samedi 10 janvier 2009

SOUVERAINETE MONETAIRE DES PED DANS LE CADRE DE L 'AJUSTEMENT STRUCTUREL

La souveraineté monétaire des PED dans le cadre de la PAS du FMI

Comme l’a noté Edwin Le Heron [2008,p.119] :« la force de la FED est d’avoir pu être keynésienne en 1970 , monétariste après 1979 , originale avec Greenspan et peut être nouvelle keynésienne avec Bernanke sans avoir eu à modifier son cadre institutionnel ».Cette phrase résume bien la signification d’une banque centrale responsable dans un pays souverain monétairement et peut être considérée comme référence en matière d’analyse de la dynamique et de l’effectivité de la souveraineté monétaire d’un pays .
Dans quelle mesure alors les coopérations avec les IBW remettent en cause la souveraineté monétaire des PED sous ajustement ? Les accords de coopération avec les Institutions de Bretton Woods (IBW) influent –ils d’une manière significative la souveraineté et la gestion monétaire des pays sous ajustement ? Voilà les deux questions centrales qui méritent d’être posées ici.
On sait, au centre des relations avec les IBW se trouvent des conditionnalités qui cadrent les négociations avec les Etats membres en besoin de financement. Si dans le cadre général , le FMI est tenu à faire respecter l’équilibre macroéconomique via un cadrage pointu des critères à respecter , la Banque mondiale est traditionnellement tenu à financer le développement dans toutes ses dimensions avec des résultats plus mitigés qu’on connait déjà .A coté de la rigueur budgétaire , des mesures de libéralisation et des autres critères retenus dans les dix commandements du Consensus de Washington , la rigueur monétaire fait figure parmi les critères vedettes de la Politique d’Ajustement Structurel ( PAS).Le FMI en particulier fait de ce critère de rigueur un dogme. Dans toutes les négociations avec les Etats membres, le modèle de l’Approche Monétaire de la Balance des Paiements ( AMBP ) de Polak [ 1957] constitue ,le modèle de référence du FMI . Ce modèle tient compte comme objectif principal la rigueur monétaire pour éviter un dérapage inflationniste d’une politique monétaire expansive. Deux courants ont le plus influencé le FMI ces dernières années : la Nouvelle Economie Classique ( NEC) et la Nouvelle Economie Politique (NEP) .Parmi les chefs de fils de la NEC , on cite J Barro [1974, 1983] , Robert Lucas [ 1995] ,Prescott et Kydland [ 1977] .Parmi les principales propositions de cette approche ,il y a d’abord l’hypothèse de d’anticipation rationnelle de Lucas mais aussi l’incohérence temporelle des politiques discrétionnaires fortement développée par Kydland et Edward Prescott [ 1977] qui leur ont valu le prix Nobel de 2004 .Cette approche s’inscrit dans le sillage du monétarisme de Friedman qui stipule que « l’inflation est partout un phénomène monétaire ».J Barro et David Gordon [1983] ont peaufiné par la suite cette approche introduisant la « notion de réputation de la banque centrale » qui consiste à intégrer les anticipations d’inflation dans l’analyse. La NEP compte parmi elle des économistes reconnus comme Ann Krueger [1993,2002] ou les tenants du public Choice dont fait parti Buchanan ,Tollison et Gordon Tullock [ 1980] .Ce courant met en avant la lecture de l’ environnement politique dans lequel s’insère les prescriptions du Fonds et adopte une conception fonctionnaliste de l’ Etat. La remise en cause de l’efficacité des pouvoirs politique dans la gestion monétaire constitue le principal argument des monétaristes, NEC, NEP parmi lesquels sont issus les principaux responsables du FMI. En 1985 déjà, Rogoff a développé la théorie de « délégation stratégique » qui incite à donner plus d’indépendance à la banque centrale. L’indépendance de la banque centrale apparait pour Rogoff la solution optimale pour éloigner les hommes politiques de la politique monétaire et maitriser par là l’objectif de stabilité des prix .Il est tout à fait normal alors qu’on assiste à une règle stricte de rigueur monétaire dans le cadre de négociation des programmes avec le FMI. De l’accord Stand By ou accord de confirmation des pays émergents au FAS, FASR et FRPC des pays pauvres, il n’est jamais