intitulé : « The crisis in Keynesian Economics », J.R .Hicks [1974] en inventant la notion d’ Economie d’endettement (Economie de Fonds Propres) et l’ Economie de marché financier a ouvert la voie dans l’analyse des différents mécanismes et phénomènes qui se rapportent à l’intermédiation financière . Conformément à l’analyse de Hicks, une économie d’endettement est une économie dans laquelle les agents économiques à besoin de financement (normalement les entreprises, parfois l’Etat) financent leurs déficits en s’adressant principalement aux intermédiaires financiers ( les banques ).A l’inverse, dans une économie de marché financier, les agents à besoins de financement font plus appel aux émissions de titres sur les marchés financiers.
Il est crucial de rappeler que les intervenants financiers formels dans les PED sont composés principalement par :
- la Banque centrale ;
-les Banques et intermédiaires financiers (Banques commerciales, Banques d’affaires , Caisse d’épargne ,Organismes de crédit immobilier , Réseau d’épargne postale , Banques de développement , autres institutions financières , Compagnies d’assurance , etc ) ;
-marchés financiers (valeurs mobilières).
Malgré le développement spectaculaire de la finance informelle et de la microfinance dans certains pays, la dualité financement bancaire / financement par les marchés financiers occupe toujours une place centrale dans l’analyse du structure et de l’évolution du système financier des PED tout comme dans certains pays riches du nord vers les années 1980 et 1990.
D’une manière générale, une distinction fondamentale peut être établie dans les systèmes financiers des PED surtout depuis les années 1990 :
-ceux où les banques et les autres intermédiaires financiers jouent un rôle dominant ;
-ceux où les marchés financiers occupent une place centrale dans le financement de l’économie.
Quoi qu’il en soit, contrairement aux pays riches où le marché boursier est déjà largement développé, le secteur financier des PED reste encore fortement dominé par le secteur bancaire .L’explosion et le développement spectaculaire de l’activité boursière et les marchés financiers dans certains pays émergents
(Pays émergents d’Asie et d’Amérique latine) durant ces dernières décennies, avoisinant même les places financières des pays riches, ne les empêchent pas de figurer parmi les pays à « Economie d’endettement ».
Mais il est extrêmement difficile de faire une délimitation formelle que tel groupe de pays fait parti d’une économie d’endettement et tel groupe des pays à économie de marché financier. Frederic Poulon [2002, p.33] analysant la transition d’une économie d’endettement vers une économie de marchés financiers et prenant comme exemple le cas de la France (1981-1999) a constaté que l’ économie française était dans un état d’économie d’endettement jusqu’en 1990 .Se referant au taux d’intermédiation financière en termes d’offre ( au sens strict , c'est-à-dire le financement bancaire ) par les établissement de crédit , cet auteur a trouvé que l’ économie française a enregistré un taux d’intermédiation supérieure à la valeur critique 1 /2 jusqu’en 1990 .Ce taux a passé ainsi de 78% en 1981 à 65% en 1985 et est descendu à 45% en 1986 pour finir à 58% en 1990 date après laquelle il sera au dessous du niveau critique de 50% ( 45 % en 1991 , 2 % en 1993 et respectivement 32% et 37% en 1997 et 1999) .Toutefois F.Poulon , n’a pas manqué de noter que la transition de l’ économie française vers l’état d’économies de marchés financiers a commencé en 1983 .Une situation qui s’explique par le phénomène de désintermédiation financière au niveau mondial suite à l’ éclatement de la crise international de la dette en 1982 qui a profondément touché le fonctionnement des marches financiers internationaux mais aussi et surtout celui nationaux. Mais le résultat de l’ étude de Nicole Poulon Lafaye [2002, p .63-82] semble contredire la conclusion de F.Poulon selon laquelle la France est passée à l’ Etat d’économie d’endettement depuis 1990 .En effet ,Nicole Poulon Lafaye [Ibid , p.69] a pris en compte l’ indicateur d’intermédiation non plus en termes d’offres au sens strict mais au sens large .Le Conseil National de Crédit ( France ) a décidé depuis 1998 de calculer un nouveau indicateur d’intermédiation financière au sens large . Cet indicateur, contrairement à l’autre (en termes d’offres au sens strict) intègre non seulement les établissements de crédits (banques) mais aussi les sociétés d’assurances, les OPCVM (Organismes Public en Placement des Valeurs Mobilières) vue l’importance de ces institutions dans l’intermédiation. L’examen relatif à l’ évolution de ce taux d’intermédiation financière au sens large lui a permis de constater qu’en fait, l’ économie française est toujours dans un état d’économie d’endettement depuis 1990 .Ce taux a passé ainsi de 78% en 1981 à 64 % en 1985 avant de baisser à 58% en 1990 ,71% en 1993 et 70 % en 1995 .Les valeurs frontières de 40 % et de 48% enregistrées respectivement en 1986 et 1987 ne permettent pas de conclure que l’ économie française était dans un état d’économies de marchés financiers .Parallèlement, la Tunisie pressentant un taux d’intermédiation financière au sens large élevé avec un rythme de croissance soutenue ( 57 % en 1988 ; 67%en 1990 ; 71 % en 1993 et 70 % en 1995 ) est sans aucun doute une économie d’endettement.
Les résultats de l’étude de M Boutiller et J .C Bricongne [2006] qui couvre la période ( 1994 -2004 ) confirment la conclusion de F.Poulon selon laquelle l’ économie française est passée en état d’économie de marchés financiers si l’on se réfère au taux d’intermédiation au sens strict (y compris les crédits des sociétés d’assurance et des OPCVM ) .L’ analyse en termes d’intermédiation au sens large ( tient compte des placements en titres des institutions de crédits , les assurances et les OPCVM) ne corrobore pas ce constat. D ‘après Boutiller et Bricongne [2006] , en France, le taux d’intermédiation financière au sens strict (hors crédits des OPCVM et des sociétés d’assurasse) a passé de 54% à 39 ,5% de 1994 à 2004. Ce taux a passé de 55,4% à 40 ,4 % respectivement en 1994 et 2004 si on tient compte des crédits des OPCVM et des sociétés d’assurance. Le taux d’intermédiation au sens large quant à lui a passé de 76 ,2% en 1994 à 58 ,8% en 2004 .L’économie française est donc une économie de marchés financier si on se réfère au taux d’intermédiation au sens strict mais elle est une économie d’endettement si on tient compte du taux au sens large.
La situation des quatre autres pays riches (Etats –Unis, Royaume Uni, Allemagne, Espagne) mérite d’être mentionnée .Limitant l’analyse au taux d’intermédiation au sens strict, les Etats-Unis et le Royaume Uni sont déjà classés dans l’économie de marché financier, toutefois, cette affirmation est à relativiser car ils ne sont pas vraiment loin de la valeur frontière de 1/2 qui délimite notre classification En effet , le taux d’intermédiation financière des Etats-Unis et du Royaume Uni ont passé respectivement de 33,6% , 33 ,8% en 1994 à 42,9% et 38,9% en 2000 . En 2004, ce taux a été respectivement 47,7 % et 46,2% .L’Allemagne et l’Espagne par contre sont des pays qui méritent de figurer dans les pays à « Economie d’endettement» .Un taux d’intermédiation financière de 69,6% en 1994 ; 73,4% en 2000 et 68 ,6% en 2004 a fait de l’Allemagne le premier pays le plus intermédié parmi les pays les plus riches. L’Espagne avec un taux de 46,1% en 1994 ; 50,6 % en 2000 et 60,2% en 2004 n’en reste pas loin.
Les PED sont des pays à « Economie d’endettement » du fait de la prédominance du secteur bancaire et des intermédiaires financiers traditionnels dans le financement de leur économie. Nous verrons plus tard une analyse détaillée là dessus. Pour l’instant contentons nous d’un aperçu général relatif à leur niveau d’intermédiation financière tiré des travaux de certains auteurs qui ont analysé ce problème.
Dimitri Germidis et alii [1991, p.126-128] effectuant une étude spécifique sur quelques PED ont pu analyser le niveau d’intermédiation financière et l’état d’avancement de quelques PED. En effet, l’analyse de la répartition de l’épargne financière de quelques PED en 1985 ( en pourcentage du total des engagements bruts du système financier ) montre la prédominance du secteur bancaire .Il ressortait de cette étude que les banques commerciales représentent la part la plus importante du total des engagements bruts du système financier, soit en moyenne 50% .Ce ratio va de 31% au Brésil à 40% au Philippines, 45% en Malaisie ,54% en Corée du Sud 59 % en Thaïlande ,57% au Nigeria et 63% au Chili. Les banques centrales viennent au second rang avec des pourcentages qui vont de 10% en Malaisie et en Corée, 20% au Chili et 35% au Brésil et aux Philippines. Cette part reflète le degré d’intervention des autorités publiques dans l’activité économique. La part des établissements de crédits spécialisés correspond en grande partie à celles des banques de développement ; leur poids varie de 2% au Chili et au Nigeria à 8 % en Inde ,16 en Corée du sud et au Philippines et au 18% en Malaisie. Les systèmes de sécurité sociale et les compagnies d’assurance ne représentent qu’une fraction limitée du total des engagements du système financier. Ils n’occupent une place importante qu’en Malaisie et au Chili , grâce notamment au rôle des prévoyance dans ces pays . Les caisses d’épargnent représentent lorsqu’elles existent une part limitée du total des engagements bruts , qui va de zéro au Chili et au Nigeria à 4% au Philippines et 11% au Brésil. Le poids relatif des fonds mutualistes, des trusts et des banques d’investissement est du même ordre, c'est-à-dire entre 1% et 11% du total des engagements bruts .Ce ratio va de 0% au Thaïlande ,1% en Inde et au Chili ,5% au Brésil ,9% au Nigeria et11% en Corée du sud.
En ce qui concerne les marchés financiers, cette étude montre que la part des valeurs mobilières à long terme à revenu fixe et à revenu variable va de 11% en Corée , 20% en Thaïlande , 24% au Nigeria , 30% au Brésil à 48 % en Malaisie.
Chose curieuse, contrairement à l’apparence bon nombres des pays riches réputés par le développement spectaculaire de leur marché financier restent encore fortement dominés par la prédominance du secteur bancaire et le financement intermédié.
Les pays à économies d’endettement (surtout les PED) ont un fonctionnement spécifique par rapport aux pays à « économies de marchés financiers ».
Dans les pays à « économies d’endettement », les agents à capacité de financement préfèrent les placements dans les banques aux titres émis sur les marchés financiers .Généralement, cette préférence pour la liquidité des épargnants conduit les intermédiaires financiers à transformer les liquidités en prêts à moyen et à long termes. Par contre, dans une économie de marché financier, les intermédiaires financiers peuvent plus aisément financer leurs prêts à moyen ou à long terme par des ressources de même échéance grâce à des émissions sur les marchés financiers [SG Jeanneney, 1998, p.53-54] .
Comme l’a remarqué SG Jeanneney [Ibid, p.56-57], dans une économie d’endettement :
i)-la création monétaire peut accroître l’investissement et à travers le multiplicateur keynésien d’investissement l’épargne globale ;
ii)-le taux d’intérêt significatif du point de vue de l’investissement est le taux des crédits bancaires ;
iii)-Il est possible de pratiquer une politique dirigiste du crédit (avec encadrement quantitatif du crédit bancaire et administration des taux d’intérêt. Les taux pratiqués par les banques peuvent être des taux de déséquilibre (la demande de crédit étant supérieure à l’offre) ;
iv)-les banques sont généralement très dépendantes du refinancement de la Banque centrale, d’autant plus que dans les économies peu développées, la monnaie manuelle (émise par la banque centrale) constitue une part importante de la masse monétaire.
Dans ces conditions, il est difficile pour la banque centrale de pratiquer une politique de limitation quantitative stricte de l’offre de monnaie (politique de base monétaire). Il lui reste néanmoins la possibilité d’agir sur la demande de la monnaie centrale par une variation de son taux d’intérêt.

La connaissance de l’état et du niveau d’intermédiation financière est une notion capitale pour appréhender le niveau d’indépendance financière des PED, mais l’analyse des indicateurs spécifiques relatifs au niveau de développement financier en constitue le pilier fondamental.

2- Indicateurs de développement financier des PED
2-1-Breve revue de littérature
Se questionner sur le niveau de développement du secteur financier d’un pays n’est pas chose facile. Quelle approche ? Quelles variables d’analyse à utiliser ?
Le FMI [2006] à travers sa publication de : « Indicateurs de Solidité
Financière » a déjà recensé plusieurs indicateurs permettant d’évaluer la solidité et la santé financière d’un pays .On peut lire à travers cette publication
[FMI, 2006, p.23] : « Les indicateurs de solidité Financière sont calculés pour aider à évaluer et à surveiller les forces et les faiblesses des systèmes financiers. De telles évaluations doivent tenir compte de la situation spécifique du pays concerné, en particulier de la structure de son système financier .Pour simplifier, il importe de savoir si une économie est composée d’un petit ou d’un grand nombre de banques,si elle dispose ou non d’intermédiaires financiers diversifiés, si son marché boursier est complexe et liquide ou non et si les intermédiaires financiers opèrent au niveau international » .S’il est une évidence de reconnaître la portée scientifique et méthodologique de ces indicateurs , fruit même de plusieurs années de recherche de la Division Institutions Financières II du Département des Statistiques ( avec la collaboration des autres Départements ) , la délimitation et l’interaction entre les secteurs financiers domestique et étranger a été presque négligée . Cette délimitation entre les secteurs domestique /étranger via l’approfondissement des déterminants de cette indépendance financière nous permettra par la suite de proposer des indicateurs d’Indépendance Financière qui eux aussi ne sont pas exempt de critique.
Depuis les travaux novateurs de Keynes [1936] qui a révolutionné la macroéconomie contemporaine, de nombreux auteurs ont essayé de chercher des indicateurs permettant d’évaluer le niveau de développement et la solidité du secteur financier d’un pays.
Avant d’entrer dans le cœur du débat, il est crucial de rappeler brièvement les débats relatifs à l’interaction croissance économique / développement du secteur financier (ou développement du secteur réel /développement financier).
L’analyse de l’interaction du développement du secteur réel (à travers la croissance économique) et celui financier est un débat vieux de plus d’un siècle. La question posée est alors de savoir: « Est-ce que le secteur financier qui tire et influence le développement du secteur réel ou c’est l’inverse qui se produit ? ».
Walter Bagehot [1873] et Shumpeter [1911] ont été les premiers à mettre en évidence l’existence d’un lien entre la croissance économique et le développement financier. Trois positions marquent le lien entre le système financier et croissance économique.

