mercredi 10 mars 2010

LES APPORTS FINANCIERS DES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT : MYTHE OU REALITE ?

La crise financière mondiale se profile encore. Ces dernières années , bon nombre d'observateurs ont été obnubilés par les conséquences en termes réel mais aussi financier de la tempête financière de 2008-2009 aussi bien dans les pays développés que dans les PED. L'augmentation des ressources des IBW , l'APD figurent parmi les principales pistes avancées pour atténuer les répercussions de la crise dans les PED.Si la question relative à l' APD reste encore en suspens -et dépend de la bonne volonté des dirigeants des pays riches du nord (l' APD ne représente qu' à peine 100 milliards de dollars US annuellement depuis 2005), celle relative aux IBW mérite une attention particulière vu le rapport politico-économique qu'elles entretiennent avec bon nombre de PED depuis des décennies. Mais une question demeure, qu'en est -t-il vraiment des apports financiers net des IBW dans ces pays dans le passé pour qu'on puisse imaginer l' éffectivité de cette mesure?
C'est la raison d'être de cet article,fruit de mes humbles réflexions et analyse, évidemment pas exempt de critique.
BONNE LECTURE A VOUS TOUS ET JE M'EXCUSE POUR LES IMPERFECTIONS!!!!

LES APPORTS FINANCIERS DES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT : MYTHE OU REALITE ?

Les apports financiers des IBW ont évolué dans le temps suivant le contexte économique de chaque pays. Si le FMI s’est beaucoup intervenu dans la stabilisation macroéconomique, le financement de la balance des paiements, et la restructuration du secteur financier, la Banque Mondiale s’est beaucoup optée vers le financement des programmes structurels afin de promouvoir le développement.

1. Les apports financiers du FMI

Comme l’a bien noté Michel Lelart [2007, p. 34] dans son œuvre intitulée « Le Système Monétaire International » : le rôle du Fonds Monétaire International a été de donner aux pays membres des moyens d’intervenir sur les marchés pour soutenir leur monnaie et de ne pas les obliger à maintenir ou à rétablir des restrictions. C’est par l’intermédiaire des différents mécanismes de financement des pays en difficulté que le FMI va essayer de remplir son rôle de garant de la stabilité monétaire et financière internationale.
L’assistance financière du FMI en faveur des pays qui demandent son aide a évolué au cours du temps suivant les programmes en vigueur. Le fonctionnement du FMI est généralement basé sur le quote-part. D’une part, c’est le quote-part qui détermine le montant de décaissement autorisé en faveur de chaque pays. D’autre part, c’est encore le quote-part qui détermine les droits de vote . Dans les pays pauvres, la FAS et la FASR des années 1980 a été remplacée par le FRPC à partir de 1999 alors que les pays émergents ont bénéficié de financement via l’accord Stand By ou les Accords de Confirmation. L’évolution et le volume de financement accordé ont évolué suivant le niveau de développement, des besoins financiers du pays assisté mais surtout de la qualité relationnelle avec ce pays. Jusqu'en 1986, le FMI fournit un soutien aux pays les plus pauvres à travers ses instruments traditionnels. Entre 1974 et 1979, en réponse au premier choc pétrolier, seulement huit accords de confirmation et facilités élargies sont approuvés. Entre 1980 et 1984, suite au second choc pétrolier et aux difficultés d'endettement extérieur des PED, le FMI approuve 27 accords de confirmation et facilités élargies. Les instruments traditionnels du FMI ne parviennent toutefois pas à résorber les déséquilibres de ces pays. Le recours aux accords de confirmation, dont la durée est normalement de un an, est critiqué pour leur courte durée. Pour y faire face, le FMI introduit une nouvelle facilité de crédit pour les pays les plus pauvres en mars 1986, appelée Facilité d'Ajustement Structurel (FAS) pour soutenir des programmes d'une durée de trois ans. Ce sont les pays éligibles aux crédits de l'Agence Internationale de Développement (IDA, une filiale de la Banque Mondiale) qui peuvent bénéficier de ces prêts. Ces crédits sont remboursables sur dix ans et leur taux d’intérêt n'est que de 0,5%. Au milieu de 1987, le F.M.I. introduit les FAS renforcées (FASR), pour des montants cinq fois supérieurs à ceux des FAS, avec des financements budgétaires de la France, du Japon et d'autres pays industrialisés. [Patrick Lenain, 2004].
Ce programme sera poursuivi jusqu'en septembre 1999 avec la mise en place de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et de la Croissance (FRPC). Le FMI a déboursé pas mal d'argent pour soutenir la FAS et la FASR. Ainsi au 30 avril 1998, 6,4 milliards de DTS (soit 8,6 milliards de dollars) ont été décaissés en application des 71 accords FASR dont ont bénéficié 48 pays et 1,8 milliards de DTS (2,4 milliards de dollars) au titre d’accords FAS. Contrairement aux pays pauvres, les pays émergents ont bénéficié de traitement spécial de la part du FMI et la Banque Mondiale dans la gestion de la crise d'endettement. Non seulement ces pays constituent l'essentiel des pays en cessation de paiement, mais ils occupent une place importante dans la mise en marche de l’économie mondiale. Le FMI, en particulier face à cette crise, a créé le crédit stand by pour eux. Le crédit stand by est un guichet spécial du FMI destiné principalement aux pays émergents afin qu'ils puissent résoudre leur problème de balance de paiement mais aussi alléger le remboursement de leur dette. En plus de ce crédit, ils peuvent encore bénéficier de crédit de l'accord de confirmation (mécanisme habituel) ou de l'accord élargi (en cas de grand problème financier).
A titre d’exemple, en 1982 le Mexique obtient un accord élargi sur trois ans pour un montant total de 3,6 milliards de DTS ; en 1983 l'Argentine obtient un accord de confirmation et un financement compensatoire pour un montant total de 2 milliards de DTS; le Brésil obtient un accord élargi pour un total de 5 milliards de DTS.


En général, le financement net du FMI en faveur des PED, n’était pas aussi stable qu’on le pense. Le volume de financement net du FMI en faveur des PED est passé de 14,1 à -10,7 milliards de dollars US de 1998 à 2000 et respectivement de 14 à -25,1 milliards de dollars US de 2002 à 2006 .
La tendance baissière (voire même négative) enregistrée depuis 2004 est attribuée aux remboursements de prêt précoce des pays émergents. L’analyse régionale reflète la faible part de l’Afrique Subsaharienne, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, de l’Asie du Sud dans l’activité du FMI. La faiblesse du volume de financement net (positif ou négatif) corrobore ce constat. Par contre, sa présence dans les régions d’Amérique Latine et Caraïbes, l’Europe et l’Asie Centrale, l’Asie de l’Est et Pacifique est remarquable. Le signe négatif du volume de financement net enregistré dans ces régions depuis 2004 reflète le fait que les PED n’ont pas bénéficié du financement net du FMI. Au contraire, les prêts du FMI excèdent largement les remboursements, ce qui est à l’origine de ce flux net négatif enregistré depuis 2004.
En bref, le financement net du FMI a été remarquable en 1998, 2001, 2002, par contre, il a été faible en 1999, 2003, négatif depuis 2004. Ce constat tranche largement l’idée fortement développée par les économistes néolibéraux selon laquelle le FMI joue un rôle capital dans le financement des PED. Au contraire, comme a été le cas depuis 2004, ce sont les PED qui financent le FMI, qu’ils soient pauvres ou non .