question de laisser la rigueur monétaire .La maitrise de l’inflation reste de fait l’objectif principal des banques centrales des pays sous ajustement au détriment de la croissance. Aux yeux des techniciens du FMI, évidement d’inspiration monétariste, il n’est pas question d’adopter toute forme de relance monétaire sous peine d’alimenter l’inflation. C’est une position radicale dans laquelle aucune négociation n’est plus possible .Dans ce cas de figure , la banque centrale malgré son indépendance stipulée par son statut a pour vocation principale la lutte contre l’inflation et laisse de coté toute sorte d’ajustement jugé capital dans la conduite d’une véritable politique économique responsable mais non pas une politique économique passive qui caractérise ces pays à cause des conditionnalités de la PAS .Se référant à l’ article IV du FMI , Michel Lelart [2007,p.73] résume d’une manière synthétique les contraintes qui pèsent sur les PED dans le cadre de la PAS : « Chaque pays s’efforcera d’orienter sa politique économique… ,il ne doit pas l’orienter mais seulement s’efforcer de le faire ; chaque pays cherchera à promouvoir la stabilité …,il ne doit pas la promouvoir mais seulement chercher à le faire ;enfin, chaque pays évitera de manipuler les taux de change …, il ne lui est pas interdit de manipuler les taux de change , il doit seulement éviter de le faire ».En Afrique , comme dans les pays émergents , le FMI a été toujours présent dans le cadrage de la politique monétaire . La programmation financière (y compris monétaire) des pays sous ajustement doit avoir l’aval du FMI sinon, le déblocage des fonds ultérieurs et des programmes y relatifs pourraient être suspendus. Encore , dans bon nombre de pays, le FMI n’hésite pas à interférer directement dans leur gestion monétaire .L’article IV du FMI stipule qu’un pays peut choisir de définir et de stabiliser sa monnaie par rapport au DTS, à une autre monnaie, à plusieurs monnaies ou de la laisser flotter plus ou moins librement. Il faut seulement que sa politique soit conforme aux objectifs du Fonds. La seule limitation est l’interdiction formelle de toute référence à l’or. Une fois son choix effectué , un pays doit s’y tenir et appliquer le système choisi.[Ibid ,p.72].Le statut du FMI donne alors une certaine liberté aux pays membres en matière de régime monétaire ou régime de change .Mais il doit en même temps exercer une ferme surveillance sur les politiques de change des Etats membres , ce qui justifie son intervention régulière dans le choix des régimes de change des PED .Une des dispositions de l’ article IV adoptée par les administrateurs le 29 avril 1979 stipule : « Tout membre doit s’abstenir de manipuler les taux de change … en vue d’empêcher l’ajustement effectif de sa balance des paiements ou de s’assurer un avantage compétitif inéquitable sur d’autres membres ».[Ibid , p.76] . Ce point montre comment la coopération avec le FMI remet en cause la souveraineté monétaire des pays sous ajustement. Malgré la liberté du choix de régime monétaire et de change que leur offre le statut IV , une autre section de celui-ci contredit ce fait privant les PED de l’ajustement monétaire qui s’impose à un certain moment .Il en ainsi des mesures de dévaluations successives imposées des années 1980 et 1990 mais aussi celles des dernières années dans les pays africains, en Amérique latine ,le changement de régime de change juste à la demande du FMI , les changements de parité dans les pays émergents . A l’exemple de Madagascar, les politiques de dévaluations successives contrairement aux arguments du FMI n’ont pas pu apporter leur fruit .La forte dépréciation du Franc Malgache (le FMG) de l'ordre de 4000% de 1973 (date à la quelle Madagascar a quitté la zone franc) à 2008 reflète évidement le dérapage de la politique monétaire appliquée par les dirigeants qui se sont succédés mais il y aussi une grande part de responsabilité du FMI qui cadre régulièrement la politique monétaire appliquée .Les dépréciations successives du FMG à partir du Shadow programme de 1994 ( exigence du FMI pour que Madagascar passe du change fixe au change flottant) en est l’exemple concret.