i)-Le secteur financier influe positivement sur la croissance économique
Ce premier groupe d’auteurs pense que le système financier a un impact positif sur la croissance économique. Il s’agit des auteurs comme Walter Bagehot [1873] et John Hicks [1969] qui ont montré le rôle critique qu’a joué le système financier dans l’essor de l’industrialisation en Angleterre en facilitant la mobilisation du capital .Schumpeter [1911] soulignant l’importance des banques via l’innovation technologique et le financement des entrepreneurs s’inscrit aussi dans le même ordre d’idée que Bagehot.
Les travaux de Gurley et Shaw [1960] (en approfondissant le rôle du secteur financier dans le processus de croissance économique) et Gerschenkron [1962] (qui a focalisé ses recherches dans l’analyse des écarts de développement par les différences du système bancaire) ont éclairé la voie dans recherche de l’existence du lien entre le secteur financier et la croissance économique. Mais les travaux ultérieurs de Goldsmith [1969] reste une référence .Dans ses travaux, Goldsmith [1969], s’appuie sur des données en coupe international sur la période 1860 à 1963 pour régresser la croissance moyenne sur le développement financier défini par la taille du secteur d’intermédiation financière (mesurée par la valeur de ses actifs sur le PIB).
Plus tard, Shaw et Mac Kinnon [1973] insistant beaucoup sur la théorie de la répression financière , Diamong .D et Dybvig.P [1983], Bencivenga et Smith [1991] mettant en avant le rôle du secteur bancaire ont permis de renouveler cette approche .Bencivenga, Smith et Starr [1996] ,Greenwood et Smith [1997], Rousseau et Wachtel [2000] quant à eux ont montré que la liquidité du marché boursier est importante pour la croissance économique.
Récemment , les travaux de Levine et King[1993] , Levine [1997 ,2000, 2004 , 2005] font autorité et constituent même les bases de références fondamentales en matière de l’analyse de l’ interaction entre le développement financier et croissance économique .Ross Levine [1997] s’intéressant sur un échantillon de 77 pays sur la période 1960-1989 a essayé de prouvé l’existence de lien formel entre le développement de la sphère réelle et la sphère financière . Même si son résultat n’est pas vraiment concluant , l’auteur trouve des corrélations substantielles entre certains indicateurs de la croissance économique et quatre indices de la maturité du secteur financier :i)- le ratio des passifs liquides du secteur ( monnaie en circulation et dépôts à vue ) par rapport au PIB , ii)- le rôle des banques primaires par rapport à la banque centrale ,iii)-la part du secteur privé dans le crédit intérieur ,iv)-les encours de crédit chez les entreprises privés par rapport au PIB. Levine constate également que pour 57 pays, le niveau initial (1960) du premier indice –passifs liquides/PIB prédit de façon significative les indicateurs de la croissance du PIB pendant les 30 années suivantes. On peut déduire aussi de l’étude de Levine qu’il n’est pas possible de prédire si le taux de croissance économique pourrait augmenter et le cas échéant de combien du fait de reformes financières entraînant certains changements spécifiques pour les principaux indices sectoriels. Mais les crises financières des pays émergents des années 1990 et des années subséquentes qui ont largement déstabilisés le secteur réel sont les preuves formelles de l’existence de lien de causalité entre le secteur financier et le secteur réel.
ii)-La croissance économique influe positivement le secteur financier
Le deuxième groupe d’auteurs au premier rang desquels figurent la Keynésienne Joan Robinson pense plutôt que c’est la croissance qui mène le système financier. Pour Robinson [1952] , le développement économique créerait des demandes de type particulier auxquelles répond le système financier en se développant . Le développement du secteur financier peut être donc interprété comme le résultat des demandes exprimées par le secteur productif. La causalité vu précédemment est alors inversée : le processus de croissance exige de nouveaux modes de financements, ce qui provoque le développement du secteur financier. Cette vision keynésienne de Robinson (qui s’oppose à la vision de Schumpeter qui accorde un rôle capital des banques) s’appuie sur le postulat selon lequel : « La où l’entreprise conduit, la finance suit ».La finance et les banques apparaissent alors comme étant des réponses endogènes à la demande exprimée par les agents économiques. Cependant, dans sa contribution de 1979, elle semble nuancer sa position qui se rapproche de la notion de pouvoir d’achat de Schumpeter. Elle reconnaît ainsi que la croissance peut être entravée par une insuffisance de crédit .Pour Robinson[1979] , une économie qui a atteint un certain degré de complexité a besoin de monnaie qui est la représentation abstraite du pouvoir d’achat à partir duquel des transactions peuvent avoir lieu. La vision de Robinson conduit en réalité à une causalité à double sens .Dans un premier temps, l’entreprise emprunte à une banque, puis lorsque le projet a porté ses fruits et accru les gains de l’entreprise, elle commence à émettre des actions ou des obligations et à rembourser l’emprunt à la banque, reconstituant ainsi son crédit pour pouvoir emprunter de nouveau. Le deuxième sens de la causalité se manifeste lorsqu’une proportion plus ou moins constante de l’investissement est financée, l’accroissement du taux d’investissement conduit à une augmentation des prêts bancaires. Ainsi, les crédits bancaires causent en premier lieu l’investissement lequel se traduit en retour par un accroissement du revenu national qui accompagne l’élévation du niveau d’investissement. Cette vision à double sens entre finance et développement réel conduit à considérer que Schumpeter avait partiellement raison.
iii)-Pas de causalité formelle entre le secteur financier et la croissance économique
Ce dernier groupe d’auteurs ne croit pas qu’il y ait une corrélation formelle entre système financier et croissance économique .Robert Lucas [1988] pense ainsi que le rôle des facteurs financiers dans la croissance est exagéré. Mayer [1988] quant à lui avance qu’un marché boursier développé n’est pas important pour le financement de l’entreprise. Stiglitz [1985,1999] corrobore ce constat affirmant que la liquidité des marchés financiers n’a pas d’impact sur le comportement des gestionnaires de compagnies et donc n’exerce pas un certain contrôle corporatif .La plupart des économistes du développement sont également sceptiques quant au rôle du système financier dans la croissance économique. Mais compte tenu du développement spectaculaire de la littérature sur la croissance endogène, certains auteurs comme Berthelemy et Varoudakis [1996] ont mis en évidence l’ambivalence de la relation entre développement financier et croissance. Le résultat de l’étude de ces deux auteurs débouche sur la non-linéarité entre un indicateur de développement financier et la croissance. Ils ont déterminé l’existence d’un seuil minimum de développement financier au-delà duquel il pourrait exister une causalité dans le sens finance vers croissance (ce pays passe ainsi d’un club de convergence à un autre).Cette corrélation peut être inversée ou négative dans le stade de maturité du secteur financier.

Dans le but de mieux appréhender notre étude, se referant à la littérature dominante, l’approche développée par Levine [1993, 1997] sera adoptée ici. Dans une certaine mesure nous adoptons déjà alors la position de Levine et ses collègues selon laquelle : « Le secteur financier exerce une influence positive sur la croissance ».Mais cette position n’est pas formelle. Levine lui-même dans ces travaux a émis des doutes quant à la l’universalité de ce lien de causalité. Cette position nous permettra de proposer les indicateurs clefs de développement financier indispensable à notre analyse.

2-2-Indicateurs de maturité financière

Comme le note Aghion [2007, p.80] : « Dans son excellent revue de littérature dans le Handbook of Economic Growth, Ross Levine [2005] résume ainsi la recherche actuelle sur la finance et la croissance. Globalement ,l’ensemble des recherches actuelles suggère que les pays dont les banques et les marchés fonctionnent mieux se développent plus rapidement , les biais de simultanéité ne semblent pas affecter ces conclusions , une efficacité accru des systèmes financiers réduit les contraintes qui pèsent sur le financement externe des entreprises indiquent qu’il s’agit là d’un des mécanismes par lesquels le développement des marchés financiers influencent la croissance ».Levine à travers cette affirmation confirme l’ existence d’un lien de causalité formelle entre développement financier et croissance. Son article fondateur de 1997 a permis de tirer les indicateurs relatifs au développement financier.
Dans un article de 1997, le Professeur Levine Ross [1997] dans le but d’étudier la relation existante entre le développement de la sphère financière et la sphère réelle de l’économie a relevé quatre indices permettant d’évaluer le niveau de développement financier d’un pays. Ces indicateurs reflètent l’état de maturité financière d’un pays.

i)-La PROFONDEUR FINANCIERE : une mesure de la taille du secteur financier, donne le ratio des passifs liquides du secteur de la monnaie en circulation, plus des dépôts à vue et des passifs porteurs d’intérêts des banques et des intermédiaires financiers non bancaire sur le PIB (M2 /PIB).
ii)-La BANQUE :une mesure du rôle des banques primaires vis-à-vis de la banque centrale , donne la part des banques primaires dans le crédit intérieur total , c'est-à-dire la créance des banques primaires , plus les actifs internes de la banque centrale.
iii)-Le PRIVE :une mesure de la part du secteur privé dans le crédit intérieur, donne le ratio du crédit alloué aux entreprises privées, à l’ exclusion des entreprises d’Etat, par rapport au crédit intérieur total net du crédit octroyé aux banques .La Banque mondiale à travers ses interventions et les différents rapports accorde une importance particulière au développement du secteur privé .On peut lire ainsi dans le rapport annuel de la Banque mondiale [2007,p.21 ] : « Des marchés diversifiés efficaces et bien réglementés, ainsi qu’un cadre juridique et réglementaire favorable au secteur privé, permettant aux entreprises des microentreprises aux multinationales d’investir de manière productive , de créer des emplois et de se développer ».
iv)-Le PRIVY :une mesure de l’ importance du crédit au secteur privé dans l’ économie dans son ensemble , donne le ratio du crédit aux entreprises privées (comme dans iii) par rapport au PIB .
A ces quatre indices relevés par Levine, nous allons en ajouter un relatif aux banques que nous appellerons « Banceco ».
v)-Le BANCECO : C’ est le ratio des crédits bancaires par rapport au PIB .Cet indice est très important car il permet d’évaluer l’importance des banques dans le financement de l’ économie d’un pays donné.

Au sens de Levine, l’hypothèse sous jacente des indices est que,plus chacun d’entre eux est grand au temps t ,plus rapide est la future croissance d’une économie .En d’autres termes ,plus le secteur financier est profond ( c’est à dire plus sa profondeur est grande ), plus le rôle la part su secteur privé dans le crédit intérieur est grande , plus le rôle des banques primaires est grand en comparaison de celui de la banque centrale , et plus le crédit en circulation dans les entreprises privés est grand par rapport à l’ économie globale , et plus le taux de croissance de l’ économie est élevé .
Il est crucial de rappeler que ces indicateurs cernent des caractéristiques spécifiques du secteur financier et reflètent le niveau global de sa taille .Ils ne disent rien de certains détails structurels et institutionnels jugés significatifs .

1-2-2-1-Analyse globale des maturités financières des PED
Le tableau 1 ci-après nous retrace l’état global du secteur financier des PED conformément aux critères d’évaluation proposés précédemment. Le tableau 2 tiré de l’étude de King et Levine [1993] nous permet de faire une comparaison relative à notre résultat.

Tableau 1 : Indicateurs de développement financier des PED (1)

1980 1985 1990 1995 1996 1997 1998 1999 2000
M2/PIB 0,29 0,31 0,33 0,38 0,38 0,41 0,44 0,47 0,48
PRIVE 0,79 0,73 0,73 0,74 0,75 0,71 0,69 0,69 0,69
PRIVY 0,27 0,30 0,32 0,32 0,32 0,35 0,35 0,34 0,34
BANQUE 0,65 0,65 0,76 0,79 0,78 0,77 0,76 0,78
BANCECO 0,37 0,37 0,37 0,38 0,41 0,4 0,44 0,43
(1) PED : L’échantillon est composé de 17 pays en développement dont Afrique : Algérie, Bénin, Cameroun, Madagascar ; Amérique latine :Argentine , Brésil , Equateur ,Mexique ; Asie :Chine ,Inde , Indonésie ,Thaïlande , Corée du sud.
Source : Calcul de l’auteur à partir du Statistiques Financières Internationales, FMI, 2002.

Tableau 2: Indicateurs de développement financier de King et Levine pour l’année 1985

Très Riche Riches Pauvre Très Pauvres
M2/PIB 0,67 0,51 0,39 0,26
PRIVE 0,71 0,58 0,47 0,37
PRIVY 0,53 0,31 0,20 0,13
BANQUE 0,91 0,73 0,57 0,52
Nb : Echantillon 29 pays
Source : King et Levine [1993].

Il ressort du tableau 1 que le secteur financier des PED dans l’ensemble est encore dans un état embryonnaire.
i)-Le degré de monétisation de l’économie (M2/PIB) n’a cessé de s’amplifier tout au long de la période d’étude (1980-2000) passant respectivement de 0,29 à 0,31 en 1980 et 1985 et respectivement de 0,38 et 0,48 en 1995 et 2000 .Il est important de noter que le niveau moyen de cet indicateur (pour l’année 1985) trouvé par Levine [1993] pour les pays très riches est de 0, 67 et 0,51 pour les riches, respectivement 0,39 et 0,26 pour les pauvres et les pays très pauvres
( Tableau 2). A partir de 1995, le niveau moyen de la profondeur financière des PED a dépassé le seuil critique de 0,365 (avancé par Varoudakis et Berthelemy [1998] au-delà duquel un pays est jugé avoir affranchi le premier stade du développement financier. Mais quoi qu’il en soit ce faible niveau d’approfondissement financier (profondeur financière) des PED reflète la faible taille de leur secteur financier qui malgré le développement du secteur bancaire reste encore fragile. L’hypothèse selon laquelle le taux de liquidité (M2/PIB) est un indicateur crucial du niveau de développement financier reste quand même critiquable [Fry ,1997] .Selon Fry, cet indicateur est une estimation correcte du développement de la finance dans des pays aux premiers stade de leur développement, du fait notamment du poids prédominant des banques dans le financement des entreprises et par le sous-développement des marchés financiers, ce qui n’est plus le cas des pays où les marchés financiers sont déjà largement avancés . En fait, dans des économies financièrement développées, il est probable que la vitesse de circulation monétaire tende à augmenter plus vite que la masse monétaire. Dans ce cas, le taux de liquidité pourrait négativement corrélé avec les évolutions du PIB, contrairement à ce que prévaut Levine .L’utilisation de cet indicateur pour les PED est à notre sens justifié par le fait qu’ils sont tous (même les pays émergents) des pays à « Economie d’endettement » où la monnaie et la quasi –monnaie occupent une part non négligeable de la masse monétaire et où les Banques prédominent.
ii)-L’indicateur PRIVE (Crédit au secteur privé /Crédit intérieur) montre une importance capitale du secteur privé. En effet, le secteur privé accapare presque deux tiers ou plus des crédits intérieurs dans les PED passant de 0,79 en 1980 à 0,73 de 1985 à 1990 et 0,69 en 2000.Notre résultat ne cadre pas vraiment avec les résultats de King et Levine [1993], qui montrent que les pays pauvres et très pauvres censés représentés les PED ont eu un indice PRIVE respectivement de 0,47 et 0,37 en 1985 .Dans notre cas, cet indice est 0,73 en 1985 .Cette différence est attribuée d’une part à la faiblesse de notre échantillon,d’autre part aux pays qui composent l’ échantillon.
iii)-L’analyse de la variable PRIVY (Crédit privé /PIB) montre une tendance croissante tout au long de la période considérée passant de 0,27 à 0,30 entre 1980 et 1985 et respectivement de 0,32 à 0,34 entre 1990 et 2000 .A titre de comparaison, dans l’étude de King et Levine [1993], cet indice est de l’ordre de 0,20 et 0,13 respectivement pour les pays pauvres et très pauvres en 1985 et respectivement 0,53 et 0,31 pour les pays très riches et les pays riches.
iv)-La variable BANQUE (Crédit bancaire/ Crédit bancaire plus créances internes de la Banque centrale) a enregistré une quasi-stabilité à partir de 1996 après la tendance croissante amorcée depuis 1985 .Les Banques ont assuré ainsi 65% des actifs financiers internes des PED en 1985 et respectivement 76 % et 0,78% en 1995 et 2000.Ce fait corrobore bien le fait que ces pays sont des pays à « Economie d’endettement ».Le fait que les Banques assurent presque deux tiers des actifs internes des PED est un signal fort de l’importance du secteur bancaire dans les PED , ce qui ne réduit pas forcement la marge de manœuvre de la Banque centrale . Dans une « Economie d’endettement », la maîtrise des variables de contrôle de la politique monétaire par la Banque centrale est de plus en plus certain (on ne tient pas compte des autres paramètres exogènes).
v)-La variable BANCECO (Crédit bancaire /PIB) a suivi une tendance à la hausse 1985 à 1998 passant de 0,37 à 0,4 avant de se stabiliser à 0,44 et 0,43 respectivement en 1999 et 2000 .