Mais la solidité financière future du FMI a été remise en cause ces derniers temps. La réticence des grands pays émergents comme le Brésil, l’Argentine, la prudence des pays asiatiques suite à la crise de 1997, les désordres socio- économiques causés par la PAS appliquées sont les principaux paramètres qui expliquent cette probable crise future du FMI. En mai 2006 l’ancien Directeur Général du FMI, Monsieur Rodrigo de Rato a chargé un comité de personnalités éminentes d’étudier le mode de financement du FMI. Le rapport de ce comité, remis au conseil d’administration et publié en janvier 2007 concluait que le mode de financement actuel du FMI, selon lequel le revenu de l’institution provient essentiellement des intérêts qu’elle perçoit sur ses prêts, n’était pas adapté compte tenu de la grande diversité de ses fonctions et attributions. Le comité recommandait un nouvel ensemble de mesures, notamment le développement des activités d’investissement et l’assouplissement des règles en la matière, la création d’une dotation au moyen de la vente d’une quantité limitée du stock d’or du FMI, et la facturation des services fournis aux pays membres. Lors de sa réunion d’avril 2007, le CMFI a indiqué que le rapport du comité offrait «un point de départ solide pour la poursuite des travaux en vue de la mise au point d’un nouveau modèle visant à élargir la base de revenu». Le Conseil d’administration a engagé la réflexion sur un mode de financement pouvant recueillir un large soutien parmi les pays membres du FMI [FMI, 2007, p18]. A la fin de l’exercice 2007 (30 Avril 2007), l’encours des crédits du FMI était tombé à 7,3 milliards de DTS, contre 19,2 milliards en avril 2006 (Cet encours de crédit était 100 milliards de dollar US en 2003), en raison de la poursuite des remboursements anticipés et de la faible ampleur des nouveaux décaissements. Les nouveaux engagements du FMI ont fortement baissé: ils sont descendus à 237 millions de DTS durant l’exercice 2007, contre 8,3 milliards de DTS pendant l’exercice précédent (2006), deux nouveaux accords de confirmation ayant été approuvés en faveur du Paraguay et du Pérou. Sept accords de confirmation ou accords élargis étaient en vigueur en fin d’exercice, dont quatre sont considérés comme ayant été conclus à titre de précaution, les emprunteurs ayant fait part de leur intention de ne pas les utiliser. Fin avril 2007, le montant non tiré au titre des accords de confirmation ou des accords élargis en vigueur était de 3,9 milliards de DTS [FMI, 2007, p39] .
Ces dernières années, bon nombre des PED surtout les pays émergents bénéficiant de la bonne santé de leur économie mais aussi jugeant les conditionnalités du FMI trop dures, ont essayé de contourner cette institution via le remboursement précoce de leur dette vis-à-vis de cette institution. Le remboursement total des prêts de ces pays vis-à-vis du FMI a atteint la somme astronomique de 28 milliards de dollars US en 2006 contre 44 milliards de dollars en 2005. A titre d’exemple, en 2006 l’Argentine a remboursé 9 milliards de dollars US de sa dette à l’égard du FMI, 8 milliards de dollars US pour l’Indonésie, 7,5 milliards de dollars US pour la Turquie, 2,5 milliards pour l’Uruguay. Ces paiements précoces du remboursement et/ou le remboursement intégral de la dette de ces pays (Venezuela) vis-à-vis du FMI leur redonnent une certaine autonomie dans la conduite de leur politique financière et donc de reconquérir avec fierté leur indépendance financière longtemps bafouée par les conditionnalités des IBW. Par contre, les pays pauvres prisonniers de la stagnation de leur économie et faute de solution alternative viable restent fortement dépendants du financement du FMI à travers les différents mécanismes relatifs aux accords FRPC et les conditionnalités relatives à l’initiative PPTE et l’IADM conjointement menées avec la Banque Mondiale. D’après Michel Lelart [2007, p.81] au 30 avril 2006, l’aide accordée par le fonds a atteint 328 milliards de DTS, soit 482 milliards de dollars US. Il s’agit là du total des tirages effectués depuis près de soixante ans par tous les pays membres. Le rôle du fonds est devenu plus qualitatif que quantitatif d’autant plus que les pays remboursent maintenant plus qu’ils ne lui empruntent, surtout depuis 2004.Voilà comment la dépendance financière des PED à l’égard du FMI est remise en cause ces dernières années. Ce qui n’empêche pas que bon nombre d’entre eux restent encore largement tributaires de son financement qui reste quand même une goutte d’eau par rapport à leurs besoins financiers.


Si tel a été le cas des apports financiers du FMI, qu’en est-il de la Banque Mondiale?