La souveraineté monétaire des PED est alors remise en cause dans le cadre de la PAS.L’indépendance de la banque centrale cache une autre réalité bien établie : l’ingérence monétaire du FMI. Cette ingérence monétaire remet en cause pas seulement l’indépendance effective de la banque centrale mais encore et surtout la souveraineté monétaire. Bon nombre des PED sous ajustement souffrent ainsi d’ « une souveraineté monétaire déguisée » au détriment de leur développement. Mais existe –t-il une approche alternative crédible qui renforce la souveraineté monétaire des PED ? Les économistes hétérodoxes, keynésiens, postkeynésiens, marxistes, école de la régulation ou institutionnaliste restent tous attachés au contrôle de l’ensemble des instruments de la politique économique par le gouvernement afin de permettre une meilleure efficacité et légitimité [Le Heron, 2008 p.116]. A part les nouveaux keynésiens ( qui pensent à l’instar des néoclassiques dont les NEC qu’à long terme la monnaie est neutre), les hétérodoxes ne sont pas pour une politique passive de la banque centrale qui accorde beaucoup d’importance à la ciblage d’inflation comme a été le cas depuis 1990 dans une bonne partie des banques centrales .Si leur conception et leurs assises théoriques se différencient les des autres , l’objectif final de leur analyse est le renforcement de la flexibilité de la banque centrale donc de sa capacité d’agir. Parmi les différentes pistes de réflexion qu’on peut avancer ici, l’analyse monétaire postkeynésienne fait figure au premier plan.
Le prolongement de l’œuvre fondateur de J M Keynes de [1930 ,1936] fait suite à un développement considérable de l’analyse monétaire de ses disciples .Keynes pour faire face aux crises des années trente qu’a traversées la Grande Bretagne a préconisé une politique de relance monétaire dans laquelle l’indépendance de la banque centrale figure est une pièce centrale .A ses yeux, l’ingérence des policy maker ( responsables politiques) dans la gestion monétaire peut annuler les effets attendus d’une relance donc il est capital que la banque centrale dispose d’une indépendance réelle .La finalité de l’argumentation de Keynes a été toujours la relance de l’activité économique dans un contexte marquée par la dépression . Aujourd’hui, la situation s’est inversée, l’indépendance de la banque centrale est imposée partout dans les PED pour éviter le dérapage inflationniste si cher aux disciples de Friedman et aux libéraux .La défense de l’indépendance de la banque centrale n’est plus alors comme au temps de Keynes. Cette indépendance est là aujourd’hui, sous l’impulsion des préceptes monétaristes pour juguler au maximum l’inflation qui est jugée partout comme un phénomène monétaire alors que du temps de Keynes elle a été préconisée en vue d’une relance monétaire. La séparation du pouvoir entre le pouvoir politique et la banque centrale n’est pas fondée pour les keynésiens .A travers la théorie endogène de la monnaie, la plupart des postkeynésiens préconisent une banque centrale active et non plus passive apte à faire face aux défis de relance et de l’ajustement monétaire de l’économie. Evidement avec le concours du pouvoir public, cette option est considérée comme une condition primordiale d’une souveraineté monétaire effective aussi bien dans les PED que dans les pays développés.