A noter que ces chiffres sont à interpréter avec précaution car les disparités du niveau de développement financier, les structures économiques et les cadres institutionnels ne sont pas les mêmes dans l’ensemble des PED .Ce qui nous amène à une analyse régionale de l’évolution de ces indicateurs.

1-2-2-2-Analyse régionale des maturités financières des PED
L’analyse globale du niveau de développement financier des PED ne nous permet pas vraiment d’avoir une vision claire et nette de chaque région .Il importe ainsi de prolonger l’analyse en termes régionale. Les tableaux 3-4-5 ci- après nous retracent l’évolution de ces indicateurs pour trois groupes de régions à savoir l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie qui constituent les principales délimitations régionales de notre étude.

Afrique
Le secteur financier de l’Afrique, d’après ce qu’on entend partout dans les études et différents rapports des organismes internationaux, gouvernementaux et paragouvernementaux est déficient, mal -organisé et très segmenté. La Banque mondiale [Ibid,p.21] note ainsi : « Des marchés efficaces sont particulièrement nécessaires en Afrique où le développement du secteur financier est inégal, la réglementation commerciale excessive, l’accès au crédit limité surtout dans les zones rurales et l’intermédiation financière moins répandue que dans n’importe quelle région du monde ».
En nous référant au tableau 3 ci-après, ce constat semble être confirmé rien qu’en comparant l’indice d’approfondissement financier à ceux des autres PED.


Tableau 3: Indicateurs de développement financier de l’Afrique (1)

1980 1985 1990 1995 1996 1997 1998 1999 2000
M2/PIB 0, 32 0,34 0,26 0,24 0,22 0,24 0,24 0,26 0,26
PRIVE 0,86 0,79 0,75 0,47 0,52 0,50 0,55 0,69 0,69
PRIVY 0,32 0,33 0,23 0,08 0,08 0,06 0,07 0,08 0,08
BANQUE 0,70 0,63 0,62 0,65 0,64 0,65 0,67 0,70
BANCECO 0,35 0,27 0,18 0,17 0,16 0,18 0,19 0,17
(1) : Algérie, Bénin, Cameroun, Madagascar.
Source : Calcul de l’auteur à partir du Statistiques Financières Internationales, FMI, 2002.

En effet, l’indice de la profondeur financière ( M2 /PIB) de l’Afrique a passé de 0,32 en 1980 à 0,34 en 1985 et respectivement 0,24 et 0,26 en 1995 et 2000.
Parallèlement, l’indice PRIVE a passé de 0,86 en 1980 à 0,79 en 1985 et 0,69 en 2000.
La variable PRIVY a enregistré une forte régression durant la période d’étude passant de 0,32 en 1980 à 0,08 en 1995 et 2000. La forte baisse de cette variable est attribuée à l’importance grandissante du secteur public (gouvernemental) dans ce continent.
La variable BANQUE mérite une attention particulière. L’examen relatif à l’évolution de cette variable montre une grande importance des banques vis-à-vis da la banque centrale. Les banques ont assuré environ 70 % des actifs financiers internes en Afrique (l’échantillon) en 1985 et respectivement 62% et 70% de ces actifs en 1995 et 2000. Paradoxalement, cette valeur (surtout en 1985 et depuis 1998) est très proche du niveau trouvé par King et Levine [1993] pour les pays riches (0,73) en 1985 (voir tableau 9) et loin du niveau correspondant aux pays pauvres et les pays très pauvres qui a été respectivement de 0,57 et 0,52. Dans notre cas, cette valeur est de 0,70
(en 1985 ), largement supérieure à celle de King et Levine pour les pays pauvres et très pauvres en 1985.Cette différence est justifiée par l’importance des Banques d’ Etat dans les pays qui composent notre échantillon pendant les années 1980 et le début des années 1990. Dans les pays comme le Cameroun, Madagascar, Bénin et Algérie, l’Etat a toujours occupé une place capitale dans le secteur bancaire .Les nationalisations successives des années 1970 et 1980, ont fait que l’Etat était devenue acteur principal du secteur bancaire comme résultat explosion des crédits bancaires et des financements des grands programmes d’investissement à outrance (Comme le cas de Madagascar vers la fin des années 1970 et début 1980). Le niveau élevé de l’indice Banque (Environ 0,65 ou plus) enregistré depuis 1996 reflète l’assainissement et la bonne santé du secteur bancaire du continent à cause de la privatisation du secteur qui a fait explosé les crédits intérieurs mais aussi et surtout la maîtrise des crédits de la Banque centrale dans l’économie (financement du déficit).
La baisse tendancielle de l’indice BANCECO (passant de 0,35 en 1985 à 0,18 en 1995 et 0,17 en 2000) confirme la diminution relative du rôle des banques dans l’économie.

Amérique latine
Les pays de l’ Amérique Latine sont réputés pour l’instabilité de leur secteur financier. La crise d’endettement international des années 1980 a fait sa gestion en Mexique avant de faire une tache d’huile dans les autres PED de la région, de l’Afrique et de l’Asie. Les crises successives des années subséquentes : crise Mexicaine de 1994, crise brésilienne de 1998, crise de la dette souveraine de l’équateur de 1998, crise de l’Argentine de 2002 reflètent la fragilité financière permanente de ces pays qui évidement nous renvoie à l’analyse du niveau de développement de leur secteur financier (Tableau 4).


Tableau 4 : Indicateurs de développement financier de l’Amérique latine (1)

1980 1985 1990 1995 1996 1997 1998 1999 2000
M2/PIB 0,22 0,17 0,19 0,26 0,26 0,28 0,28 0,28 0,27
PRIVE 0,73 0,52 0,55 0,86 0,83 0,74 0,70 0,65 0,68
PRIVY 0,19 0,15 0,18 0,25 0,21 0,23 0,24 0,24 0,23
BANQUE 0,55 0,55 0,79 0,85 0,89 0,84 0,81 0,81
BANCECO 0,18 0,24 0,28 0,26 0,29 0,29 0,30 0,29
(1) : Argentine, Equateur, Brésil, Mexique
Source : Calcul de l’auteur à partir du Statistiques Financières Internationales, FMI, 2002.
A priori, l’examen rapide relatif au tableau 4 indique un faible niveau de monétisation de l’économie, une forte implication du secteur privé et du secteur bancaire dans l’économie.
L’indice relatif à la profondeur financière (M2 /PIB) est faible, avoisine même le niveau de l’Afrique .Cet indice passe ainsi de 0,22 en 1980 à 0,26 en 1995 et 0,27 en 2000.Les pays d’Amérique latine sont alors des pays à faible niveau de monétisation .Ce faible niveau de monétisation reflète la réticence de la population à détenir des actifs liquides vue l’hyperinflation et les désordres monétaires qui caractérisent ces pays. Les gens ont tendance ainsi à détenir des actifs moins liquides et les transformer en actifs liquide en cas de crise comme a été le cas en 2002 en Argentine. A titre d’illustration, cet indice a été de 0,24 en 1980 en Argentine, 0,11 en 1990 et 0,31 en 2000 .Dans la même période, il a été respectivement 0,11 et 0,25 en 1980 et 1985 au Brésil et 0,28 en 2000.
L’indice PRIVE ( Crédit au secteur privé / Crédit intérieur) montre une importance capitale du secteur privé malgré une forte régression enregistrée entre 1980 et 1990 .Cet indice a passé de 0,73 en 1980 à 0,55 en 1990 et 0,67 en 2000 .
Parallèlement, la variable PRIVY (Crédit privé /PIB) a enregistré un résultat médiocre (en déca de la moyenne des PED et légèrement au dessus de l’Afrique). Cet indice a passé ainsi de 0,19 à 0,15 en 1980 et 1985 et de 0,25 à 0,23 en 1995 et 2000 alors que la valeur moyenne de l’ étude de King et Levine [1993] a été respectivement 0,20 et 0,13 pour les pays pauvres et très pauvres en 1985 .
La variable BANQUE montre le rôle capital du secteur bancaire vis-à-vis de la Banque centrale. Cette variable a passé de 0,55 à 0,79 de 1985 à 1995 et 0,81 en 2000.La stagnation de cette variable observée entre 1985 et 1990 est attribuée à la réticence des banques à financer les activités économiques dans les PED suite à la crise d’endettement international qui a fait naître des créances douteuses dans la majorité des PED surtout en Amérique latine (dont les pays de l’échantillon).
La faible valeur de la variable BANCECO reflète le fait que les secteurs bancaires de ces pays ne sont pas vraiment dynamiques.

Asie
Ces deux dernières décennies, le continent asiatique (surtout les pays émergents ) se différencie de d’Afrique et de l’Amérique latine par le dynamisme spectaculaire de leur secteur financier conjugué au développement spectaculaire du secteur réel. Ces pays ont dégagé un taux de croissance moyen de plus de 6% et plus de 10 % pour la chine durant la dernière décennie et de nos jours .Mais la crise asiatique de 1997 est un signal fort de la fragilité financière de ces pays. Crise attribuée souvent au phénomène de Péché Originel d’Eichengreen et Hausmann [1999,2003] et l’Arrêt Brutal (Sudden Stopps) de Calvo [1998, 2004] , elle trouve avant tout sa source dans l’ état d’avancement de leur secteur financier ( Tableau 5).

Tableau 5 : Indicateurs de développement financier de l’Asie (1)

1980 1985 1990 1995 1996 1997 1998 1999 2000
M2/PIB 0,32 0,42 0,54 0,63 0,66 0,72 0,80 0,86 0,90
PRIVE 0,77 0,87 0,88 0,90 0,90 0,88 0,83 0,72 0,70
PRIVY 0,31 0,41 0,56 0,63 0,67 0,75 0,75 0,71 0,70
BANQUE 0,71 0,78 0,86 0,87 0,82 0,81 0,81 0,84
BANCECO 0,46 0,59 0,66 0,70 0,78 0,81 0,82 0,83
(1) : Inde, Chine, Indonésie, Corée du Sud, Thaïlande.
Source : Calcul de l’auteur à partir du Statistiques Financières Internationales, FMI, 2002.
En nous referant au Tableau 4, on constate que la profondeur financière (M2/PIB) de l’Asie (l’échantillon) est déjà largement avancé .Ce qui signifie un niveau de monétisation élevé de l’économie .Cette variable a presque triplé de valeur en 20 ans passant de 0,32 en 1980 à 0,63 en 1995 et 0,90 en 2000.Ce niveau elévé de l’indice approfondissement financier met en lumière l’ état d’avancement et la dynamique considérable du secteur financier de l’ Asie
( pays émergents de l’ Asie ).Le niveau d’après 1996 ( 0,66 et plus ) avoisine ou dépasse même le niveau de profondeur financière des pays riches ( 0,51 ) et des pays très riches ( 0,67 ) relatif à l’ année 1985 [King et Levine ,1993] .
A titre d’illustration, à noter que cet indice a passé de 0,37 à 0,42 de 1980 à 1990 en Inde et 0,56 en 2000 .En chine , il a passé de 0,36 à 0,80 de 1980 à 1990 et 1,52 en 2000 .En Indonésie ,Corée du Sud et Thaïlande , il est passé respectivement de 0,16 ; 0,33 et 0,38 en 1980 à 0,40 ; 0,38 et 0,70 en 1990 , enfin 0,57 ; 0,79 et 1,05 en 2000.Se referant à ces valeurs , on peut déduire que la chine et la Thaïlande sont des pays largement monétisé par rapport à la Corée du sud , l’ Indonésie et l’Inde. Toutefois, ils représentent tous un indice jugé significatif largement au dessus du seuil minimal de développement financier de 0,365 avancé par Varoudakis et Berthelemy [1998].
L’analyse des variables PRIVE et PRIVY font ressortir une importance capitale et une forte implication du secteur privé dans l’économie. L’indice PRIVE passe ainsi de 0,77 à 0,88 de 1980 à 1990 et 0,70 en 2000. Ce secteur englobe alors presque deux tiers ou plus même des crédits intérieurs. On voit bien la dynamique du secteur privé dans ce continent .L’indice PRIVY a aussi enregistré une performance remarquable passant de 0,31 à 0,56 de 1980 à 1990 et 0,70 en 2000.
En ce qui concerne la variable BANQUE ,la dynamique du secteur bancaire est remarquable .Cet indice a passé de 0,71 à 0,86 de 1980 à 1995 et 0,84 .La crise asiatique de 19997 a affecté d’une manière moins significative le secteur bancaire car l’indice Banque a passé de 0,87 en 1996 avant la crise à 0,81 en 1997 pendant la crise et s’est stabilisé à 0,81 pendant les deux années qui ont suivi la crise c'est-à-dire en 1998 et 1999 .La valeur élevée de cet indice Banque ( supérieure à 0,70 ) pendant la période d’étude reflète bien la forte implication du secteur bancaire dans ces pays et son rôle capital vis-à-vis de la Banque centrale.
La dynamique du secteur bancaire est confirmée si on analyse l’évolution de la variable BANCECO .Cet indice a passée ainsi de 0,46 à 0,66 de 1985 à 1995 et 0,83 en 2000 .


En bref , en nous référant aux tableaux 3-4-5, parmi les PED ,les pays de l’ Asie mènent la cadence en matière de développement financier , suivi de l’ Amérique latine et de l’Afrique qui comme toujours termine la marche. L’indicateur relatif à la profondeur financière ( M2/PIB ) ,les indices BANQUE et BANCECO corroborent ce constat. La supériorité asiatique est nette devant les résultats moyens de l’Amérique latine et la performance médiocre de l’Afrique. Si les indicateurs directs de développement financier montrent une nette différence entre ces trois régions, l’analyse des deux autres indicateurs indirects à savoir le PRIVE (Crédit privé / Crédit intérieur) et le PRIVY (Crédit privé / PIB) ne nous permet pas de faire une conclusion nette. Une analyse approfondie de l’évolution de ces deux variables nous permet quand même de confirmer la classification précédemment.


1-2-3-Indicateurs relatifs au marché boursier

Compte de tenu de l’importance du développement spectaculaire des marchés boursiers dans certains PED (quelques pays émergents d’Asie et d’Amérique latine, quelques pays d’Afrique) il s’avère capital d’intégrer dans notre analyse deux nouvelles variables : la capitalisation boursière et le turnover. Ces variables permettent d’évaluer la taille et la liquidité du marché. Levine et zervos [1996] ont été les premiers à avoir développé suffisamment cette approche.
i)- Le Ratio de capitalisation boursière sur le PIB ( CapBour/PIB ) permet d’évaluer la taille du marché .La capitalisation boursière est égale à la valeur totale de tous les titres inscrits . Pour Levine et Zervos , la taille du marché boursier est positivement corrélée avec l’ habilité à mobiliser le capital et à diversifier le risque.
ii)-Le Turnover (TURN) est le taux de rotation en volume c'est-à-dire le rapport des transactions en volume sur la capitalisation boursière en volume. Cette mesure complète aussi la mesure concernant la taille car un marché peut être important mais inactif.
Constatant l’importance de la libéralisation financière dans les pays émergents, et faute de données statistiques suffisantes permettant de calculer ces indicateurs, nous nous limiterons ici aux données de Levine et Zervos de 1996.
Le tableau 6 ci-après met en évidence l’évolution de ces indicateurs pour certains pays émergents.