2. Les apports financiers de la Banque Mondiale

La Banque Mondiale est l’organisme international sur lequel repose le financement de bon nombre des PED. Dans le cadre du PAS des années 1980, et jusqu’à la fin des années 1990, les pays pauvres ont pu recourir au financement du Crédit d’Ajustement Structurel (CAS) via le financement de l’IDA (filiale de la Banque Mondiale). A partir de 1999-2000, ils ont eu recours au crédit relatif au DSRP toujours financé par l’IDA. Les pays émergents quant à eux ont bénéficié du financement du BIRD (Filiale de la Banque Mondiale). Les deux groupes de pays peuvent recourir aussi au financement de la SFI (Société Financière Internationale) et de l’Agence Multilatérale de la Garantie des Investissement (AMGI). Forte de ses ressources, la Banque Mondiale dispose d’une certaine souplesse financière par rapport au FMI. Régulièrement son volume de financement est largement au-dessus du volume de crédit accordé par le FMI, surtout dans les pays pauvres.
Dans l’ensemble, les prêts de la Banque Mondiale en faveur des PED ont enregistré une tendance à la hausse à partir de 2004 après une période d’accalmie observée entre 2003 et 2004. Ces prêts sont passés ainsi de 19519,5 à 20079,8 millions de dollars US de 2002 à 2004 et 24195,8 millions de dollars US en 2007. En Afrique Subsaharienne, ces prêts sont passés de 3793,5 à 4115,9 milliards de dollars US de 2002 à 2004 et 5796,9 milliards en 2007. Cette hausse significative enregistrée depuis 2005 marque la forte présence de la Banque Mondiale dans cette sous-région de l’Afrique. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la forte hausse des prêts enregistrée jusqu’en 2006 a été interrompue en 2007. Par contre, contrairement à l’Afrique, les autres régions sont marquées par une période d’instabilité des prêts .
La répartition régionale des prêts de la Banque Mondiale est marquée par une prédominance et une quasi-stabilité de l’Afrique Subsaharienne, de l’Amérique Latine et Caraïbes, de l’Asie de l’Est. La prédominance de l’Europe et de l’Asie centrale qui marque la période 2002-2003 s’est renversée à partir de 2004 en faveur de l’Afrique Subsaharienne, l’Amérique Latine et Caraïbes. Enfin, il est une évidence que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord n’occupent qu’une faible part des prêts de la Banque Mondiale .
Il est important de rappeler que le principal financement de la Banque Mondiale se fait soit par le financement de l’IDA principalement destiné aux pays pauvres, soit par le financement du BIRD, prérogative des pays émergents et/ou des pays à revenu moyen (revenu intermédiaire).
Le financement de l’IDA est marqué par la prépondérance de l’Afrique qui a absorbé un volume de prêt de l’ordre de 5,8 de dollars pour l’exercice 2007, soit 49% du total des engagements de l’IDA. L’Asie du Sud avec un volume de financement estimé à 4milliards de dollars US (34%) arrive en seconde position, suivie de l’Asie de l’Est et Pacifique qui bénéficient de 1,2 milliards de dollars US de financement (10% du total). Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’Amérique Latine et Caraïbes ont absorbé chacun 2% du financement de l’IDA en 2007 [Banque Mondiale, 2007]. Il est aussi important de noter que les principaux bénéficiaires des financements ont été l’Inde (2,3 milliards de dollars), le Pakistan (0,9 milliard de dollars) et le Nigeria (0,8 milliard de dollars). Les engagements de la BIRD sont marqués par la domination, une prédominance des pays émergents. La majeure partie des prêts de la BIRD est allée à la Région Amérique Latine et Caraïbes, avec 4,4 milliards de dollars (soit 34 % du volume des engagements de la BIRD). D’après la Banque Mondiale [2007], la Région Europe et Asie centrale s’est classée en deuxième position avec 3,3 milliards de dollars de financements (26 %), suivie en troisième position par la Région Asie de l’Est et Pacifique avec 2,8 milliards de dollars (22 %). Alors que les cinq plus gros Emprunteurs de la BIRD, à savoir l’Argentine, la Chine, l’Inde, la Turquie et la Colombie, ont reçu 52 % du volume global des prêts accordés par l’institution durant l’exercice 2006, ils ont absorbé 56 % du montant total des engagements de la BIRD pendant l’exercice 2007.
Mais cette analyse basée sur l’évolution des prêts bruts de la Banque Mondiale masque une vérité qui tranche largement avec les discours habituels des IBW. En effet, ces flux de prêts bruts ne tiennent pas compte des remboursements des prêts des PED. Il est tout à fait normal alors d’intégrer ces remboursements si l’on veut vraiment comprendre l’effectivité des financements réels (financement net) de la Banque Mondiale dans les PED.
En termes global, le financement net de la Banque Mondiale en faveur des PED a été plus important de 1998 à 2001, passant respectivement de 8,7 à 7,5 milliards de dollars US. Ce qui signifie que durant cette période, la Banque Mondiale a accordé plus de financement que de remboursement de sa dette de la part des PED. Cette tendance s’inverse à partir de 2002 avec un volume de financement net négatif qui se poursuit jusqu’en 2006. Ainsi, le financement net de la Banque Mondiale en faveur des PED est passé de -0,2 à -2,4 milliards de dollars US de 2002 à 2006 .
L’analyse sur le plan régional montre que l’Afrique bénéficie d’un volume de financement net positif tout au long de la période considérée, passant respectivement de 1,3 à 2,2 milliards de dollars US de 1998 à 2002 et 1,8 milliards de dollars US en 2006. Par contre, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le flux de financement net de la Banque Mondiale a été toujours négatif (ou nul en 2005) pour passer de -0,2 à -0,9 milliards de dollars US de 1998 à 2006. Dans les autres régions, des PED n’affichent pas une tendance claire et remarquable de l’activité de la Banque Mondiale. On peut constater quand même qu’en général jusqu’en 2001, elles ont affiché un flux de financement net positif, une situation qui se détériore à partir de 2002 .
Contrairement au FMI, la Banque Mondiale n’affiche pas encore un signe de problème de liquidité. La largesse de ces ressources et la bonne santé financière de ses filiales (au détriment des PED) constituent les causes principales de la solidité financière de la Banque Mondiale. En 2006, emboîtant le pas aux autres grands pays émergents, le Mexique a décidé de rembourser 9 milliards de sa dette vis-à-vis de la Banque Mondiale. En effectuant ce remboursement précoce, le Mexique, à l’instar des autres pays émergents, veut aussi prendre une certaine distance vis-à-vis de la Banque Mondiale et du FMI.
3. Les apports financiers des IBW dans l’ensemble

L’Analyse précédente nous a permis d’appréhender les apports financiers des IBW (FMI et Banque Mondiale) séparément. Cette analyse a été capitale dans la mesure où elle nous a permis d’évaluer les apports individuels de ces deux institutions. Mais la complexité et la coopération existante entre ces deux institutions nous incitent à les insérer dans le même caniveau.
On peut constater que le financement net des IBW en faveur des PED dans l’ensemble a été négatif depuis 2004. L’Afrique Subsaharienne affiche un flux de financement net positif pendant la période considérée passant respectivement de 1 à 2,7 milliards de dollars US de 1998 à 2002 et 1,9 milliards de dollars US en 2006. Le Moyen-Orient (sauf en 1999) a toujours enregistré un flux de financement net négatif passant respectivement de -0,2 à -1 milliards de dollars US de 1998 à 2006. En Asie du Sud, ce financement net des IBW est passé respectivement de 0,4 à 1,7 milliards de dollars Us en 1998 et 2006. En Amérique Latine et Caraïbes, il est passé de 4,9 milliards de dollars US en 1998 à -15,3 milliards en 2006. En Europe et Asie Centrale c’était 6,8 milliards de dollars US en 1998 et -5,3 en 2006. Enfin en Asie de l’Est et Pacifique, ce flux net est passé respectivement 9,8 0 -9,4 milliards de dollars US de 1998 à 2006 .
L’Afrique Subsaharienne a toujours enregistré un flux de financement net positif. On constate qu’à partir de l’année 2004 la plupart de ces sous-régions des PED ont affiché un flux de financement négatif des IBW. C’est le cas de l’Amérique Latine, de l’Europe et Asie Centrale, de l’Asie de l’Est et Pacifique. L’Asie du Sud a toujours affiché un flux de financement net positif (sauf en 2003). Par contre, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont enregistré un financement net négatif (sauf en 1999).
Le flux de financement net négatif (et inversement) reflète le fait que le montant de remboursement du prêt des ces pays vis-à-vis des IBW a excédé le volume de prêt accordé par ces deux institutions pour une période donnée (année ici). Cette situation reflète une certaine indépendance financière de ces pays vis-à-vis des IBW. En assurant le remboursement de leurs dettes vis-à-vis des IBW, les PED qui dégagent un flux de financement net négatif sont considérés comme des pays qui affichent déjà une certaine forme d’indépendance financière vis-à-vis des IBW.
Ces dernières années (depuis 2004) , les PED dans leur ensemble, l’Amérique Latine, l’ Europe et Asie Centrale, l’Asie de l’ Est et Pacifique , le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, en affichant un flux de financement net négatif des IBW, peuvent être considérés comme des régions moins indépendants financièrement des IBW. Par contre, l’Afrique Subsaharienne et l’Asie du Sud, avec un flux de financement net positif de 1998 à 2006 affichent une certaine forme de dépendance financière vis-à-vis des IBW


Malgré cette tendance vers une certaine autonomie financière de certaines régions (pays) des PED, l’expérience passée montre que la plupart d’entre eux ont demandé d’une façon prolongée l’assistance financière des IBW. On part ici de l’assistance financière à l’assistanat financier.