La théorie monétaire postkeynésienne est fondée essentiellement sur le caractère endogène de l’offre de la monnaie .Les postkeynésiens Américains [ Kregel , Randall Wray, Arestis, Dow] ,les postkeynésiens français du circuit
[ Piegay, Rochon , Poulon, Parguez] ,les postkeynésiens Anglais [Godley, Kaldor,Deleplace ,Nell] , les postkeynésien canadiens [ Marc Lavoie, Gilles Dostaler] s’accordent à dirent que l’offre de monnaie ne peut pas être fixée d’une façon arbitraire par la banque centrale .Elle est déterminée par la demande de crédit et les préférences du public .C’est le fameux aphorisme selon lequel
« Les crédits font les dépôts » note Marc Lavoie [2004, p.55] dans son œuvre intitulé « L’économie postkeynésienne ».La théorie monétaire postkeynésienne inverse la causalité du sens dépôt-crédit chez les néoclassiques. Les banques n’ont pas forcement besoin de dépôts préalables pour consentir des crédits .La création des crédits et des dépôts bancaires se font sur la seule base de crédibilité et des suretés offertes par l’emprunteur [Heinsonhn et Steiger , 2000] .La monnaie banque centrale comme la monnaie bancaire est endogène et ne peut être fixée de façon arbitraire par la banque centrale. Le volume de monnaie banque centrale est lié aux crédits consentis et à la monnaie bancaire par un diviseur de crédit. La monnaie bancaire n’est pas un multiple de la quantité de monnaie banque centrale, c’est la monnaie banque centrale qui est un quotient de la quantité de monnaie bancaire .Un argument majeur qui conforte l’inversion de la causalité dépôt-crédit chez les postkeynésiens est le fait qu’ils réfutent la théorie wickselienne des fonds prêtables que les nouveaux keynésiens [ Stiglitz, Mankiw , Tobin ] acceptent à l’instar des néoclassiques . Les postkeynésiens contrairement aux néoclassiques avancent que c’est l’investissement qui induit l’épargne et non l’inverse. Il suffit alors la mobilisation des ressources nationales car le financement de l’activité ne dépend plus que de la crédibilité de l’emprunteur et des normes financières existantes. La rareté du financement est conventionnelle [Lavoie, 2004, p .55] .Dans cette optique, ils réfutent l’existence d’un taux d’intérêt naturel et que l’inflation ne peut être causée par un taux de croissance de la monnaie, au contraire c’est le taux de croissance des prix et de la production qui va causer la hausse du stock de la monnaie. La théorie endogène de la monnaie accorde beaucoup d’importance entre l’offre de la monnaie et le processus de production. C’est dans ce sens que la théorie monétaire postkeynésienne est assimilée régulièrement à une « Economie monétaire de production » ou « Economie du circuit monétaire ».Dans le cadre pratique de la politique monétaire, l’endogeneité de la monnaie engendre un caractère fondamental de la monnaie sur lequel repose le principal argument des postkeynésiens face aux attaques virulentes des néoclassique : c’est la « non- neutralité de la monnaie ».Les postkeynésiens ne voient dans l’indépendance des banques centrales qu’une tentative des néoclassiques d’imposer une vision dichotomique de l’ économie entre les phénomènes monétaires , telle l’inflation qui relèveraient de la banque centrale et les phénomènes réels qui relèveraient du marché [Le Heron ,2008, p .117] .Pour les keynésiens , la monnaie n’est pas neutre puisqu’elle agit par le crédit et le taux d’intérêt sur la production et l’emploi .L’hypothèse irréaliste de l’ anticipation rationnelle montre que les agents économiques ne vont pas tenir compte de l’horizon long terme comme conséquence , toute décision de relance ou rigueur adoptée par la banque centrale sera incorporée dans les habitudes de consommation et d’investissement local. Edwin Le Heron [2008] montre que la politique monétaire des NEC inspirés du monétarisme de Friedman peut être résumée à travers la théorie de la crédibilité de la banque centrale. Cette crédibilité est mesurable à travers le taux de réalisation de l’objectif établi qui n’est autre que la maitrise de l’inflation. Pour Edwin Le Heron [Ibid, p.116], les deux hypothèses théoriques fondamentales de l’indépendance des banques centrales : le biais inflationniste et les anticipations rationnelles sont contraires à la réalité des faits et sont aujourd’hui largement remises en question .La position de Maurice Allais [1993] converge aussi dans le sens du renforcement d’un Etat vraiment responsable de sa politique monétaire à l’instar des postkeynésiens. Maurice Allais [1993, p.323] affirme ainsi : «Si nous nous considérons non seulement l’histoire de ces dernières décennies, mais également ces des deux derniers siècles, et sans doute celle de ceux qui les ont précédés, les facteurs monétaires apparaissent certainement comme ayant une importance tout à fait exceptionnelle dans le fonctionnement de toute économie. Si, en effet, des conditions monétaires appropriées ne sont pas assurées, l’expérience montre qu’il ne saurait y avoir ni efficacité de l’économie ni équité dans la distribution de revenus ».