Tableau 6 : Indicateurs du marché boursier des pays émergents

CapBour/PIB Turnover
Avant Après Avant Après
Argentine 0,0115 0,0658 1,167 3,395
Brésil 0,0565 0,3268 4,361 3,790
Mexique 0,0762 0,2894 7,477 3,561
Philippines0,0712 0,2457 4,513 2,015
Thaïlande 0,0682 0,4172 6,213 0,8561
Inde 0,0749 0,2397 5,059 3,343
Pakistan 0,0581 0,1620 0,720 1,474
Jordanie 0,4205 0,5714 0,607 2,026
Source :Levine et Zervos ,1996.
Ce tableau montre que l’intégration financière a permis d’augmenter la capitalisation boursière des marchés émergents surtout dans des pays comme la Thaïlande, la Jordanie et le Brésil où elle (la capitalisation boursière) a déjà enregistré un score significatif .Toutefois, l’évolution de l’indicateur TURNOVER dans des pays comme le Brésil, le Mexique, le Philippines, la Thaïlande et l’Inde reflète le manque de dynamisme de ces marchés. Certains pays émergents n’ont pas pu alors dynamiser les transactions au sein de leurs bourses de valeur mobilières de façon à ce que les taux de transactions suivent le rythme de croissance de la capitalisation. Ce fait s’explique par le faible pouvoir de financement du marché financier. Une étude de la Banque Européenne de l’Investissement [2006] a pu montrer la situation globale des PED mettant en exergue les indicateurs relatifs au Turnover et à la capitalisation boursière comme le montre le tableau 7 .

Tableau 7 : Indicateurs du marché boursier des PED et des autres pays (en % )


Afrique Asie Amq lat PaysMed UE 25 UE8 EU
TURNOVER
36,1 90,4 23,7 107,4 93,3 41,7 169,1
CapBour
Privé/PIB 9,7 11,4 6,7 nd 39,4 4,9 106,8
CapBour
Publiq
/PIB 36,4 16,9 25,9 42,5 47,1 29,3 44,1
Note : Amq lat : Amérique latine, PaysMed : Pays de la Mediterannée, UE : les 25 pays membres de l’ Union Européenne, U8 : Les huit pays de l’Europe centrale et orientale qui ont adhéré l’Union Européenne en 2004, EU : Etats-Unis.
Source : Banque Européenne d’Investissement ,2006 , Tendance économique dans les pays partenaires (p.19).
L’examen relatif à ce tableau montre une forte dynamique du marché boursier des pays de la Mediterannée et asiatique présentant un taux de rotation respectif de 107,4% et 90,4% avoisinant ou dépassant même la performance des 25 pays de l’Union Européenne .Chose surprenante, l’ Afrique dépasse même l’Amérique latine en matière de capitalisation boursière ( privée ou publique ) mais aussi en matière de rotation des valeurs mobilières (Turnover).La performance globale des PED ( Asie, Amérique latine , Afrique , Pays de la Mediterannée ) est comparable à celle des huit nouveaux membre de l’ Union Européenne ( UE8).Il est quand même important de noter que ces indicateurs reflètent largement la situation des pays émergents parmi les PED mais non pas de l’ensemble des PED .Le résultat significatif de l’ Afrique est alors biaisé par la performance de l’Afrique du Sud. La dynamique de l’Asie et de l’Amérique latine est attribuée aux pays émergents de ces deux continents.

Si les indicateurs relatifs au secteur financier présentés jusqu’ici permettent d’avoir une vision d’ensemble de son état d’avancement, ils ne fournissent pas des informations fiables quant à sa solidité .

1-2-3-Indicateurs de solidité du secteur financier des PED
Les indicateurs proposés précédemment ne permettent pas d’évaluer la solidité du secteur financier. Ce sont des indicateurs relatifs à la taille et à la liquidité réelle de l’économie. N’est-il pas alors capital de proposer d’autres indicateurs permettant d’évaluer la solidité du secteur financier du pays en question ? Trois indicateurs à savoir le rendement de l’ actif , le Ratio prêts non productifs sur le total des prêts , le capital réglementaire rapporté à l’ actif pondéré en fonction des risques permettent d’évaluer cette solidité du secteur financier comme le montre le tableau 8 ci- dessous .

Tableau 8 : Indicateurs de solidité du secteur bancaire des PED ( en %)

Rendement de l’actif Prêts non productifs sur total des prêts Capital réglementaire sur actif pondéré en fonction des risques
2002 2003 2004 2002 2003 2004 2002 2003 2004
PaysEmerg Asie 0,8 0,9 1,3 15,5 13,1 10,8 13,8 14,31 14,3
Amérique latine -1,3 1,3 1,6 12 9,6 6,9 13,7 14,7 16,1
Moyen Orient 1,2 1,2 1,5 14,7 14,3 13,4 15,2 14,9 14,6
Afrq Subsahar 2,1 3,1 3,1 16,9 14,6 13,3 17,7 16,6 16,9
Source : FMI , Global Stabilty Reviw [ 2005 ].

L’examen relatif au tableau 8 montre que le secteur bancaire des PED affiche des indicateurs agrégés de performance modeste. Ce fait reflète bien les conditions d’activité difficile et l’insuffisance de la pratique de gestion des risques. La faiblesse du rendement de l’ actif ,conjugué à l’importance des taux de prêts non productifs, malgré le résultat encourageant au niveau du ratio d’adéquation du capital ( capital réglementaire / actif pondéré en fonction des risques ) illustre la fragilité du secteur bancaire des PED .Une analyse approfondie de ce tableau permet d’avancer que le Moyen Orient et l’ Afrique Subsaharienne sont fortement exposés si on se réfère à l’indicateur relatif au prêts non productifs alors que l’ Amérique latine et les pays émergents d’Asie affichent une certaine stabilité .La tendance se renverse si on s’intéresse au rendement de l’ actif, une situation paradoxale car ces deux sous-régions
(Afrique subsaharienne et le Moyen orient) sont largement marginalisées par les créanciers privés pour des causes diverses.
Si on prolonge l’analyse dans le cadre des marchés financiers (tableau 9), on aperçoit que l’indicateur relatif à la volatilité des rendements boursiers affiche une performance notable dans tous les pays de l’échantillon à l’exception du Brésil et de l’Argentine qui ont connu une hausse de cet indicateur au cours de la période considérée (avant et après la libéralisation financière).

Tableau 9 : Volatilité des rendements boursiers des pays émergents

Volatilité des Rendements boursiers
Avant Après
Argentine 0,281 0,428
Brésil 0,184 0,428
Mexique 0,107 0,103
Philippines 0,070 0,069
Thaïlande 0,056 0,068
Inde 0,036 0,070
Pakistan 0,030 0,060
Jordanie 0,044 0,042
Source :Levine et Zervos , 1996 .

Tel qu'on a pu constater à travers les différents données et tableaux de cet article , le defi du secteur financier reste de mise dans les PED.Si la suprematie asiatique est une évidence , le reveil de l' Amérique latine et de l' Afrique se dessine à l' horizon .Mais le fossé qui separe les pays émergents et les PMA restent encore une évidence dans les trois régions des PED ( Afrique , Asie et l' Amérique latine ).

jeudi 31 janvier 2008

vendredi 25 janvier 2008

HOLD UP A LA SOCIETE GENERALE:VENT DE PANIQUE QUI EBRANLE LA TROISIEME BANQUE FRANCAISE

HOLD UP A LA SOCIETE GENERALE : VENT DE PANIQUE QUI EBRANLE LA TROISIEME BANQUE FRANCAISE
Alors que les tempêtes et l’ouragan de la crise des Subprimes continuent de faire ravage partout aux Etats-Unis ,en Europe et l’ Asie , voilà un autre séisme vient ébranler la société générale .On apprend depuis hier ( 24 janvier 2008 ) que la Société Générale a été victime d’une fraude dissimulée d’un de ses Golden Boys ( courtier) en la Personne de Jérôme Kerviel ( formé à l’Université de Lyon 2 Master Finance ).Jerom Kerviel , d’après les dires de la Direction Générale , c’est un courtier de 31 ans qui entre dans la Boite ( Banque ) en 2000 . Il a travaillé pendant 5 ans dans l’organe de contrôle de la Banque (Back office ) avant d’être affecté à la salle de marché – organe qui assure la vente et les titres de la Banque .Notre intention n’est pas ici de faire un procès d’intention à ce jeune courtier hors paire mais de s’interroger sur l’ effectivité de cette accusation qu’on lui a fait subir ces derniers jours .
La société générale affirme avoir enregistrée une perte de dépréciation d’actif causée par la crise de supprime de l’ordre de 2 milliards d’euros , à cela s’ajoute les 4,9 milliards de perte relative aux fraudes orchestrées par ce courtier ( Jérôme Kerviel) depuis presque un an .Si la plupart des spécialistes s’accordent à dire qu’il est peu probable qu’il a pu agir seul ( au moins il y en a un ou des complices ) .La vraie question est de se demander comment serait il possible qu’un simple courtier de premier rang ( qui touche à peine 100000 euros par an avec commission ) arrive –t-il à dissimuler une somme astronomique de l’ordre de 50 milliards d’euros via la création d’une société fictive dans une grande banque comme la Société Générale. Etant spécialiste et un jeune doué de l’informatique qui a déjà travaillé pendant 5ans dans l’organe de contrôle de la Banque, ce jeune courtier a pu déjouer les rouages de contrôle de la Banque. Mais un problème surgit, effectivement Jérôme Kerviel a engagé une somme astronomique de l’ordre de 50 milliards d’euros arrivée à échéance le 19 janvier dernier. Découvrant la fraude, les responsables de la Société Générale ont décidé de liquider toutes les opérations relatives à cet engagement en vendant ces actions .Et voilà le problème, ça tombe mal puisque dans un contexte marqué par la crise des subprimes qui fait ravage partout, la défiance est de mise, il est normal alors de vendre à perte. Et c’est ce qui se produit, la Soc Gen a été obligée de vendre des actions qui valaient 50 milliards d’Euros (une somme qui dépasse même le fonds propre de la Banque !!!! ) à un Prix de 45 milliards d’euros dans une ambiance morose de marché financier et du secteur bancaire. Précisons que si elle a ( Société Générale ) vendu ces actions dans un contexte de stabilité des marchés , la Banque aurait pu gagner des plus values de l’ordre de 5 milliards d’euros ou plus même .5 milliards d’Euros , c’est presque le bénéfice annuel de la Société Générale , presque la moitié du Budget de l’ enseignement supérieur en France ( 12 milliards d’euros en 2008 ) , 1/ 8 du déficit budgétaire de la France en 2008 ( 43 milliards d’euros ) , donc c’est de l’ argent qui peut faire quelque chose .Malheur alors à ce jeune courtier très doué qui manque évidement de rigueur professionnel ( il ne s’est pas enrichi dit-on de cette manipulation juste le plaisir de déjouer et contourner le système de contrôle de la Banque ).Tel qu’on l’a vu, les systèmes de contrôle et le système de sécurité des grandes banques ne sont pas alors infaillibles .Il y a encore des failles quelques part .C’est l’affaire des riches dit-on du coté des pauvres et c’est vrai .Rappelons que les petits clients de la Banque n’auront rien à craindre à cause de ce vent de panique. En France en vertu de la loi de 1999 , les dépôts bancaires sont assurés jusqu’à hauteur de 70000 euros et en cas de force majeur , la Banque de France est là pour sauver la mise.
Quoi que l’on dise, on sait que ces courtiers ( Golden Boys ) ont été formés et se réfèrent régulièrement à la Théorie de choix de portefeuille de Harry Markowitz ( Prix Nobel de l’ économie 1990 ).Cette théorie stipule que le choix d’un titre dépend moins de l’ analyse fondamentale de l’entreprise émettrice que de la structure du portefeuille de l’ acheteur .Une théorie en tant que telle , elle n’est pas infaillible , surtout dans le monde de la finance moderne où l’incertitude est de mise ( là le traité de probabilité de Keynes est encore d’actualité ). C’est pas étonnant qu’on a pu constater les suicides des Golden Boys ou les Gestionnaires des Hedgs Funds ( investissurs institutionnels-fonds d'investissements) quand les choses vont mal .On espère que ce jeune courtier ne va pas passer à quelque chose de tragique de ce genre .
C’est le risque du métier, c’est vrai que la Société Générale va dégager seulement 600 ou 700 millions d’ Euros de Bénéfice durant l’exercice 2007 au lieu de 5 milliards et plus qu’elle a eu l’habitude de rafler .Un des grands soucis des dirigeants de la Banque (Société Générale) est d’etre rachetée par une autre. Le plan de sauvetage d’augmentation de capital de l’ordre de 5, 5 milliards d’euros évoqué hier ( jeudi 24 janvier 2008 ) montre bel et bien qu’elle tient le coup , jusqu’à preuve du contraire .Dans le monde de la finance , la théorie de Lavoisier : « Rien ne se perd , rien ne se crée ,tout se transforme » est presque vérifiée .Les pertes de 7 milliards d’ Euros de la Banque Société Générale et celles de 300 milliards de dollars ( 214 milliards d’euros alors que le budget de la France est estimé à 276 milliards d'euros en 2008) au niveau mondial à cause de la crise des Subprimes 5 ( et qui continuent encore de faire ravage)ne disparaissent pas , cette somme a juste changé de portefeuille . C’est la loi en la matière : « il faut un gagnant, il faut un perdant » comme dans la vie de tous les jours.
Alors on attend le prochain séisme du marché financier et du secteur bancaire. A qui le tour ?Ce sera pas en Afrique ni à Madagascar mais en Europe , aux Etats – Unis et l’ Asie .Comme d’habitude , l’ Afrique reste encore spectateur du monde de la finance en pleine mutation qui reste encore l’ affaire des GRANDS !!!!QUI PEUVENT DEVENIR PETIT OU DISPARAITRE D’UN COUP .

mercredi 23 janvier 2008

CRISE DIT-ON !