4. Controverse entre assistanat ou assistance financière

Les recours prolongés aux prêts des IBW sont sans aucun doute la forme la plus simple qui caractérise la dépendance financière d’un pays vis-à-vis des IBW. En demandant régulièrement l’assistance financière des IBW, le pays en question n’est plus dans une situation d’assistance financière passagère (conjoncturelle) mais passe dans un stade d’assistance financière structurelle. Le déséquilibre chronique de son secteur financier (finances publiques) et de sa position extérieure (Balance des paiements, endettement extérieur) et la stagnation de son économie incitent ces pays à demander régulièrement l’assistance des IBW faute de solution alternative viable. Ces recours prolongés aux prêts des IBW s’expliquent principalement par le sous-développement du secteur financier domestique, le problème institutionnel, l’inexistence d’autres sources de financements extérieurs.
Pendant la période 1971-2000, 51 des 128 pays emprunteurs ont été des utilisateurs persistants du prêt du FMI.
Les recours prolongés aux programmes appuyés par les IBW soulèvent des questions qui sont au centre de récentes controverses concernant le rôle de ces institutions dans les pays qui ont besoin d’une plus longue période d’ajustement. Dans le cas du FMI, certains détracteurs estiment que cette utilisation prolongée constitue une entorse à la mission traditionnelle du FMI qui est de soutenir temporairement la balance des paiements et conduit à penser que les programmes appuyés par le FMI ne sont pas efficaces. D’autres observateurs jugent que le recours fréquent aux crédits du FMI peut se justifier dans des pays dont les problèmes d’ajustement sont profondément endémiques et qu’il est totalement compatible avec la mission du FMI.
Un pays comme Madagascar par exemple est essentiellement et régulièrement financé par l’extérieur. En effet, depuis 1997 , le budget d’investissement de ce pays a été financé à 70% par l’extérieur (Banque Mondiale, FMI, BAD, Union Européenne) sans tenir compte des flux publics et privés relatifs aux ONGs, actions humanitaires, etc. Les recettes fiscales servent seulement alors à financer le budget de fonctionnement (environ (55% du budget total) et une partie du budget d’investissement (45 % du budget total) alors même que le pays a besoin de financement pour doper son économie et pour éradiquer la pauvreté qui touche encore 75 % de la population en 2006 [Banque Mondiale, 2008]. Les promesses du MAP ( Madagascar Action Plan ) qui cadre grosso modo les feuilles de route du deuxième mandat (2007-2012) de Ravalomanana Marc ( ex président depuis mars 2009 )offre un espoir de développement à la population longtemps marquée par le désespoir total, même si son financement reste encore à trouver auprès des partenaires habituels (pays riches, les IBW,Union Européenne). Les trois phases de l’ajustement structurel en vigueur i) le FAS du FMI et le CAS de la Banque Mondiale des années 1980; ii) le DCPE I (1996-1999) et le DCPE II (1999-2001); iii) le FRPC du FMI de 2001 à nos jours (avec le nouvel accord de juillet 2006) et le DSRP de la Banque Mondiale (1999-2006), n’ont presque rien apporté à Madagascar en matière de développement et de performance économique malgré la croissance économique soutenue de l’ordre de 4,5% du PIB de 1997 à 2006 (à l’exception de l’année 2002 caractérisée par la crise postélectorale qui a causé une régression de -10% du PIB). Pepe Andrianomanana [2001], dans son étude en collaboration avec l’Université de Harvard sur le compte de l’USAID-Madagascar a pu décortiquer d’une manière synthétique les forces et faiblesses du secteur financier de ce pays. Les recommandations formulées dans cette étude ont pu réformer le système financier malgache avec des résultats plus mitigés vu la réticence des dirigeants à adopter des mesures qui pourront les déstabiliser, les obstacles institutionnels et la mainmise des IBW. Les différents programmes successifs en partenariat avec les IBW n’ont pas empêché la Grande Ile d’être classée 146ème sur 177 en 2005 au niveau mondial en matière de développement humain affichant un indice de développement de l’ordre de 0,49 et un PNB par habitant de l’ordre de 280 dollars pour une année [PNUD, Rapport sur le développement humain 2005]. Est-ce qu’une manière de dire que Madagascar n’a jamais eu besoin (n’aura jamais besoin) des IBW? Ce qu’on peut avancer, dans les contextes actuels, l’abandon des IBW n’est pas une bonne chose pour Madagascar car il aura toujours besoin de ces deux institutions, rien que pour son image vis-à-vis des créanciers (s’il y en a vraiment qui vont s’intéresser, à part les industriels de la zone franche attirés par la faiblesse du coût de la main d’œuvre locale). L’Union Européenne à travers le FED (Fonds Européen de Développement) reste le deuxième bailleur de fonds de ce pays (après la Banque Mondiale) avec une contribution moyenne annuelle de 80 millions d’Euros de 1999 à 2007. Le 10ème FED, un programme de financement estimé à hauteur de 462 Millions d’euros pour la période 2008-2013 reflète la satisfaction de l’Union Européenne en matière de performance économique. C’est donc un prolongement logique du 9ème FED (terminé en 2007) dont le décaissement effectif est estimé à 447 millions d’euros. La Banque Mondiale (premier bailleur de fonds) quant à elle intervient à hauteur de 140 Millions d’euros annuellement depuis 1997. La mobilisation des ressources intérieures reste toujours une alternative prometteuse face aux échecs des politiques économiques passées sous l’égide des IBW. En effet, la Banque Mondiale elle-même estime que rien que les ressources minières (pierres précieuses, or,), environ 150 millions de dollars US échappent chaque année à la caisse de l’Etat alors que le FRPC (2001-2005) du FMI (déjà réparti en trois tranches) n’a été seulement que de l’ordre de 100 millions de dollars US. L’annulation de la dette dans le cadre de l’initiative PPTE dont ce pays a bénéficié a fait régresser sa dette de 4,3 milliards de dollars US avant le point de décision (vers 2001) à 1,5 milliards de dollars en 2007 (soit environ 90 dollars par citoyen malgache) après les mesures successives d’annulation relatives au point d’achèvement (vers fin 2005). Ces mesures d’annulation de la dette, vu leur caractère purement comptable, n’ont pas pu influencer d’une manière significative les conditions de vie de la population à qui elles ont été destinées. La situation s’est même empirée car elles ont entraîné une réduction drastique des transferts effectifs des IBW et des pays riches. La majorité des pays de l’Afrique subsaharienne (à part l’Afrique du Sud, Botswana, Maurice, Seychelles, Gabon) affichent la même configuration que Madagascar. Toutefois ils se différencient les uns des autres par leur structure économique, leur système politique et les cadres institutionnels en vigueur.

Généralement, il s’avère que l’utilisation prolongée des ressources des IBW tend à devenir un problème chronique, car peu de pays parviennent à y renoncer. Ceci s’explique par le fait que les utilisateurs persistants font généralement face à des déséquilibres plus marqués et à des problèmes plus profondément enracinés que les autres pays qui reçoivent le concours des IBW. Cependant, ces caractéristiques n’aboutissent pas nécessairement à une utilisation prolongée, surtout si elles sont bien prises en compte dans la conception des programmes d’ajustement.
Une chose est sûre, les recours prolongés aux prêts des IBW mettent les pays demandeurs dans une forme d’assistanat financier qui constitue à la fois les causes et les effets de la stagnation économique de ces pays. Ce genre d’assistanat financier amène régulièrement les dirigeants de ces pays dans une certaine forme de laxisme budgétaire au détriment de la population à travers le remboursement de la dette et les conditionnalités des différents programmes d’ajustement en vigueur .
Une chose est sûre, la crise financière récente a largement fragilisé la situation financière des PED , mais elle n’ a pas changé pour autant la configuration des rapports politico-financiers entre les PED et les IBW. Malgré les signes de changement superficiels observés au niveau de la Banque Mondiale et du FMI ( avec Dominique Strauss Khan –d’’orientation keynésienne) ces dernières années , le consensus de Washington reste en vigueur et va encore constituer la doctrine fondateur des IBW dans les années à venir.