Pour toutes ces raisons évoquées, la culte de stabilité de prix, objectif principal des banques centrales des PED sous ajustement ne rime pas forcement avec le défi de développement des PED .Le principe d’indépendance de la banque centrale -source d’une politique monétaire passive doit être alors remplacée par une banque centrale active apte à faire face au problème majeur des PED : la stagnation. Dans un tel cas de figure, la souveraineté monétaire du pays ne doit plus être remise en cause ce qui renforce la crédibilité et l’efficacité de l’action de la banque centrale. Il est alors temps que les PED changent de cap sous peine de nager dans une sorte de « soumission monétaire chronique » qui les caractérise depuis des décennies.
La Chine , un pays qui n’a jamais eu de relation avec les IBW en particulier avec le FMI mérite ici d’être notée .La chine à l’instar des grands pays développés a toujours conduit à sa guise sa politique monétaire .La performance économique de la chine et la stabilité de sa monnaie n’ont jamais été remises en cause jusque là .Au contraire , sa souveraineté monétaire vis-à-vis de l’ extérieur constitue l’une des pièces centrales de son décollage économique .Il en est aussi des pays pétroliers du moyen orient .Malgré l’exigence et les critiques fréquentes des Etats-Unis et de l’ Europe qui accusent l’autorité chinoise d’avoir appliquer régulièrement une politique de dumping monétaire en sous-évaluant le yuan (la monnaie chinoise) ,la chine tient toujours jusque-là à mener sa politique monétaire à sa guise. La souveraineté monétaire de la chine tout comme celle des pays pétroliers du Moyen Orient n’a jamais été remise en cause .D’une part, ils n’ont pas eu des relations durables avec les IBW (ou pas du tout) .D’autre part, leur situation financière leur ont permis d’avoir une politique monétaire autonome sans trop dépendre de l’extérieur. En tout, leur souveraineté monétaire renforce la crédibilité de la politique monétaire de leur banque centrale .Mais dans la réalité ,le sens de causalité entre la crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale et la souveraineté monétaire reste en suspens.
1-2-3-Souveraineté et crédibilité de la Banque centrale : quelle relation ?

Une question se pose alors : y a –il une relation de causalité entre souveraineté monétaire et crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale ?