CRISE DIT-ON !
1-Crise financière inévitable
Les événements et les tempéraments des marchés financiers, les places financières , les secteurs bancaires aux Etats-Unis, en Europe et dans les principales places financières asiatiques montrent qu’une crise financière est entrain d’ébranler l’économie mondiale. Si pour certains, il est encore trop tot de confirmer qu’une crise se profile, pour les autres elle est déjà là. Rappelons qu’à la différence des crises financières récentes (crise mexicaine de 1994, asiatique de 1997, russe de 1998 , Argentine de 2001 , la crise de LTCM de 2000-2001 , la crise d’aujourd’hui touche principalement les Etats-Unis –la première puissance économique mondiale .La contagion de la crise dans les autres régions du monde ( Europe , pays émergents d’Asie ) est déjà une évidence. Les turbulences et la nervosité ressenties au niveau des principaux marchés financiers européens ( Londres, Paris ) et asiatique ( Hong kong , Shangai ,Bombay) avant-hier ( 21 janvier ) qui se sont calmées un peu hier (22 janvier )font preuve de l’interdépendance accrue de l’ économie mondiale. Comment serait-il possible qu’une crise des Supprimes (crédit immobilier aux Etats-Unis ) affecte-t-elle les marchés financiers des autres pays et régions à des milliers de kilomètre du foyer de la crise ?Rappelons que le plan de relance ( crédit d’impôt et dons gouvernementaux ) de l’ordre de 140 milliards de dollars US proposé par le Président Georges Bush ,jugé insuffisant par les analystes financiers ( donc du marché financier ) qui a déclenché ce vent de panique de ces derniers jours. La décision de la FED de réduire de trois quart de points de base son principal taux (taux directeur dans le langage courant) a calmé un peu la nervosité des marchés financiers, mais la suite ( le future) reste incertain.En Grande Bretagne ,le crédit de 30 milliards d'Euros de la Banque d'Angleterre pour sauver la faillite du Nothern Bank est dejà la preuve tangible de la gravité de cette crise.Au niveau mondial , on estime qu'environ 300 milliards de dollars ( 214 milliards d'euros soit environ 77,5% du budget annuel de la France : 276 milliards d'euros en 2008) se sont dejà évaporées suite à cette crise dont la portée reste encore inconnue jusqu'à ce jour. Une chose est sure , l’ économie américaine entre en récession ,mais le problème est justement de savoir l’ ampleur de cette récession .Cette récession américaine va affecter l’économie mondiale tout entier , l’ Europe , l’Asie ,l’ Afrique mais ce sont les pays qui entretiennent une relation économique privilégiée avec les Etats-Unis( lien commerciale , et financier : zone dollar ) qui seront les plus touchés.
L’analyse de l’importance de cette crise dans les pays développés peut être appréhendée via l’examen du taux d’intermédiation financière (rapport entre le crédit bancaire / crédit intérieur total). D ‘après Boutiller et Bricongne [2006] , en France, le taux d’intermédiation financière au sens strict (hors crédits des OPCVM et des sociétés d’assurasse) est passé de 54% à 39 ,5% de 1994 à 2004. Ce taux est passé de 55,4% à 40 ,4 % respectivement en 1994 et 2004 si on tient compte des crédits des OPCVM et des sociétés d’assurance. Le taux d’intermédiation au sens large quant à lui est passé de 76 ,2% en 1994 à 58 ,8% en 2004 .L’économie française est donc une économie de marchés financier si on se réfère au taux d’intermédiation au sens strict (intermédiation bancaire) mais elle est une économie d’endettement si on tient compte du taux au sens large.
La situation des quatre autres pays riches (Etats –Unis, Royaume Uni, Allemagne, Espagne) mérite d’être mentionnée .Limitant l’analyse au taux d’intermédiation au sens strict ( intermédiation bancaire ), les Etats-Unis et le Royaume Uni sont déjà classés dans l’économie de marché financier, toutefois, cette affirmation est à relativiser car ils ne sont pas vraiment loin de la valeur frontière de 1/2 qui délimite notre classification En effet , le taux d’intermédiation financière des Etats-Unis et du Royaume Uni ont passé respectivement de 33,6% , 33 ,8% en 1994 à 42,9% et 38,9% en 2000 . En 2004, ce taux a été respectivement 47,7 % et 46,2% .L’Allemagne et l’Espagne par contre sont des pays qui méritent de figurer dans les pays à « Economie d’endettement» .Un taux d’intermédiation financière de 69,6% en 1994 ; 73,4% en 2000 et 68 ,6% en 2004 a fait de l’Allemagne le premier pays le plus intermédié parmi les pays les plus riches. L’Espagne avec un taux de 46,1% en 1994 ; 50,6 % en 2000 et 60,2% en 2004 n’en reste pas loin. Les pays qui affichent un taux d’intermédiation financière au sens strict (intermédiation bancaire ) important sont les pays qui risquent de subir le plus de désordre de la crise actuelle.

La question qui nous préoccupe ici alors, c’est de savoir le lien existant entre le secteur financier et le secteur réel de l’économie ? Comment le secteur financier influe-t-il le secteur réel de l’économie ?Y- a-il une relation univoque entre ces deux secteurs ?Limitant l’ analyse au niveau théorique , notre démarche essaie juste d’avancer les principaux débats existants sur ce sujet dont le but principal reste l’éclaircissement d’un sujet peu évoqué dans les cercles de discussion et de réflexion comme les notres , mais qui occupe une place centrale dans le fonctionnement de notre société de plus en plus financiarisée qu’on le veule ou non. Les économistes sont partagés quant à l’existence ou non d’un lien de causalité ou de corrélation entre le secteur financier et le secteur réel de l’économie.
2-Secteur financier et secteur réel : Quelle relation ?

L’analyse de l’interaction du développement du secteur réel (à travers la croissance économique) et celui financier est un débat vieux de plus d’un siècle. La question posée est alors de savoir: « Est-ce que le secteur financier qui tire et influence le développement du secteur réel ou c’est l’inverse qui se produit ? ».
Walter Bagehot [1873] et Shumpeter [1911] ont été les premiers à mettre en évidence l’existence d’un lien entre la croissance économique et le développement financier. Trois positions marquent le lien entre le système financier et croissance économique.

i)-Le secteur financier influe positivement sur la croissance économique
Ce premier groupe d’auteurs pense que le système financier a un impact positif sur la croissance économique. Il s’agit des auteurs comme Walter Bagehot [1873] et John Hicks [1969] qui ont montré le rôle critique qu’a joué le système financier dans l’essor de l’industrialisation en Angleterre en facilitant la mobilisation du capital .Schumpeter [1911] soulignant l’importance des banques via l’innovation technologique et le financement des entrepreneurs s’inscrit aussi dans le même ordre d’idée que Bagehot.
Les travaux de Gurley et Shaw [1960] (en approfondissant le rôle du secteur financier dans le processus de croissance économique) et Gerschenkron [1962] (qui a focalisé ses recherches dans l’analyse des écarts de développement par les différences du système bancaire) ont éclairé la voie dans recherche de l’existence du lien entre le secteur financier et la croissance économique. Mais les travaux ultérieurs de Goldsmith [1969] reste une référence .Dans ses travaux, Goldsmith [1969], s’appuie sur des données en coupe international sur la période 1860 à 1963 pour régresser la croissance moyenne sur le développement financier défini par la taille du secteur d’intermédiation financière (mesurée par la valeur de ses actifs sur le PIB).
Plus tard, Shaw et Mac Kinnon [1973] insistant beaucoup sur la théorie de la répression financière , Diamong .D et Dybvig.P [1983], Bencivenga et Smith [1991] mettant en avant le rôle du secteur bancaire ont permis de renouveler cette approche .Bencivenga, Smith et Starr [1996] ,Greenwood et Smith [1997], Rousseau et Wachtel [2000] quant à eux ont montré que la liquidité du marché boursier est importante pour la croissance économique.
Récemment , les travaux de Levine et King[1993] , Levine [1997 ,2000, 2004 , 2005] font autorité et constituent même les bases de références fondamentales en matière de l’analyse de l’ interaction entre le développement financier et croissance économique .Ross Levine [1997] s’intéressant sur un échantillon de 77 pays sur la période 1960-1989 a essayé de prouver l’existence de lien formel entre le développement de la sphère réelle et la sphère financière . Même si son résultat n’est pas vraiment concluant , l’auteur trouve des corrélations substantielles entre certains indicateurs de la croissance économique et quatre indices de la maturité du secteur financier :i)- le ratio des passifs liquides du secteur ( monnaie en circulation et dépôts à vue ) par rapport au PIB , ii)- le rôle des banques primaires par rapport à la banque centrale ;iii)-la part du secteur privé dans le crédit intérieur ;iv)-les encours de crédit chez les entreprises privés par rapport au PIB. Levine constate également que pour 57 pays, le niveau initial (1960) du premier indice –passifs liquides/PIB prédit de façon significative les indicateurs de la croissance du PIB pendant les 30 années suivantes. On peut déduire aussi de l’étude de Levine qu’il n’est pas possible de prédire si le taux de croissance économique pourrait augmenter et le cas échéant de combien du fait des reformes financières entraînant certains changements spécifiques pour les principaux indices sectoriels. Mais les crises financières des pays émergents des années 1990 et des années subséquentes qui ont largement déstabilisé le secteur réel sont les preuves formelles de l’existence de lien de causalité entre le secteur financier et le secteur réel.
ii)-La croissance économique influe positivement le secteur financier
Le deuxième groupe d’auteurs au premier rang desquels figurent la Keynésienne Joan Robinson pense plutôt que c’est la croissance qui mène le système financier. Pour Robinson [1952] , le développement économique créerait des demandes de type particulier auxquelles répond le système financier en se développant . Le développement du secteur financier peut être donc interprété comme le résultat des demandes exprimées par le secteur productif. La causalité vu précédemment est alors inversée : le processus de croissance exige de nouveaux modes de financements, ce qui provoque le développement du secteur financier. Cette vision keynésienne de Robinson (qui s’oppose à la vision de Schumpeter qui accorde un rôle capital des banques) s’appuie sur le postulat selon lequel : « La où l’entreprise conduit, la finance suit ».La finance et les banques apparaissent alors comme étant des réponses endogènes à la demande exprimée par les agents économiques. Cependant, dans sa contribution de 1979, elle semble nuancer sa position qui se rapproche de la notion de pouvoir d’achat de Schumpeter. Elle reconnaît ainsi que la croissance peut être entravée par une insuffisance de crédit .Pour Robinson[1979] , une économie qui a atteint un certain degré de complexité a besoin de monnaie qui est la représentation abstraite du pouvoir d’achat à partir duquel des transactions peuvent avoir lieu. La vision de Robinson conduit en réalité à une causalité à double sens .Dans un premier temps, l’entreprise emprunte à une banque, puis lorsque le projet a porté ses fruits et accru les gains de l’entreprise, elle commence à émettre des actions ou des obligations et à rembourser l’emprunt à la banque, reconstituant ainsi son crédit pour pouvoir emprunter de nouveau. Le deuxième sens de la causalité se manifeste lorsqu’une proportion plus ou moins constante de l’investissement est financée, l’accroissement du taux d’investissement conduit à une augmentation des prêts bancaires. Ainsi, les crédits bancaires causent en premier lieu l’investissement lequel se traduit en retour par un accroissement du revenu national qui accompagne l’élévation du niveau d’investissement. Cette vision à double sens entre finance et développement réel conduit à considérer que Schumpeter avait partiellement raison.
iii)-Pas de causalité formelle entre le secteur financier et la croissance économique
Ce dernier groupe d’auteurs ne croit pas qu’il y ait une corrélation formelle entre système financier et croissance économique .Robert Lucas [1988] pense ainsi que le rôle des facteurs financiers dans la croissance est exagéré. Mayer [1988] quant à lui avance qu’un marché boursier développé n’est pas important pour le financement de l’entreprise. Stiglitz [1985,1999] corrobore ce constat affirmant que la liquidité des marchés financiers n’a pas d’impact sur le comportement des gestionnaires de compagnies et donc n’exerce pas un certain contrôle corporatif .La plupart des économistes du développement sont également sceptiques quant au rôle du système financier dans la croissance économique. Mais compte tenu du développement spectaculaire de la littérature sur la croissance endogène, certains auteurs comme Berthelemy et Varoudakis [1996] ont mis en évidence l’ambivalence de la relation entre développement financier et croissance. Le résultat de l’étude de ces deux auteurs débouche sur la non-linéarité entre un indicateur de développement financier et la croissance. Ils ont déterminé l’existence d’un seuil minimum de développement financier au-delà duquel il pourrait exister une causalité dans le sens finance vers croissance (ce pays passe ainsi d’un club de convergence à un autre).Cette corrélation peut être inversée ou négative dans le stade de maturité du secteur financier.

Dans le but de mieux appréhender notre analyse, se referant à la littérature dominante, l’approche développée par Levine [1993, 1997] sera adoptée ici. Dans une certaine mesure nous adoptons déjà alors la position de Levine et ses collègues selon laquelle : « Le secteur financier exerce une influence positive sur la croissance ».Mais cette position n’est pas formelle. Levine lui-même dans ces travaux a émis des doutes quant à la l’universalité de ce lien de causalité. Cette position nous permettra de proposer les indicateurs clefs de développement financier indispensable à notre analyse.


1-2-2-Indicateurs de maturité financière

Comme le note Aghion [2007, p.80] : « Dans son excellent revue de littérature dans le Handbook of Economic Growth, Ross Levine [2005] résume ainsi la recherche actuelle sur la finance et la croissance. Globalement ,l’ensemble des recherches actuelles suggère que les pays dont les banques et les marchés fonctionnent mieux se développent plus rapidement , les biais de simultanéité ne semblent pas affecter ces conclusions , une efficacité accru des systèmes financiers réduit les contraintes qui pèsent sur le financement externe des entreprises indiquent qu’il s’agit là d’un des mécanismes par lesquels le développement des marchés financiers influencent la croissance ».Levine à travers cette affirmation confirme l’ existence d’un lien de causalité formelle entre développement financier et croissance. Son article fondateur de 1997 a permis de tirer les indicateurs relatifs au développement financier.
Dans un article de 1997, le Professeur Levine Ross [1997] dans le but d’étudier la relation existante entre le développement de la sphère financière et la sphère réelle de l’économie a relevé quatre indices permettant d’évaluer le niveau de développement financier d’un pays. Ces indicateurs reflètent l’état de maturité financière d’un pays.

i)-La PROFONDEUR FINANCIERE : une mesure de la taille du secteur financier, donne le ratio des passifs liquides du secteur de la monnaie en circulation, plus des dépôts à vue et des passifs porteurs d’intérêts des banques et des intermédiaires financiers non bancaire sur le PIB (M2 /PIB).
ii)-La BANQUE :une mesure du rôle des banques primaires vis-à-vis de la banque centrale , donne la part des banques primaires dans le crédit intérieur total , c'est-à-dire la créance des banques primaires , plus les actifs internes de la banque centrale.
iii)-Le PRIVE :une mesure de la part du secteur privé dans le crédit intérieur, donne le ratio du crédit alloué aux entreprises privées, à l’ exclusion des entreprises d’Etat, par rapport au crédit intérieur total net du crédit octroyé aux banques .La Banque mondiale à travers ses interventions et les différents rapports accorde une importance particulière au développement du secteur privé .On peut lire ainsi dans le rapport annuel de la Banque mondiale [2007,p.21 ] : « Des marchés diversifiés efficaces et bien réglementés, ainsi qu’un cadre juridique et réglementaire favorable au secteur privé, permettant aux entreprises des microentreprises aux multinationales d’investir de manière productive , de créer des emplois et de se développer ».
iv)-Le PRIVY :une mesure de l’ importance du crédit au secteur privé dans l’ économie dans son ensemble , donne le ratio du crédit aux entreprises privées (comme dans iii) par rapport au PIB .
A ces quatre indices relevés par Levine, nous allons en ajouter un relatif aux banques que nous appellerons « Banceco ».
v)-Le BANCECO : C’ est le ratio des crédits bancaires par rapport au PIB .Cet indice est très important car il permet d’évaluer l’importance des banques dans le financement de l’ économie d’un pays donné.