IL EST TEMPS PEUT ETRE QUE LES PED PRENNENT EN MAIN LEUR DESTIN.
LA BALLE EST DANS NOTRE CAMP!!!!

jeudi 24 septembre 2009

LE SOMMET DU PITTSBURGH : DE LA PAROLE AUX ACTES ?

Voilà , aujourd"hui le 24 septembre 2009 s'ouvre le sommet du Pittsburgh qui va reunir sur la table de négociation les dirigeants du G20 ( le G8 plus les principaux pays émergents ) .Pour les uns , cette date restera dans les annales de l'histoire économique du monde du XXI ème siècle , pour les autres , ce n'est qu'un sommet parmi tant d'autres .IL est évident , le seisme financier du 2008 et ses effets de contagion qui se font sentir encore aujourd"hui montrent que l'architecture et le mode de fonctionnement du Système Financier International ( SFI ) merite une reforme en profondeur .D'ici et là , des multitudes de propositions naissent de la part des dirigeants , des économistes renommés ou des responsables des grands organismes internationaux . Effectivement , c'est l'éffectivité et la faisabilité de ces différentes propositions qui posent problème et les dirigeants du G20 lors de ce sommet du Pittsburgh sont sensés se pencher là dessus.
Reconnaissons le , il est extremement difficile d'avancer dans quelques lignes , les grandes lignes de ce sommet mais on va seulement ici éssayer d'etayer notre point de vue focalisant l'analyse sur les principaux points qui doivent guider ce sommet qui s'annonce GRANDIOSE .

Adopter un projet de reforme du SFI n'est pas chose facile . Il faut savoir les principaux points sur lesquels la négociation doit s'orienter . A l'allure des tendences récentes et de la crise que nous traversons encore ,cinq poins meritent l'attention des dirigeants lors de ce sommet:
i) Les paradis fiscaux ;
ii) Les bonus des traders;
iii) La mise en place des normes qui regissent le SFI;
iV) L'équité des membres au niveau des organistations internationales ( FMI , Banque mondiale );
v) Les ressources des organisations internatinales ( FMI , BM ).

Parmi ces différets points , seulement le point i) (les paradis fiscaux ) et v) ( les ressources des organisations internationales ) qui ne doivent pas poser problème lors de ce sommet .La discussion sur les poins ii) ( bonus des traders) , iii) ( la mise en place des normes ) , iv) ( l'équité des membres ) ne sera pas facile . Lors de ces différentes interventions , le Président Obama a dejà fait savoir à plusieurs reprises qu'il n'est pas du tout d'accord pour la fixation du salaire des traders( à vrai dire les bonus des traders) . Dans un pays comme les Etats-Unis où le système financier pèse lourd ,il est est extremement difficile d'imaginer que le président va prendre une mesure à l'encontre du mecanisme autoregulateur du marché , principale éssence du modèle économique américain .Là , on voit bien que le liberalisme économique est largement ancré au plus haut sommet de l' administration américaine . De l'autre coté de de la pendule , le Président Sarkozy est farouchement opposé à ce genre de pratique qui selon lui constitue le point focal de la crise récente .La différence entre la legislation de chaque pays constitue un problème majeur de la mise en place des normes universeles qui doivent regir le SFI . L' echec de Bale II ( qui n' a jamais eu la faveur des USA ) en est un exemple formel sans oublier les pays émergents qui commence aussi à se faire entendre.En ce qui concerne le dernir point : l'équité du pouvoir des pays membres des organismes internationaux , il ne faut pas rever , le monde de la finance ressemble beacoup à une vie dans la jungle , c'est la loi du plus fort qui prime ,et quand on dit plus fort , c'est avant tout les USA et l' Europe , après les autres .On connait la règle , la BM est réservé à un ressortissant américain , le FMI est pour l'Europe , c'est ainsi .
Grosso modo , si les Etats-Unis et la Grande Bretagne ne sont pas pour une reforme en profondeur du mecanisme du laissez- faire du marché ( base meme du système financier anglo-saxon),les européens sous l'mpulsion du couple Sarko-Merkel avancent une regulation en profondeur du SFI . Les pays émergents au premier rang desquels la Chine ( bailleurs des Etats-Unis) , le Brésil , l'Inde vont éssayer de peser dans la balance lors de ce sommet, mais il semble que la vraie discussion sera focalisée sur la position et l' équilibre de l' antagonisme Etats-Unis/Europe.
Comme disait l' économiste américain Galbraith :"Le système capitaliste est instable par nature surtout dans sa prime jeunesse" . Le système capitaliste des pays du G20 ( surtout celui du G7) est surement mature depuis longtemps , mais le capitalisme financier et la quete de rendement execessif à la lumière du modèle de ces dernières années est encore jeune . Il est temps surement de remettre en cause ce système à vide de sens ( le librelisme à tout va )et de reflechir sur la possibilité de la mise en place d'un système financier regulé .
Parmi les différents modèles alternatifs proposables , le keynesianisme ( dans sa version deguisée comme le font bon nombre de politiciens ou pure ) fait figure au premier plan .Alors pour finir , à l'instar du précedent sommet de Londres du 02 avril dernier , il y aura des bonnes déclarations issues de ce sommet , mais l'effectivité des mesures prises resteront encore du domaine de l'incertain.

En attendant , le système financier commence à retrouver son rythme d'avant crise si l'on se réfère aux principaux indices boursiers et les principaux indicateurs des grands pays malgré le marasme économique du secteur réel ( chomage , etc) .

dimanche 23 août 2009

HOMMAGE AU Pr PEPE ANDRIANOMANANA :LA POLITIQUE DE CHANGE DE MADAGASCAR DANS LE CADRE DE L 'AJUSTEMENT STRUCTUREL

Il y a à peine une semaine , le 17 Aout 2009 ,le Pr Pépé ANDRIANOMANANA vient de nous quitter à l' age de 64 ans suite à une grande maladie .Faisant parti de ses anciens étudiants , c'était avec grande tristesse que j'ai pu lire cettez mauvaise nouvelle pour la première fois le mardi 18 aout en surfant sur le site de Wanadoo Madagascar . C'est la vie , tout le monde va partir tot ou tard , il nous a juste devancé . On ne peut pas réécrire l'histoire dit -on ,Pépé et Parti mais ses oeuvres et enseignement demeurent sans oublier les fruits de plusieurs generations passés sous sa direction ou des simples étudiants .
Pour rendre hommage à ce grand Professeur Pépé ANDRIANOMANANA , un spécialiste reconnu de l' économie monétaire à Madagascar mais aussi en Afrique , dans le cercle trés fermé du FMI et de la Banque Mondiale , c'est avec plaisir que je vous livre mes humbles reflexions sur la politique de change de Madagascar depuis la période d'ajustement.C'est juste l'hommage d'un jeune économiste ( moi ),qui a eu l'occasion et le privilège de faire son memoire de maitrise ( LE SECTEUR FINANCIER ET LE SECTEUR REEL DE L 'ECONOMIE MALGACHE A L 'AUBE DU XXI ème SIECLE )avec cet économiste hors paire qu'est PEPE ( comme on l'appelait toujours , ).Il est évident , les reflexions qui ressortent de cet article n'engagent en rien celles du Pr PEPE , c'est une variante en quelque sorte du domaine de l' Economie monétaire dans lequel le Pr Pépé a brillé par la rigeur de ses analyses .En somme , le Pr Pépé part , ses oeuvres , ses écrits et sa pensée vont encore guider bon nombres d'économistes malgaches , politiciens dans les decennies à venir . .Une chose est sûre , le cafeteria du Motel d' Anosy ( là où il se rendait regulièrement tous les jours papoter avec ses amis et surtout faire le point sur l'avancement de ses étudiants dans leurs memoires ou leurs thèses ) a perdu quelqu'un qui a marqué le lieu , mais c'est c'est l' Université d'Antananarivo , en particulier le Département Economie qui perdu son pillier .Esperons que les jeunes rélèves ( sans oublier la compétence des autres professeurs encore vivants ) dont Mamy Ravelomanana ,les jeunes profs (que je connaissent pas personnelllement ) ,et évidemment SHADOW ( celui du tafatafa )seront à la hauteur du vide que Pépé nous a laissé et que Madagascar puisse arriver à appliquer une politique monétaire responsable et souveraine- un combat qu'il a toujours mené avec acharnement et rigeur.ALORS PARTEZ EN PAIX MONSIEUR LE PROFESSEUR PEPE , ON PENSE A VOUS