Autrement dit est ce que la souveraineté monétaire qui précède et influence la crédibilité de la banque centrale ou c’est l’inverse ? Le premier cas, amène à dire que l’efficience de la politique monétaire résulte avant tout de l’existence d’une certaine souveraineté monétaire jugée indispensable dans la conduite de toutes reformes monétaires et financières envisagées afin de garantir l’indépendance financière. Dans ce sens, les conditions précitées qui cadrent la souveraineté monétaire doivent être remplies entièrement ou partiellement .Des conditions qui stipulent les attributs en matière de frappe et création de monnaie, la capacité institutionnelle .Ce cas de figure , peut être envisagé dans le cas des grands pays industrialisés comme les Etats-Unis , les grands pays Européens membre actuellement de la zone Euro , la Grande Bretagne , le Japon , quelques pays pétroliers du moyen orient et la chine. Ces pays ont eu tous leur souveraineté monétaire au sens large du terme qui les ont permis malgré les tensions qui ont pesées sur leur économie à un certains moments de mener à bien leur politique monétaire par l’intermédiaire de leur banque centrale respective. Par contre, le second cas montre que la crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale est une condition sin qua non pour arriver à la souveraineté monétaire. Aucune souveraineté monétaire ne peut être alors envisagée sans cette crédibilité. Mais de quelle crédibilité s’agit-il ici ? La crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale est généralement définie comme la faculté des autorités monétaires à imposer sa politique monétaire vis-à-vis des objectifs tenus dans le cadrage général de la politique monétaire à un moment donné. D’une autre manière, c’est la faculté de la banque centrale à respecter et faire respecter ses objectifs .Des questions se succèdent pour éclairer ce débat .La Banque centrale peut –elle influencer le marché monétaire comme le stipule son statut ? Arrive-t-elle vraiment à maitriser les variables clés de l’économie ? Dans quelle mesure une détente du taux de base de la banque centrale peut-elle influencer les taux primaires des banques de second rang ? La manipulation des réserves obligatoires peut-elle vraiment influencer les comportements des banques par rapport à leur politique de crédit ? Les réponses à ces questions peuvent être trouvées en analysant les mécanismes de transmission de la politique monétaire mais la crédibilité de la banque centrale est un paramètre à ne pas négliger dans l’analyse. Une crédibilité qui résulte de la combinaison de deux facteurs à savoir le bien fondé de la politique monétaire et la compétence des autorités monétaires. Ce sont principalement les cas des pays émergents d’Asie et d’Amérique latine, les pays Africains. Quelques-uns d’entre eux ont pu reformer leur secteur financier et monétaire avec ou sans assistance des institutions de Bretton woods .Il en ainsi des pays comme , la Malaisie , la Corée du sud , Afrique du Sud .Les autres pays émergents ou non sont toujours à la recherche de la potion magique leur permettant de renforcer la crédibilité de leur banque centrale dans la conduite de leur politique monétaire .
Il est tout à fait difficile alors de se prononcer sur cette question souveraineté monétaire amène-t-elle la crédibilité de la banque centrale ou l’inverse ? Ce qu’on peut avancer, la finalité de toute reforme monétaire et financière est le décollage économique et l’amélioration du sort de la population qui nécessairement vont passer par la croissance économique sans négliger les autres dimensions humaines de l’économie. Logiquement , souveraineté et crédibilité peuvent aller de paire mais il est capital que souveraineté précède crédibilité car, la crédibilité de la banque centrale peut être passagère si le pays en question n’ a pas vraiment sa propre souveraineté monétaire .Les pays émergents d’Amérique latine et d’Asie victimes des crises financières des années 1990 et des années récentes sont des exemples concrets en la matière .
La souveraineté monétaire pour la plupart des PED reste encore une utopie Qu’ils commencent alors à entreprendre les reformes monétaires adéquates pour arriver à ce stade en vue de faire valoir leur indépendance financière. Des reformes qui nécessitent avant tout des projections solides et cohérentes dans l’ensemble mais non pas des reformes à l’aveuglette qui ont prédominé depuis les années 1980 dans ces pays.
Comme on l’a démontré précédemment, la théorie monétaire postkeynésienne offre une alternative prometteuse pour que les PED dans son ensemble puissent reconquérir leur souveraineté monétaire longtemps bafouée par la PAS et par l’asymétrie monétaire au niveau mondial. En tout état de cause, la recherche d'un régime monétaire optimal des PED dépend de deux choses :i) la volonté ou non de ces pays de s'approprier leur souveraineté monétaire, ii) les contextes économiques et les structures économiques de chaque pays. L'essentiel n'est pas alors le fait d'avoir sa souveraineté monétaire mais de maitriser les défis qui en résultent dont la stabilisation monétaire (ce qui n'est pas toujours le cas) et l’utilisation des marges de manœuvre possibles qu’elle offre dans la conduite une politique monétaire vraiment responsable.

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