Au sens de Levine, l’hypothèse sous jacente des indices est que,plus chacun d’entre eux est grand au temps t ,plus rapide est la future croissance d’une économie .En d’autres termes ,plus le secteur financier est profond ( c’est à dire plus sa profondeur est grande ), plus le rôle la part su secteur privé dans le crédit intérieur est grande , plus le rôle des banques primaires est grand en comparaison de celui de la banque centrale , et plus le crédit en circulation dans les entreprises privés est grand par rapport à l’ économie globale , et plus le taux de croissance de l’ économie est élevé .

Faute de données statistiques suffisantes et faute de temps , on n'a pas pu vraiment focaliser l' analyse dans le cadre pratique.Notre demarche a été justement d'avancer ce débat.

mercredi 16 janvier 2008

LE FINANCEMENT DES INSTITUTIONS DES BRETTON WOODS DANS LES PED:TENDANCE RECENTE

Bonjour chers (es)amis(es),Bonne année à vous tous .Je vous adresse d'abord mes meilleurs voeux pour 2008.
Je publie là un sujet jugé important vue la mainmise et l'implication des Institutions des Bretton Woods ( IBW) dans les PED.Simple reflexion basée sur les faits cet article est loin d'etre parfait .Alors je m'excuse d'avance sur les imperfections .Bonne lecture et encore BONNE ANNEE E !

LE FINANCEMENT DES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS ET LA POLITIQUE D’AJUSTEMENT STRUCTUREL DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT : TENDANCE RECENTE
Pour faire face aux défis de développement , la fragilité financière de toute sorte ( crises de la dette , crises financières ) , et fautes de solutions alternatives viables caractérisées par le sous développement du secteur financier et l’insuffisance ( manque de mobilisation ) des ressources intérieures , bon nombre des PED font appels régulièrement aux institutions des Bretton Woods-IBW (FMI ,IBW ) à défaut d’accès aux marchés financiers principalement réservés à quelques pays émergents et les pays riches .Si pour certains , les concours financiers des IBW sont incontournables et à l’origine même du décollage économique de certains pays ( émergents et quelques pays pauvres ) via l’assainissement des finances publiques et les différentes reformes de la Politique d’ Ajustement Structurel ( PAS ) , pour d’autres ces concours financiers n’ont rien apporté aux PED ,au contraire ils ( ces concours financiers des IBW) ont mis la plupart des PED sous tutelle financière de ces deux institutions et les ont mis dans une sorte d’assistanat financier à l’égard des IBW comme conséquence la perte quasi-intégrale de leur autonomie financière ( rigueur budgétaire ) et leur souveraineté monétaire ( dévaluations , mesures de politique de rigueur monétaires ).Notre intention n’est pas ici de refaire un débat connu de tous sur la faisabilité ou non des PAS ( Ajustement structurel de première génération des années 1980 et Ajustement Structurel de la deuxième génération : le Consensus de Washington depuis 1990) ni de refaire le bilan de la Politique d’Ajustement Structurel ( PAS ) mais de focaliser un peu l’analyse sur l’effectivité réelle des apports financiers des IBW. Cette approche nous permettra d’avoir une vision claire et nette de la situation des PED vis-à-vis des IBW mettant de coté les aprioris, les visions sectaires (moi je suis keynésien, l’autre (lui) il est libéral, etc.) et le fanatisme idéologique, ce qui n’empêche pas tout le monde d’avoir ses propres points de vue.


1-Les IBW et la politique d’Ajustement Structurel dans les PED


La majorité des Pays en Développement a été contraint de demander l’ assistance financière des IBW pour faire face à la crise d’endettement qui les ont secoué et pour assouplir leur situation financière . Pour faire face à la crise d’endettement des années 1980 et les années subsequentes qui, non seulement ont menacé la stabilité financière internationale, mais ont aussi menacé l’économie réelle, les Institutions de Bretton Woods (IBW) ont adopté une nouvelle politique qualifiée d’ajustement structurel. Cette politique d’ajustement structurel d’inspiration libérale prône, l’économie de marché, la rigueur budgétaire et monétaire. Dans leur intervention (stipulé par leur statut), si la Banque mondiale est tenue à intervenir dans le financement du développement et promouvoir la croissance, le FMI intervient dans le cadre de stabilisation macroéconomique. La Banque mondiale s’est beaucoup inspirée du modèle à double déficit ( RMSM ) dont l’objectif final est de maximiser la croissance potentielle du pays dans lequel elle intervient. Le FMI quant à lui, dans ses interventions s’est toujours inspiré ( globalement ) du modèle de l’Approche Monétaire de la Balance des Paiements (AMPB) de POLAK .
Mais les différents accords de partenariat et programmes qui se sont succédés ont mis la majorité des PED sous tutelle financière de ces deux institutions. Leurs politiques financières sont régulièrement cadrées par les conditionnalités des IBW. L’intervention chronique des IBW dans le cadrage macroéconomique et financier de la politique économique appliquée via la PAS en vigueur a réduit considérablement l’autonomie financière de ces pays. La tutelle financière des IBW sur les PED s’exerce à travers les conditionnalités .
Comme le note Shadow ( Voir Shadow Buon Governo-Shadow tafatafa ) : " Les conditionnalités sont les bases essentielles de toute négociation avec les IBW .Ces conditionnalités ont déjà existé depuis les années 1950 mais elles ont été renforcées dans les années 1980 dans le cadre de la Politique d’Ajustement Structurel. L'ère de l’Ajustement Structurel des années 1980 et 1990 a été marquée par un durcissement des conditionnalités. Le nombre moyen des conditionnalités a considérablement augmenté surtout avec la multiplication des conditions structurelles dont les Structural benchmarks , présentés de fait par les gouvernements des pays sous-programmes et les personnels des IBW comme critères de conditionnalités sans en avoir le statut .Pour le cas du FMI , en moyenne dans un programme , les conditionnalités structurelles sont passées de 3 au début des années 1980 à 15 à la fin des années 1990 [M Khan ,S Sharma , 2002,p.29] .Cette évolution qui fait sortir le FMI de son champ traditionnel est expliquée comme le résultat de la faiblesse de la Banque dans les programmes sectoriels censés être appuyés par cette dernière [ C Chavagneux ,2001, p .165] ".Durant ces deux dernières décennies, la doctrine idéologique des IBW est influencée par deux courants de pensées à savoir la Nouvelle Economie Classique –NEC (New Classical Economics) et la Nouvelle Economie Politique –NEP (New Political Economics) .La Nouvelle Economie Classique est fortement influencée par le spécialiste de l’ « Anticipation rationnelle » R Lucas [1995] ( prix nobel 1995) ,Barro [1983] , Kydland et Prescott ( macroéconomie dynamique ) [1977] ( Prix Nobel 2004) est s’appuie principalement sur une approche d’ensemble de l’ économie adoptant une vision macroéconomique globale . La Nouvelle Economie Politique –NEP quant à elle se penche beaucoup dans le cadre institutionnel de l’environnement politique dans les pays où interviennent les IBW. Ce courant de pensée est fortement dominé par l’Ecole du Public Choice de Buchanan [1980], l’Ancienne Directrice Générale Adjointe du FMI Ann Krueger [1993,2002].
La PAS a été au sens des IBW la seule solution pour résoudre la crise d’endettement des PED. La PAS repose sur le mécanisme autorégulateur du marché- doctrine fondamentale de l’économie libérale. Dans tous les pays sous ajustement, la libéralisation et les rigueurs budgétaire et monétaire ont été imposées. La crise d'endettement des années a été une opportunité pour les IBW (surtout le FMI) de rejouer leur rôle au niveau international, cette fois-ci principalement dans les PED .Les IBW ont joué une place capitale dans la détermination des politiques économiques mises en œuvres dans les PED via leurs assistances financières mais s'affirment aussi comme des interlocuteurs incontournables (FMI) dans la gestion de la crise de la dette qui a éclaté en 1982 ( 13 aout 1982 au Mexique )et qui sévit encore. Le Plan Baker de 1985, le Plan Brady de 1989, les accords relatifs au club de Paris (qui demande l’aval du FMI) en sont les exemples concrets. Il est crucial de rappeler que derrière la pratique du PAS se trouve une véritable philosophie ou doctrine économique .Le modèle de politique économique imposé par les IBW est unique, à quelques variantes près, quelle que soit la situation locale ou la spécificité du pays concerné. L'objectif du PAS est clairement identifiable. Il s’agit, à travers des politiques de stabilisations et des reformes structurelles, de rendre le pays débiteur capable de dégager des revenus d'exportations suffisants, et donc d'engranger des réserves en devises importantes qui lui permettent d’assumer annuellement le paiement du service de la dette .Le déséquilibre interne des pays endettés doit être ajusté en vertu de la croyance selon laquelle ce sont les déséquilibres internes qui créent des déséquilibres externes. Ce postulat se trouve invariablement dans tous les modelés économiques qui sous-tendent aux politiques préconisées par les IBW. Le point crucial, au-delà de l'objectif qui est de faire en sorte que le débiteur puisse dégager un surplus exportable, est le postulat selon lequel : « Ce sont les déséquilibres d'ordre internes (déficit budgétaire, inflation) qui affectent l’équilibre extérieur c'est à dire la balance des paiements ». A cela, s'ajoute une vision de l’économie où seule l'initiative privée est à la fois efficace et garante d'une certaine équité. La référence à ce propos reste la notion d' « Etat malveillant » développée notamment par A Krueger qui stigmatise l’intervention étatique et lui oppose l'extension de la sphère marchande comme gage d’efficacité et d’équité. Ces considérations constituent le socle monétariste qui sous-tend la panoplie des mesures de stabilisation et de reformes structurelles qui sont synthétisées dans ce qu'on appelle le Consensus de Washington à partir du début des années 1990.
En bref, l'ajustement structurel est subdivisé en deux phases distinctes .La stabilisation macro-économique à court terme (comprenant la dévaluation, la libéralisation des prix et l’austérité fiscale) est suivie par la mise en oeuvre d'un certain nombre de reformes structurelles plus fondamentales. Souvent, cependant, ces reformes structurelles sont exécutées en parallèle avec le processus de stabilisation économique [Eric Toussaint, 2004, p.310].
Mais l'application des plans d'ajustement structurel n'a pas réussi à résoudre le problème de stagnation économique des PED, ni leur problème d'endettement. Devant les critiques de plus en plus virulents de la part de ses détracteurs, le FMI et la Banque mondiale ont essayé de rectifier leur pratique. Un économiste très connu dans le domaine de l’économie internationale, John Williamson- non moins économiste de Banque mondiale a concrétisé cette stratégie en 1990. En effet, afin d'arriver à une solution optimale dans la gestion des crises économiques et financières des PED, Williamson a formulé quelques recommandations à suivre. C' est le « Consensus de Washington ».Dans cette expression Williamson définit « Washington » comme « le Washington politique du congrès , les hauts fonctionnaires internationales , des agences économiques du gouvernement , de la Fédéral Resserve Board , et les groupes de réflexion » .
Voilà la manière dont se dévoilent, en résumé les différentes mesures que doivent prendre les pays débiteurs qui veulent restructurer leur dette. On constate que ces mesures figuraient déjà dans les fondements théoriques de l'ajustement structurel vus précédemment. Il n'y a rien de spécial qui fait que ce consensus de Washington va apporter des miracles dans les problèmes d'endettement et le décollage économique des PED. La force du marché a été toujours mis en avant voir renforcé. Certains économistes Néolibéraux donc en faveur du FMI et de la Banque mondiale avancent même que l'échec des PAS durant les années 1980 et 1990, l’échec de la gestion de la crise d'endettement était dû à la réticence de ces pays à appliquer intégralement les politiques préconisées par ces deux institutions. Le degré d'application des PAS n’était pas suffisant alors. Est-ce le bon argument?
Eric Berr et François Combarnous [2004] , après avoir travaillé sur les dix variables du consensus de Washington, à travers la technique d’analyse des données arrivent à cette constatation suivante : « D’abord le rythme général d’application des préceptes du consensus n’est pas homogène au cours du temps. La progression relativement lente du processus de mise en œuvre du consensus entre 1980 et 1985 a été suivie de deux périodes de forte accélération entre 1985 et 19990 et 1995, puis d’une période de très fort ralentissement entre 1995 et 2000. D’autre part, il apparaît que le consensus de Washington a également été appliqué de façon très différenciée dans l’espace ».
Un nouveau apport du consensus de Washington est qu'on y voit clairement les deux volets de l'ajustement, ce n’est pas flou comme dans le modèle d'ajustement précèdent .Le premier volet, la stabilisation macroéconomique sur le court terme comprenant la dévaluation de la monnaie nationale, l'austérité budgétaire et monétaire, la réduction des subventions, la reforme fiscale,est suivit de volet de réformes structurelles incluant la libéralisation commerciale et des mouvements de capitaux,la privatisation, les reformes des droits de propriétés .
La gestion des crises financières des pays émergents qui se sont succédées depuis la crise mexicaine de 1994, l’assistance financière aux pays pauvres ont renforcé encore la tutelle financière des IBW sur les PED avec des résultats qui tranchent largement avec les objectifs escomptés. Mais qu’est ce qu’on peut dire des apports financiers des IBW ?


2-Analyse des apports financiers des Bretton woods


Les apports financiers des IBW ont évolué dans le temps suivant le contexte économique de chaque pays. Si le FMI a beaucoup intervenu dans la stabilisation macroéconomique, le financement de la balance des paiements, et la restructuration du secteur financier, la Banque mondiale s’est beaucoup optée vers le financement des programmes structurels afin de promouvoir le développement.