BONNE LECTURE A VOUS TOUS ET BONNE CRITIQUE

LA POLITIQUE DE CHANGE DE MADAGASCAR DANS LE CADRE DE L’AJUSTEMENT STRUCTUREL :DU REGIME DE DEVALUATION SUCCESSIVES DES ANNEES 1980 AU FLOTTEMENT LIBRE D’APRES 1994
Introduction
Depuis des siècles et de nos jours, la sphère monétaire constitue une branche fondamentale de l’économie. Les crises financières récurrentes des pays émergents des années 1990 et des années subséquentes mais aussi la vulnérabilité financière des PMA montre à quel point le régime monétaire des PED constitue le noyau dur de leur système financier .Ce constat met en exergue la problématique de la souveraineté monétaire des PED dans une perspective historique mais aussi celle récente. Le Système Monétaire International (SMI) d’aujourd’hui comme celui d’après guerre est marqué par une forte domination du dollar américain. L’hégémonie du dollar est une évidence malgré les disfonctionnements qu’a traversés l’économie américaine. Les Etats-Unis avec sa monnaie restent le cœur du SMI , alors que de l’ autre coté , il y a la périphérie essentiellement constituée des PED (émergents , et PMA) et les autres pays industrialisés .Le régime de change des PED est de plus en plus disparate dans un monde fortement financiarisé [Allegret Jean , 2005] .La dollarisation (et l’ euroisation ) des PED (Colliac [2006 ], Sorocco [ 2005] ,Minda [ 2005] ,Salama [ 1988] ) ;les régimes de currency board (Ponsot [2004], Duburq [2006] ) ;le régime de zone franc en Afrique (Sandreto [ 1994] ,Benoit Claveranne [2005] ,Célestin Monga et Jean Claude Tcatchouang [1996] ,Michel Lelart [2003, 2007] ,Hakim Ben Hammouda [2001]) sont les preuves tangibles qui corroborent le fait que les PED sont condamnés d’avance à vivre dans une sorte de « soumission monétaire » malgré leur bonne volonté de mettre en place une politique monétaire et financière responsable .Le déséquilibre croissant des rapports financiers et monétaires au niveau mondial débouche régulièrement à une sorte d’asymétrie monétaire du SMI qui s’explique par la perte progressive ou totale de la souveraineté monétaire des PED .Devant une telle situation ,pour faire face au défi de développement et aux reformes qui s’ensuivent , bon nombre des PED ont essayé de mettre en place une politique financière responsable jugée apte à faire face au sous-développement de leur secteur financier. Si dans certains pays à l’instar des grands pays émergents asiatiques d’aujourd’hui ( Singapour ,Chine , Thaïlande , Indonésie , Malaisie ) ou de quelques pays de l’ Amérique latine ( le Brésil , Argentine , Mexique ) le résultat était presque au rendez-vous , dans bon nombre de pays constitué principalement des PMA ,la stagnation et la pauvreté constituent encore les deux maux qui les rongent .Fautes de ressources suffisantes et face à leur besoins de financement pour faire face à la crise d’endettement international des années 1980 , bon nombre des PED ont été obligés d’appliquer la Politique d’ Ajustement Structurel (PAS) imposées par les Institutions de Bretton Woods (IBW) . Cette politique a mis d’office ces pays sous tutelles financières des IBW avec les conditionnalités qui s’ensuivent .Comment un pays comme Madagascar a pu gérer sa politique monétaire durant la période d’ajustement structurel qui date du début des années 1980 ?Pour être précis cette étude sera consacrée particulièrement à la politique de change de Madagascar .D’une autre manière quelle était l’éffectivité de la politique de change de Madagascar durant la période d’ajustement ?Les éléments de réponses à cette question nous incite à voir successivement ci-dessous : i) un bref rappel de la relation entre les IBW et les PED en matière monétairer ;ii) la période de change fixe d’avant 1994 marquée par une dévaluation successives ;iii)la période de change flottant d’après 1994 marquée par une dépréciation en cascade de la monnaie malgache; iv)quelques pistes de réflexion pour une politique de change responsable
Développement
I-Bref rappel de la relation entre les PED et les IBW en matière monétaire
La Politique d’Ajustement Structurel (PAS) des années 1980 a mis bon nombre des PED sous tutelle financière des Institutions de Bretton Woods (IBW) avec les conditionnalités qui s’ensuivent .La PAS est un domaine très vaste ,mais ici l’analyse sera surtout focalisée dans le cadre monétaire en particulier la politique de change .
Dans quelle mesure alors les coopérations avec les IBW remettent en cause la souveraineté monétaire des PED sous ajustement ? Les accords de coopération avec les Institutions de Bretton Woods (IBW) influent –ils d’une manière significative la souveraineté et la gestion monétaire des pays sous ajustement ? Voilà les deux questions centrales qui méritent d’être posées ici.
On sait, au centre des relations avec les IBW se trouvent des conditionnalités qui cadrent les négociations avec les Etats membres en besoin de financement. Si dans le cadre général , le FMI est tenu à faire respecter l’équilibre macroéconomique via un cadrage pointu des critères à respecter , la Banque mondiale est traditionnellement tenu à financer le développement dans toutes ses dimensions avec des résultats plus mitigés qu’on connait déjà .A coté de la rigueur budgétaire , des mesures de libéralisation et des autres critères retenus dans les dix commandements du Consensus de Washington , la rigueur monétaire fait figure parmi les critères vedettes de la Politique d’Ajustement Structurel ( PAS).Le FMI en particulier fait de ce critère de rigueur un dogme. Se référant à l’ article IV du FMI , Michel Lelart [2007,p.73] résume d’une manière synthétique les contraintes qui pèsent sur les PED dans le cadre de la PAS : « Chaque pays s’efforcera d’orienter sa politique économique… ,il ne doit pas l’orienter mais seulement s’efforcer de le faire ; chaque pays cherchera à promouvoir la stabilité …,il ne doit pas la promouvoir mais seulement chercher à le faire ;enfin, chaque pays évitera de manipuler les taux de change …, il ne lui est pas interdit de manipuler les taux de change , il doit seulement éviter de le faire ».En Afrique , comme dans les pays émergents , le FMI a été toujours présent dans le cadrage de la politique monétaire . La programmation financière (y compris monétaire) des pays sous ajustement doit avoir l’aval du FMI sinon, le déblocage des fonds ultérieurs et des programmes y relatifs pourraient être suspendus. Encore , dans bon nombre de pays, le FMI n’hésite pas à interférer directement dans leur gestion monétaire .L’article IV du FMI stipule qu’un pays peut choisir de définir et de stabiliser sa monnaie par rapport au DTS, à une autre monnaie, à plusieurs monnaies ou de la laisser flotter plus ou moins librement. Il faut seulement que sa politique soit conforme aux objectifs du Fonds. La seule limitation est l’interdiction formelle de toute référence à l’or. Une fois son choix effectué , un pays doit s’y tenir et appliquer le système choisi.[Ibid ,p.72].Le statut du FMI donne alors une certaine liberté aux pays membres en matière de régime monétaire ou régime de change .Mais il doit en même temps exercer une ferme surveillance sur les politiques de change des Etats membres , ce qui justifie son intervention régulière dans le choix des régimes de change des PED .Une des dispositions de l’ article IV adoptée par les administrateurs le 29 avril 1979 stipule : « Tout membre doit s’abstenir de manipuler les taux de change … en vue d’empêcher l’ajustement effectif de sa balance des paiements ou de s’assurer un avantage compétitif inéquitable sur d’autres membres ».[Ibid , p.76] . Ce point montre comment la coopération avec le FMI remet en cause la souveraineté monétaire des pays sous ajustement. Malgré la liberté du choix de régime monétaire et de change que leur offre le statut IV , une autre section de celui-ci contredit ce fait privant les PED de l’ajustement monétaire qui s’impose à un certain moment .Il en ainsi des mesures de dévaluations successives imposées des années 1980 et 1990 mais aussi celles des dernières années dans les pays africains, en Amérique latine ,le changement de régime de change juste à la demande du FMI , les changements de parité dans les pays émergents .
II-La période de Change fixe : les dévaluations successives de 1980 à 1994
Avant d’entrer dans le vif du sujet , un petit detour relatif à la Banque Centrale Malgache ( BCM) s’avère capital .
Sur le site de la BCM on peut lire qu’ « après la sortie de Madagascar de la zone franc, la Banque Centrale fut créée le 12 Juin 1973 par l’Ordonnance n° 73/025 définissant ses statuts. Elle a pris la succession de l’Institut d'Emission Malgache. L’abrogation de cette loi et son remplacement par la Loi n° 94-004 du 10 Juin 1994 consacrent l’indépendance de la BCM en matière de politique monétaire... Ainsi, l'année 1994 a-t-elle été une année charnière pour la BCM, car elle marque le début de l'abandon des instruments d'intervention directe et l'usage accru des instruments d'intervention indirecte de politique monétaire ».
De manière générale, « la BCM a pour mission générale de veiller à la stabilité interne et externe de la monnaie. A ce titre, elle élabore et met en œuvre la politique monétaire. Cette mission est soumise à deux contraintes :
a. la politique économique générale du Gouvernement, dont l'élaboration, matérialisée par la Loi des Finances, aura fait l'objet de consultation auprès de la Banque centrale ;
b. la Banque centrale doit veiller à maintenir un niveau approprié de la réserve nationale de change. »
Théoriquement, la mission, l’indépendance et la transparence consacrées par les textes de la BCM devraient contribuer à la crédibilité que peuvent lui accorder les marchés quant à la pertinence de la politique monétaire. Or dans la pratique, les décideurs de la BCM se plient au bon vouloir du pouvoir politique et n’ont pas d’attitude responsable.