2-1-Les apports financiers du FMI

L’assistance financière du FMI en faveur des pays qui demandent son aide a évolué au cours du temps suivant les programmes en vigueur .Dans les pays pauvres, la FAS et la FASR des années 1980 ont été remplacées par le FRPC à partir de 1999 alors que les pays émergents ont bénéficié de financement via l’accord Stand By ou les Accords de Confirmation. L ‘ évolution et le volume de financement accordés ont évolué suivant le niveau de développement, des besoins financiers du pays assisté mais surtout de la qualité relationnelle avec ce pays. Jusqu'en 1986, le FMI fournit un soutien aux pays les plus pauvres à travers ses instruments traditionnels .Entre 1974 et 1979, en réponse au premier choc pétrolier seulement huit accords de confirmation et facilités élargies sont approuvés. Entre 1980 et 1984, suite au second choc pétrolier et aux difficultés d'endettement extérieur des PED, le FMI approuve 27 accords de confirmation et facilités élargies. Les instruments traditionnels du FMI ne parviennent toutefois pas à résorber les déséquilibres de ces pays. Le recours aux accords de confirmation, dont la durée est normalement de un an, est critiqué pour leur courte durée. Pour y faire face, le FMI introduit une nouvelle facilite de crédit pour les pays les plus pauvres en mars 1986, appelée Facilite d'Ajustement Structurel (FAS) pour soutenir des programmes d'une durée de trois ans. Ce sont les pays éligibles aux crédits de l'Agence Internationale de Développement (IDA, une filiale de la Banque mondiale) qui peuvent bénéficier de ces prêts. Ces crédits sont remboursables sur dix ans et leur taux d’intérêt n'est que de 0,5%. Au milieu de 1987, Le F.M.I. introduit les FAS Renforcées (FASR), pour des montants cinq fois supérieurs à ceux des FAS, avec des financements budgétaires de la France, du Japon et d'autres pays industrialises [Patrick Lenain, 2004].Ce programme sera poursuivi jusqu'en septembre 1999 avec la mise en place de la Facilite pour la Réduction de la Pauvreté et de la Croissance (FRPC).Le FMI a déboursé pas mal de financement pour soutenir la FAS et la FASR. Ainsi au 30avril 1998, 6,4 milliards de DTS (soit 8,6 milliards de dollars) ont été décaissés en application des 71 accords FASR dont ont bénéficié 48 pays et 1,8 milliards de DTS (2,4 milliards de dollars) au titre d’accords FAS. Contrairement aux pays pauvres les pays émergents ont bénéficié de traitement spécial de la part du FMI et la Banque mondiale dans la gestion de la crise d'endettement. Non seulement ces pays constituent l'essentiel des pays en cessation de paiement, mais ils occupent une place importante dans la mise en marche de l’économie mondiale. Le FMI en particulier face à cette crise a créé le crédit stand by pour eux. Le crédit stand by est un guichet spécial du FMI destiné principalement aux pays émergents afin qu'ils puissent résoudre leur problème de balance de paiement mais aussi alléger le remboursement de leur dette. En plus de ce crédit, ils peuvent encore bénéficier de crédit de l'accord de confirmation (mécanisme habituel) ou de l'accord élargi (en cas de grand problème financier).A titre d’exemple, en 1982 le Mexique obtient un accord élargi sur trois ans pour un montant total de 3,6 milliards de DTS ; en 1983, l'Argentine obtient un accord de confirmation et un financement compensatoire pour un montant total de 2 milliards de DTS ; le Brésil obtient un accord élargi pour un total de 5 milliards de DTS. En général, le financement net du FMI en faveur des PED, n’était pas aussi stable qu’on le pense. Le volume de financement net du FMI en faveur des PED est passé de 14,1 à -10,7 milliards de dollars US de 1998 à 2000 et respectivement de 14 à -25,1 milliards de dollars US de 2002 à 2006 (Tableau1).
Tableau 1: Financement net du FMI en faveur des PED (en milliards
de dollars US)


1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
AFRIQUE SUBSAHARIENNE -0,3 0 0,1 0,1 0,5 -0,1 -0,1 -0,4 0,1
M.O ET AF DU NORD 0 0 -0,2 -0,1 -0,3 -0,6 -0,5 -0,7 -0,1

ASIE DU SUD -0,4 -0,1 -0,3 0,3 0,1 -0,1 -0,3 0 -0,1
AM LATINE ET CARAIBES 2,5 -0,9 -10,7 15,6 11,9 5,6 -6,3 -27,6 -10,9
EUROPE ET ASIE CENTRAL 5,3 -3,1 -0,7 6,1 4,6 -2 -5,9 -9,8 -5,6
ASIE DE L'EST-PACIFIQUE 7 1,9 1,2 -2,5 -2,7 -0,5 -1,6 -1,6 -8,4
PED 14,1 -2,2 -10,7 19,5 14 2,4 -14,7 -40,2 -25,1
Note :Le signe – signifie que le remboursement du prêt a excédé le volume de prêt accordé pour l’année considérée.
Source : Banque Mondiale, Global Development Finance 2007.
La tendance baissière (voir même négatif) enregistrée depuis 2004 est attribuée aux remboursements de prêt précoce des pays émergents. L’analyse régionale reflète la faible part de l’ Afrique Subsaharienne, du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, de l’Asie du Sud dans l’activité du FMI .La faiblesse du volume de financement net (positif ou négatif) corrobore ce constat. Par contre, sa présence dans les régions d’Amérique latine et Caraïbes, l’Europe et l’Asie Centrale, l’Asie de l’Est et Pacifique est remarquable. Le signe négatif du volume de financement net enregistré dans ces régions depuis 2004 reflète le fait que les PED n’ont pas bénéficié du financement net du FMI. Au contraire, les remboursements des créances ( dettes ) du FMI excèdent largement les prets accordés, ce qui est à l’origine de ce flux net négatif enregistré depuis 2004.
En bref, le financement net du FMI a été remarquable en 1998 , 2001 ,2002 , par contre il a été faible en 1999 , 2003 , négatif depuis 2004 .Ce constat tranche largement l’idée fortement développée par les économistes néo-libéraux selon laquelle le FMI joue un rôle capital dans le financement des PED .Au contraire, comme a été le cas depuis 2004 , ce sont les PED qui financent le FMI qu’ils soient pauvres ou non ( Tableau 1 ).
Mais la solidité financière future du FMI a été remis en cause ces derniers temps. La réticence des grands pays émergents comme le Brésil, l’Argentine, la prudence des pays asiatiques suite à la crise de 1997, les désordres socio- économiques causés par la PAS appliquée sont les principaux paramètres qui expliquent cette probable crise future du FMI . En mai 2006 l’ancien Directeur General du FMI, Monsieur Rodrigo de Rato a chargé un comité de personnalités éminentes d’étudier le mode de financement du FMI. Le rapport de ce comité, remis au conseil d’administration et publié en janvier 2007 concluait que le mode de financement actuel du FMI, selon lequel le revenu de l’institution provient essentiellement des intérêts qu’elle perçoit sur ses prêts, n’était pas adapté compte tenu de la grande diversité de ses fonctions et attributions. Le comité recommandait un nouvel ensemble de mesures, notamment le développement des activités d’investissement et l’assouplissement des règles en la matière, la création d’une dotation au moyen de la vente d’une quantité limitée du stock d’or du FMI, et la facturation des services fournis aux pays membres. Lors de sa réunion d’avril 2007, le CMFI a indiqué que le rapport du comité offrait «un point de départ solide pour la poursuite des travaux en vue de la mise au point d’un nouveau modèle visant à élargir la base de revenu». Le Conseil d’administration a engagé la réflexion sur un mode de financement pouvant recueillir un large soutien parmi les pays membres du FMI [FMI, 2007, p18]. A la fin de l’ exercice 2007 ( 30 Avril 2007) , l’encours des crédits du FMI était tombé à 7,3 milliards de DTS, contre 19,2 milliards en avril 2006 (Ce encours de crédit était 100 milliards de dollar US en 2003), en raison de la poursuite des remboursements anticipés et de la faible ampleur des nouveaux décaissements .Les nouveaux engagements du FMI ont fortement baissé : ils sont descendus à 237 millions de DTS durant l’exercice 2007, contre 8,3 milliards de DTS pendant l’exercice précédent (2006), deux nouveaux accords de confirmation ayant été approuvés en faveur du Paraguay et du Pérou. Sept accords de confirmation ou accords élargis étaient en vigueur en fin d’exercice, dont quatre sont considérés comme ayant été conclus à titre de précaution, les emprunteurs ayant fait part de leur intention de ne pas les utiliser. Fin avril 2007, le montant non tiré au titre des accords de confirmation ou des accords élargis en vigueur était de 3,9 milliards de DTS [FMI , 2007 ,p39] .
Ces dernières années, bon nombre des PED surtout les pays émergents bénéficiant de la bonne santé de leur économie mais aussi jugeant les conditionnalités du FMI trop dures ont essayé de contourner cette institution via le remboursement précoce de leur dette vis-à-vis de cette institution. Le remboursement total des prêts de ces pays vis-à-vis du FMI a atteint la somme astronomique de 28 milliards de dollars US en 2006 contre 44 milliards de dollars en 2005. A titre d’exemple, en 2006 l’Argentine a remboursé 9 milliards de dollars US de sa dette à l’égard du FMI 8 milliards de dollars US pour l’Indonésie, 7,5 milliards de dollars Us pour la Turquie, 2,5 milliards pour l’Uruguay. Ces paiements précoces du remboursement et /ou le remboursement intégral de la dette de ces pays (Venezuela) vis-à-vis du FMI leur redonne une certaine autonomie dans la conduite de leur politique financière et donc de reconquérir avec fierté leur indépendance financière longtemps bafouée par les conditionnalités des IBW. Par contre, les pays pauvres prisonniers de la stagnation de leur économie et faute de solution alternative viable restent fortement dépendant du financement du FMI à travers les différents mécanismes relatifs aux accords FRPC et les conditionnalités relatives à l’ initiative PPTE et l’IADM conjointement menées avec la Banque mondiale .
4-2-2-Les apports financiers de la Banque mondiale
La Banque mondiale est l’organisme international sur lequel repose le financement de bon nombre des PED .Dans le cadre du PAS des années 1980, et jusqu’à la fin des années 1990 , les pays pauvres ont pu recourir au financement du Crédit d’Ajustement Structurel ( CAS ) via le financement de l’ IDA ( filiale de la Banque mondiale ).A partir de 1999- 2000 ,ils ont eu recours au crédit relatif au DSRP toujours financé par l’ IDA . Les pays émergents quant à eux ont bénéficié du financement du BIRD (Filiale de la Banque mondiale).Les deux groupes de pays peuvent recourir aussi au financement de la SFI (Société Financière Internationale) et de la Agence Multilatérale de la Garantie des Investissement (AMGI).Forte de ses ressources ,la Banque mondiale dispose d’une certaine souplesse financière par rapport au FMI .Régulièrement son volume de financement est largement au dessus du volume de crédit accordé par le FMI surtout dans les pays pauvres .Le tableau 2 retrace l’ évolution récente des prêts de la banque mondiale en faveur des PED .

Tableau 2 : Les Prêts de la Banque mondiale en faveur des PED (en millions de dollars US)t

2002 2003 2004 2005 2006 2007

AFRIQUE SUBSAHARIENNE 3793,5 3737,2 4115,9 3887,5 4786,6 5796,9
M.OET AFRIQUE DU NORD 554,5 1056 1091 1283,6 1700,6 907,9

ASIE DU SUD 3508,4 2918,7 3421,6 4993,3 3797,2 5631,6

AM LATINE ER CARAIBES 4365,8 5820,5 5319,5 5165,7 5910,5 4053,3

EUROPE ET ASIE CENTRALE 5523,6 22670 3559,1 4093,5 4044,6 3762,2

ASIEC DE L’EST ET PACIFI 1773,6 2310,8 2572,7 2883,3 3401,6 4043,9
PED 19519,4 38513,2 20079,8 22306,9 23641,1 24195,8
Source : Banque Mondiale, Rapport annuel 2007.
Dans l’ensemble, les prêts de la Banque mondiale en faveur des PED ont enregistré une tendance à la hausse à partir de 2004 après une période d’accalmie observée entre 2003 et 2004 .Ces prêts ont passé ainsi de 19519,5 à 20079,8 millions de dollars US de 2002 à 2004 et 24195,8 millions de dollars US en 2007 .En Afrique Subsaharienne , ces prêts sont passés de 3793,5 à 4115,9 milliards de dollars US de 2002 à 2004 et 5796,9 milliards en 2007 . Cette hausse significative enregistrée depuis 2005 marque la forte présente de la Banque mondiale dans cette sous région de l’Afrique .Au Moyen Orient et en Afrique du Nord la forte hausse des prêts enregistrée jusqu’en 2006 pour a été interrompu en 2007. Par contre, contrairement à l’Afrique Les autres régions sont marquées par une période d’instabilité des prêts (Tableau 2).
La répartition régionale des prêts de la Banque mondiale est marquée par une prédominance et un quasi stabilité de l’Afrique Subsaharienne, de l’Amérique latine et Caraïbes, de l’Asie de l’Est. La prédominance de l’Europe et de l’Asie centrale qui marque la période 2002- 2003 s’est renversée à partir de 2004 en faveur de l’Afrique Subsaharienne, l’Amérique latine et Caraïbes. Enfin, il est une évidence que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord n’occupent qu’ une faible part des prêts de la Banque mondiale.
Il est important de rappeler que le principal financement de la Banque mondiale se fait soit par le financement de l’ IDA principalement destiné aux pays pauvres, soit par le financement du BIRD prérogative des pays émergents et / ou des pays à revenu moyen ( revenu intermédiaire ).
Le financement de l’ IDA est marqué par la prépondérance de l’ Afrique qui a absorbé un volume de prêt de l’ ordre de 5,8 de dollars pour l’ exercice 2007 , soit 49% du total des engagements de l’ IDA .L’Asie du Sud avec un volume de financement estimé à 4milliards de dollars US ( 34% ) arrive en seconde position , suivie de L’Asie de l’ Est et Pacifique qui bénéficie 1,2 milliards de dollars US de financement ( 10% du total ). Le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, L’Amérique latine et Caraïbes ont absorbé chacune 2% du financement de l’IDA en 2007 [Banque mondiale, 2007].Il est aussi important de noter que les principaux bénéficiaires des financements ont été l’Inde (2,3 milliards de dollars), le Pakistan (0,9 milliard de dollars) et le Nigeria (0,8 milliard de dollars). Les engagements de la BIRD sont marqués par la domination une prédominance des pays émergents .La majeure partie des prêts de la BIRD est allée à la Région Amérique latine et Caraïbes, avec 4,4 milliards de dollars(soit 34 % du volume des engagements de la BIRD). D’après la Banque mondiale [ 2007] ,la Région Europe et Asie centrale s’est classée en deuxième position avec 3,3 milliards de dollars de financements (26 %), suivie en troisième position par la Région Asie de l’Est et Pacifique, avec 2,8 milliards de dollars (22 %). Alors que les cinq plus gros Emprunteurs de la BIRD, à savoir l’Argentine, la Chine, l’Inde, la Turquie et la Colombie, ont reçu 52 % du volume global des prêts accordés par l’institution durant l’exercice 06, ils ont absorbé 56 % du montant total des engagements de la BIRD pendant l’exercice 07.
Mais cette analyse basée sur l’évolution des prêts bruts de la Banque mondiale masque une vérité qui tranche largement avec les discours habituels des IBW. En effet, ces flux de prêts bruts ne tiennent pas compte des remboursements des prêts des PED. Il est tout à fait normal alors d’intégrer ces remboursements si l’on veut vraiment comprendre l’effectivité des financements réels (financement net) de la Banque mondiale dans les PED.
En termes globale, le financement net de la Banque mondiale en faveur des PED a été plus importante de 1998 à 2001 passant respectivement de 8,7 à 7,5 milliards de dollars US .Ce qui signifie que durant cette période, la Banque mondiale a accordé plus de financement que de remboursement de sa dette de la part des PED. Cette tendance s’inverse à partir de 2002 avec un volume de financement net négatif qui se poursuit jusqu’en 2006 .Ainsi , le financement net de la Banque mondiale en faveur des PED a passé de -0,2 à -2,4 milliards de dollars US de 2002 à 2006 ( Tableau 3).
Tableau 3: Financement net de la Banque mondiale en faveur des PED (en milliards de dollars US)


1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
AFRIQUE SUBSAHARIENNE 1,3 1,1 1,5 1,8 2,2 2,2 2,5 2,4 1,8
M.ORIENT ET AFRI DU NORD -0,2 0,2 -0,3 -0,1 -0,3 -0,3 -0,6 0 -0,9
ASIE DU SUD 0,8 1 0,7 1,5 -1 -0,2 2 2,2 1,8
AM LATINE ET CARAIBES 2,4 2,1 2 1,3 -0,3 -0,4 -1 -0,8 -4,4
EUROPE ET ASIE CENTRALE 1,5 1,9 2,1 2,1 1 -0,6 0,4 -0,7 0,3
ASIE DE L'EST ET PACIFIQUE 2,8 2,4 1,8 0,9 -1,7 -1,5 -1,9 -0,6 -1
PED 8,7 8,8 7,9 7,5 -0,2 -0,8 1,4 2,5 -2,4
Note :Le signe – signifie que le remboursement du prêt a excédé le volume de prêt accordé pour l’année considérée.
Source : Banque Mondiale, Global Development Finance 2007.
L’analyse sur le plan régional montre que l’ Afrique bénéficie un volume de financement net positif tout au long de la période considérée, passant respectivement de 1,3 à 2,2 milliards de dollars US de 1998 à 2002 et 1,8 milliards de dollars Us en 2006 .Par contre ,au Moyen Orient et en Afrique du Nord , le flux de financement net de la Banque mondiale a été toujours négatif
(ou nul en 2005 ) pour passer de -0,2 à -0,9 milliards de dollars US de 1998 à 2006 .Dans les autres régions des PED de n’affichent pas une tendance claire et remarquable de l’ activité de la Banque mondiale .On peut constater quand même qu’en général jusqu’en 2001, elles ont affiché un flux de financement net positif, une situation qui se détériore à partir de 2002 (Tableau3).
Ce graphique 16 montre que le financement net de la Banque mondiale suit une tendance baissière en terme global, c'est-à-dire pour l’ensemble des PED .Durant la période 1998- 2001, on remarque une recrudescence de l’activité de la Banque dans l’ensemble des sous régions des PED .La période postérieure est marquée par une période d’instabilité du financement net.
Contrairement au FMI, la Banque mondiale n’affiche pas encore un signe de problème de liquidité.La largesse de ces ressources et la bonne santé financière de ses filiales ( au détriment des PED ) constituent les causes principales de la solidité financière de la Banque mondiale En 2006, emboîtant le pas des autres grands pays émergents, le Mexique a décidé de rembourser 9 milliards de sa dette vis-à-vis de la Banque mondiale. En effectuant ce remboursement précoce, le Mexique à l’instar des autres pays émergents veut aussi prendre une certaine distance vis-à-vis de la Banque Mondiale et du FMI.