Le Gouverneur de la BCM est le personnage central de la politique monétaire. Le Directeur général supplée le Gouverneur dans sa mission. Au regard de la mission de la BCM, les critères de choix des administrateurs et des censeurs mériteraient plus de rigueur. Si on y trouve certes des professionnels, certains sont plus des personnalités inféodées au régime, que des personnes reconnues pour leurs compétences en matière monétaire et financière. Idem pour toutes nominations à la BCM. La crédibilité de la BCM exige qu’elle ne doive pas souffrir d’interférence de conflits d’intérêt dans les nominations pour éviter des suspicions de délits d’initié.
La Politique de change constitue une partie intégrante de la politique monétaire de la BCM. En effet, elle considère que la défense de la parité des pouvoirs d’achat passe avant tout par la stabilité des prix intérieurs. Le taux de change nominal de l’Ariary en est un des principaux facteurs.
Durant les années 1980 ,la politique de change appliquée par l’ autorité malgache est « un régime de change fixe « comme monnaie pivot le Franc Français ( FF).Ce choix se justifie par le fait que du point de vue de l’ autorité monétaire ( largement sous contrôle du pouvoir public ) ,Madagascar reste un pays qui ne dispose pas de ressources en devises suffisantes pour faire face aux fluctuations des prix des matières premières .La fixité de change vis-à-vis du Franc Français ( le premier partenaire économique ) constitue un gage de stabilité de économique pour l’autorité locale et ce jusqu’en 1994 .
On sait, la fixité du taux de change signifie que la constitution de réserves de change pour assurer la valeur de la monnaie nationale est devenue une obligation dans la politique économique. Comme c'est à la politique monétaire de satisfaire cette contrainte de réserves de change, la règle de Tinbergen [1952] bien connue des économistes se trouve mise à mal. Selon cette règle, la politique économique gagne en efficacité quand le nombre des objectifs à atteindre correspond au nombre des instruments utilisés. Si la politique monétaire doit s'occuper, en plus de la régulation de l'inflation par exemple, de la constitution de réserves de change, elle deviendra moins efficace. A Madagascar, le choix du régime de change fixe est largement influencé par cette hypothèse et les différentes contraintes qui pesaient sur l’économie malgache ont conduit régulièrement l’ autorité monétaire à prendre des mesures de dévaluations.
Sous l’impulsion du FMI , l’autorité monétaire malgache a opté à plusieurs reprises à des mesures de dévaluations successives du FMG ( la monnaie malgache) pour relancer la compétitivité prix de l’ économie malgache. Il est à rappeler que les relations entre prix, compétitivité et taux de change se base entre autres sur la théorie de la parité des pouvoirs d'achats développée par Gustave Cassel [1918] il y a plus de 80 ans déjà .
Cette politique ( la dévaluation ) sert en particulier à compenser les pertes de revenus des paysans en cas d’effondrement des cours des matières premières en augmentant la compétitivité prix des produits exportés. Mais la réalité a été toute à fait une autre. Loin d’assurer la stabilité des revenus des exportateurs (secteur agricole et autres secteurs exportateurs) ,les différentes mesures de dévaluations ont empiré encore la situation économique de Madagascar . Par le fait que Madagascar est un pays qui ne domine pas et ne peut pas influencer le marché international, la compétitivité prix des produits malgaches via la dévaluation n’était pas au rendez-vous.
En plus, le Marché Interbancaire des Devises ( MID ) n’existait pas encore . Ceci fait que les effets attendus de la dévaluation via l’effet d’annonce a presque disparu.
Entre 1986-1992 , les cours des principales matières premières ( café , cacao , vanille) ont chuté dans des proportions entre 60 % et 80 % .Dans un contexte marqué par une baisse notable du prix des matières premières ( cacao , café) , alors que dans bon nombre de pays africains comparables –les pays de la zone franc CFA , l’arrachage était de règle , à Madagascar ,la surproduction a renforcé encore le dégringolade des recettes d’exportations.
Entre 1986-1992 , le franc malgache a été devalué de 540 % .Mais contrairement à l’ argumentation du FMI , la compétitivité de l’ économie malgache n’ était pas du tout retrouvée .Le bilan est donc très mitigé voir décevant pour les bailleurs de fonds ( en particulier le FMI ) ,car la dépréciation de la monnaie Malgache, malgré son ampleur, est demeurée insuffisante pour endiguer la baisse de la production et pérenniser la culture du café et de la vanille entre autres.
La dévaluation, ce mécanisme fruit de la « pensée unique technocrate », appliquée aux pays du tiers-monde et notamment à Madagascar est :
- techniquement infondée : une demande mal satisfaite (payée trop chère) ou insatisfaite
d.une devise, n’engage en aucune manière la responsabilité de l’Etat Malgache et ne peut donc impacter la parité de la monnaie nationale.
Au demeurant, les parités de l’Ariary sont du ressort de la souveraineté nationale et doivent être déterminées uniquement sur la base des critères et des paramètres fondamentaux de l’économie malgache.
- et économiquement aberrante : quel pays dont 80% des recettes d’exportation reposaient sur des matières premières et les produits manufacturés dont les prix sont fixés par le marché, aurait eu un intérêt quelconque à dévaluer ?
Force est de constater que les contradictions ne manquent pas. Ainsi , lors des discussions sur l’OMC, les pays du Nord accusaient ceux du Sud de Dumping social, alors que dans le même temps les bailleurs de fonds ( le FMI ) leur imposaient la « dévaluation compétitive ».
Et enfin plus simplement, si la dévaluation était une panacée, pourquoi la 1ère économie du monde
qui présente pourtant tous les symptômes pour y procéder ne le fait-elle pas :
- un déficit commercial record qui dénote une absence évidente et totale de compétitivité,
- un record « mondial » en termes de déficit budgétaire,
- et partant, le pays le plus endetté de la planète.
Pourtant au lieu de dévaluer, elle s’est contentée de demander, sans succès, à son partenaire commercial principale source de son déficit (la Chine), de réévaluer sa monnaie.
Revenons nous à nos moutons ,l’économie malgache, au lieu de se développer dans un « cercle vertueux » de croissance, se retrouve enfermée dans une spirale dépressive et un « cercle vicieux » qui se rétrécit sur son centre .Une dévaluation génère une inflation importée qui ponctionne substantiellement et de manière instantanée le pouvoir d’achat des ménages et maintient les taux d’intérêts à des niveaux très élevés. La baisse des ventes des Entreprises qui en résulte, conjuguée aux coûts prohibitifs du financement empêchent toute initiative de création d’Entreprises et donc d’emplois, et détruisent ceux existants car les PME fragilisées en sont réduites à licencier du personnel, voire à déposer leurs bilans, entrainant une contraction complémentaire de la demande.
Les effets cumulés de ces phénomènes provoquent une chute des recettes fiscales de l’Etat que les bailleurs de fonds obligent alors à réduire de train de vie. Ce qui entraîne une réduction additionnelle de la demande et puis survient une nouvelle dévaluation qui ne fera que répéter en l’accentuant tout cet enchainement de baisses, allant jusqu’à casser l’appareil productif.
Et le cycle de pauvreté de se reproduire ainsi indéfiniment, avec son cortège d’insécurité et de corruption généralisée, qui pour 99% de la population n’est finalement qu’un moyen essentiel et vital de survie au jour le jour.
Malgré la surevaluation du taux de change effectif réel observée entre 1970 et 2003 [Michael GOUJON , 2008],le taux de change nominal reste largement marquée par des mesures de dévaluations en cascades .Goujon [ 2008] note ainsi : « Accompagnant la libéralisation commerciale en 1987, une forte dévaluation
Mène à une dépréciation réelle durable. Des difficultés économiques puis la
crise politique de 1991 amènent les autorités à maintenir constant le taux de
change (toujours vis-à-vis du panier de devises) et à adopter de fortes restrictions sur le change en 1992-93 ».
Une chose est sure , à chaque dévaluation, la précarité augmente mécaniquement et des milliers d’êtres humains, y compris les travailleurs, sont de fait condamnés à mort. Non pas parce qu’ils ne travaillent pas mais tout simplement parce que leurs revenus ne leur permettent plus, du jour au lendemain, de s’alimenter suffisamment, et encore moins de se soigner en cas de maladie. Les Experts du FMI et de la Banque Mondiale mettent cet appauvrissement mécanique dû à la dévaluation et son corolaire (l’abaissement spectaculaire de l’espérance de vie) sur le compte de la pauvreté qui elle-même serait due aux dirigeants dictateurs, corrompus et incompétents. Quelle logique de raisonnement !
Du fait, d’une part, de la faiblesse de l’exportation expliquant le déficit chronique de la balance commerciale et d’autre part, de la grande dépendance de l’État à l’aide financière internationale sous la forme de dette publique externe et de l’endettement interne important par émission de titres par l’État, les dévaluations successives n’ont pas été bénéfiques à l’économie malgache mais ont plutôt contribué à la paupérisation généralisée de la population. Les dévaluations n’ont pas développé pour autant l’exportation car les besoins en intrants fortement taxés des entreprises sont en général importés.