4-2-3-Les apports financiers des IBW dans l’ensemble

L’Analyse précédente nous a permis d’appréhender les apports financiers des IBW (FMI et Banque mondiale) séparément .Cette analyse a été capitale dans la mesure où elle nous a permis d’évaluer les apports individuels de ces deux institutions .Mais la complexité et la coopération existante entre ces deux institutions nous incitent à les insérer dans le même caniveau.
Ce referant au tableau 4, on peut constater que le financement net des IBW en faveur des PED dans l’ensemble a été négatif depuis 2004. L’Afrique Subsaharienne affiche un flux de financement net positif pendant la période considérée passant respectivement de 1 à 2,7 milliards de dollars US de 1998 à 2002 et 1,9 milliards de dollars US en 2006 .Le Moyen Orient (sauf en 1999) a toujours enregistré un flux de financement net négatif passant respectivement de -0,2 à -1 milliards de dollars US de 1998 à 2006. En Asie du Sud , ce financement net des IBW est passé respectivement de 0,4 à 1,7 milliards de dollars Us en 1998 et 2006 .En Amérique latine et Caraibes, il est passé de 4,9 milliards de dollars US en 1998 à -15,3 milliards en 2006 .En Europe et Asie centrale c’était 6,8 milliards de dollars US en 1998 et -5,3 en 2006 . Enfin en Asie de l’ Est et Pacifique ce flux net a passé respectivement 9,8 0 -9,4 milliards de dollars US de 1998 à 2006 ( Tableau 4).
Tableau 4: Financement net des IBW (Banque mondiale et FMI) en faveur des PED (milliards de dollars US)

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
AFRIQUE SUBSAHARIENNE 1 1,1 1,6 1,9 2,7 2,1 2,4 2 1,9
M.ORIENT ET AF DU NORD -0,2 0,2 -0,5 -0,2 -0,6 -0,9 -1,1 -0,7 -1
ASIE DU SUD 0,4 0,9 0,4 1,8 -0,9 -0,3 1,7 2,2 1,7
AM LATINE ET CARAIBES 4,9 1,2 -8,7 16,9 11,6 5,2 -7,3 -28,4 -15,3
EUROPE ET ASIE CENTRALE 6,8 -1,2 1,4 8,2 5,6 -2,6 -5,5 -10,5 -5,3
ASIE DE L'EST ET PACIFI 9,8 4,3 3 -1,6 -4,4 -2 -3,5 -2,2 -9,4
PED 22,8 6,6 -2,8 27 13,8 1,6 -13,3 -37,7 -27,5
Source : Banque Mondiale, Global Development Finance 2007.
Jusqu’en 2001 pour l’ensemble des PED , le financement net des IBW a été toujours positive. Cette tendance se renverse à partir de 2004 affichant un flux négatif jusqu’en 2007 .L’Afrique Subsaharienne a toujours enregistré un flux de financement net positif. On constate qu’ à partir de l’ année 2004 la plupart de ces sous-régions des PED ont affiché un flux de financement négatif des IBW .C’est le cas de l’ Amérique latine, de l’ Europe et Asie Centrale, de l’Asie de l’ Est et Pacifique. L’Asie du Sud a toujours affiché un flux de financement net positif (sauf en 2003) .Par contre, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord a enregistré un financement net négatif (sauf 1999).
Le flux de financement net négatif ( et inversement) reflète le fait que le montant de remboursement du prêt des ces pays vis-à-vis des IBW a excédé le volume de prêt accordé par ces deux institutions pour un période donnée ( année ici ).Cette situation reflète une certaine indépendance financière de ces pays vis-à-vis des IBW. En assurant le remboursement de leurs dettes vis-à-vis des IBW, les PED qui dégagent un flux de financement net négatif sont considérés comme des pays qui affichent déjà une certaine forme d’indépendance financière vis-à-vis des IBW.
Ces dernières années ( depuis 2004) , les PED dans son ensemble , l’Amérique latine, l’ Europe et Asie Centrale , l’Asie de l’ Est et Pacifique , le Moyen- Orient et l’ Afrique du Nord, en affichant un flux de financement net négatif des IBW peuvent être considérés comme des régions moins indépendant financièrement des IBW .Par contre , l’ Afrique Subsaharienne et l’ Asie du Sud avec un flux de financement net positif de 1998 à 2006 affichent une certaine forme dépendance financière vis à vis des IBW.

Malgré cette tendance vers une certaine indépendance financière de quelques régions (pays) des PED, l’expérience passée montre que la plupart d’entre eux ont demandé d’une façon prolongée l’assistance financière des IBW. On part ici de l’assistance financière à l’assistanat financier.

4-3-Controverse entre assistanat ou assistance financière

Les recours prolongés aux prêts des IBW sont sans aucun doute la forme la plus simple qui caractérise la dépendance financière d’un pays vis-à-vis des IBW .En demandant régulièrement l’assistance financière des IBW, le pays en question n’est plus dans une situation d’ assistance financière passagère (conjoncturelle) mais passe dans un stade d’assistant financier ( Structurelle) .Le déséquilibre chronique de son secteur financier ( finances publiques) et de sa position extérieure ( Balance des paiements , endettement extérieur ) et la stagnation de son économie incite ces pays à demander régulièrement assistance des IBW faute de solution alternative viable. Ces recours prolongés aux prêts des IBW s’expliquent principalement par le sous-développement du secteur financier domestique, le problème institutionnel, l’inexistence d’autres sources de financement extérieurs.
Pendant la période 1971–2000, 51 des 128 pays emprunteurs ont été des utilisateurs persistants du prêt du FMI.
Les recours prolongés aux programmes appuyés par les IBW soulèvent des questions qui sont au centre de récentes controverses concernant le rôle de ces institutions dans les pays qui ont besoin d’une plus longue période d’ajustement. Dans le cas du FMI,certains détracteurs estiment que cette utilisation prolongée constitue une entorse à la mission traditionnelle du FMI qui est de soutenir temporairement la balance des paiements et conduit à penser que les programmes appuyés par le FMI ne sont pas efficaces. D’autres observateurs jugent que le recours fréquent aux crédits du FMI peut se justifier dans des pays dont les problèmes d’ajustement sont profondément endémiques et qu’il est totalement compatible avec la mission du FMI.
Un pays comme Madagascar par exemple est essentiellement et régulièrement financé par l’ extérieure .En effet ,depuis 1997 , le budget d’investissement de ce pays a été financé à 70% par l’ extérieur ( Banque mondiale , FMI ,BAD, Union Européenne) sans tenir compte des flux publics et privés relatifs aux ONGs , actions humanitaires , etc. Les recettes fiscales servent seulement alors à financer le budget de fonctionnement ( environ 45 % du budget total) et une partie du budget d’investissement ( 30 % du budget total) alors même que le pays a besoin de financement pour doper son économie et pour éradiquer la pauvreté qui touche encore 75 % de la population en 2006 [Banque mondiale, 2006].Les promesses du MAP ( Madagascar Action Plan ) qui cadre grosso modo les feuilles de route du deuxième mandat ( 2007-2012) de Ravalomanana Marc offre un espoir de développement à la population longtemps marquée par le désespoir total même si son financement reste encore à trouver auprès des partenaires habituels (pays riches , les IBW ,Union Européenne).Les trois phases de l’ ajustement structurel en vigueur i) le FAS du FMI et le CAS de la Banque mondiale des années 1980 ;ii) le DCPE I (1996-1999) et le DCPE II (1999-2001) ; iii) le FRPC du FMI de 2001 à nos jours (avec le nouvel accord de juillet 2006) et le DSRP de la Banque mondiale( 1999-2006), n’ont presque rien apporté à Madagascar en matière de développement et de performance économique malgré la croissance économique soutenue de l’ ordre de 4,5% du PIB de 1997 à 2006 (à l’exception de l’année 2002 caractérisée par la crise postélectorale qui a causé une régression de -10% du PIB ).Pepe Andrianomanana [2000] dans son étude en collaboration avec l’Université de Harvard sur le compte de l’ USAID-Madagascar a pu décortiquer d’une manière synthétique les forces et faiblesses du secteur financier de ce pays . Les recommandations formulées dans cette étude ont pu reformer le système financier malgache avec des résultants plus mitigés vue la réticence des dirigeants à adopter des mesures qui pourront les déstabiliser , les obstacles institutionnels et la mainmise des IBW .Les différents programmes successifs en partenariat avec les IBW n’ont pas empêché la Grande ile d’être classée 146 ème sur 177 en 2005 au niveau mondial en matière de développement humain affichant un indice de développement de l’ordre de 0,49et un PNB par habitant de l’ordre de 280 dollar pour une année [PNUD, Rapport sur le développement humain 2005].Est ce qu’une manière de dire que Madagascar n’ a jamais eu besoin ( n’aura jamais besoin ) des IBW ?Ce qu’on peut avancer ,dans les contextes actuels , l’ abandon des IBW n’est pas une bonne chose pour Madagascar car elle aura toujours besoin de ces deux institutions rien que pour son image vis-à-vis des créanciers ( s’il y en a vraiment qui vont s’intéresser à part les industriels de la zone franche attirés par la faiblesse du cout de la main d’œuvre local). L’Union Européenne à travers le FED (Fonds Européen de Développement) reste le deuxième bailleurs de fonds de ce pays (après la Banque mondiale) avec une contribution moyenne annuelle de 80 millions d’Euros de 1999à 2006 .Le 10 ème FED , un programme de financement estimé à hauteur de 462 Millions d’ Euros pour la période 2008-2013 reflète la satisfaction de l’ Union Européenne en matière de performance économique. C’est donc un prolongement logique du 9 ème FED (terminé cette année 2007) dont le décaissement effectif est estimé à 447 millions d’euros. La banque mondiale (premier bailleur de fonds) quant à elle intervient à hauteur de 140 Millions d’Euros annuellement depuis 1997. La mobilisation des ressources intérieures reste toujours une alternative prometteuse face aux échecs des politiques économiques passées sous l’égide des IBW. En effet, la Banque mondiale [2005] lui-même estime que rien que les ressources minières (pierre précieuses, or,), environ 150 millions de dollars US échappent chaque année à la caisse de l’Etat alors que le FRPC (2001-2005) du FMI (déjà repartie en trois tranches) n’a été seulement que de l’ordre de 100 millions de dollars US. L’annulation de la dette dans le cadre de l’initiative PPTE dont ce pays a bénéficié a fait régresser sa dette de 4,3 milliards de dollars US avant le point de décision (Vers 2001) à 1,3 milliards de dollars (soit environ 72 dollars par citoyen malgache) après les mesures successives d’annulation relatives au point d’achèvement (vers fin 2005).Ces mesures d’annulation de la dette vu leur caractère purement comptable n’ont pas pu influencer d’une manière significative les conditions de vie de la population à qui elles ont été destiné. La situation s’est même empirée car, elles ont entraîné une réduction drastique des transferts effectifs des IBW et des pays riches .La majorité des pays de l’ Afrique subsaharienne ( à part l’ Afrique du Sud , Botswana, Maurice , Seychelles ,Gabon) affichent la même configuration que Madagascar. Toutefois ils se différencient les uns des autres par leur structure économique, leur système politique et les cadres institutionnels en vigueur.
Généralement, il s’avère que l’utilisation prolongée des ressources des IBW tend à devenir un problème chronique, car peu de pays parviennent à y renoncer.
Ceci s’explique par le fait que les utilisateurs persistants font généralement face à des déséquilibres plus marqués et à des problèmes plus profondément enracinés que les autres pays qui reçoivent concours des IBW. Cependant, ces caractéristiques n’aboutissent pas nécessairement à une utilisation prolongée, surtout si elles sont bien prises en compte dans la conception des programmes d’ajustement.


La faiblesse des ressources intérieures et un secteur financier sous-développé sont les principales sources de la dépendance financière des PED à l’égard des IBW. Une tendance se dessine quand même. Si la plupart des PMA à défaut d’une solution alternative viable n‘arrivent même pas à financer l’essentiel de leur budget et comptent beaucoup sur le financement multilatéral et bilatéral, les pays émergents dans leur globalité affichent une indépendance relative à l’égard des IBW. Mais malgré le développement spectaculaire du secteur financier (surtout bancaire) des pays émergents ces dernières années et l'explosion du secteur boursier ( de ceratains pays ), cette indépendance est passagère car ils tournent régulièrement vers l’extérieur (IBW) en cas de crise. Les tendances récentes montrent quant même la volonté de ces pays de s’affranchir de la tutelle financière des IBW à l’instar des pays comme le Brésil, l’Argentine, la Turquie, l’Uruguay qui ont fait un remboursement précoce de leur dette vis-à-vis du FMI, le Mexique a fait pareil vis-à-vis de la Banque mondiale.
En tout état de cause, les pays exposés à une forte dépendance financière à l’égard des Institutions des Bretton Woods ( IBW ) sont ceux où le bilan financier du secteur public est encore médiocre, le déficit extérieur courant et l’endettement extérieur élevé.

Voilà telle est la realité du financement effectif des IBW en faveur des PED .Dit-on les chiffres parlent d'eux-meme , se referant aux 4 tableaux de cet article , il est crucial d'avancer que les PED dans l'ensemble ne sont pas vraiment des pays largement sous perfusion financière nette des IBW .Un prolongement de l' analyse qui consiste à construire des indicateurs ( comparativement à l' économie des PED : Budget , dette ,PIB , etc ) relatifs à ce voulme de financement ( flux financiers , etc ) s'avère capital pour percer encore plus loin l'analyse.Ce sera l'objet d'un autre article ultérieur , mais pour le moment on se contentait de voir les choses tel qu'elles sont en termes de volume ( flux )financier , ce qui a été notre demarche ici.