En bref, à Madagascar, la demande a été totalement atrophiée par les dévaluations successives destinées à maintenir artificiellement les cours des matières premières en monnaie locale et à en pérenniser la production à tout prix. Elles ont complètement déstructuré le rapport entre salaire et coût de la vie dans le reste de l’économie pourtant étranger au « café et à la vanille » et par ailleurs majoritaire, et fait que la quasi-totalité de la population, y compris les salariés, vit dans la plus grande précarité.
La classe moyenne a disparu depuis des lustres et depuis longtemps, un salaire ne suffit plus qu’à couvrir à peine les besoins alimentaires primaires.

Les mesures de dévaluations successives a fait que le FMG a perdu 540 % de sa valeur de 1986 à 1992 . C’est dans ce contexte que les mesures de flottement commençaient à prendre le relais dans les cercles de décisions et des négociations en haut lieu entre Madagascar et les IBW en particulier le FMI .


C’est alors que les experts ont imaginé le système du « flottement » de la monnaie malgache, qui marque le début de la glissade sans fin du Fmg, et dès 1994 la rumeur préparait l’opinion publique à une parité de 1.000 Fmg pour 1FF .
III-La période de flottement libre d’après 1994
Pour ses partisans, le régime de flottement présente l’énorme avantage d’introduire une flexibilité dans la conduite de la politique économique. Après une concertation avec le FMI dans le cadre du SHADOW programme ,l’autorité monétaire malgache avec l’aval du pouvoir public a progressivement libéralisé sa politique monétaire. Après un système de change dirigé où le taux de change est fixé par voie officielle, par les autorités, le pays a opté pour un régime de change flottant par la Convention de place du 04 Mai 1994 entre la Banque Centrale de Madagascar et les banques primaires malagasy. Comme le note la BCM dans son site internet: « Au niveau de la règlementation des changes, les grandes orientations vers une économie de marché, suite à l’acceptation par Madagascar des obligations de l’Article VIII des statuts du FMI ont impliqué une réforme du cadre légal et règlementaire dont les dispositions sont définies par la loi n° 2006-008 du 02/08/2006 portant Code des Changes.
Ainsi ,le 6 Mai 1994, le Marché Interbancaire de Devises (MID) dont le taux de change est déterminé par la confrontation de l’offre et de la demande de devises a été créé. A partir de là ,le cours du Franc Malgache par rapport aux devises étrangères est librement déterminé par le marché. Il peut varier à l’intérieur de chaque journée en fonction de l’évolution. Seules la Banque Centrale et les banques commerciales agréées et ayant adhéré à la convention participent au marché interbancaire .Les banques commerciales peuvent effectuer des opérations correspondant soit à la couverture d’ordres reçus de leur clientèle, soit à des prises de position pour leur compte propre dans le cadre des limites fixées par les autorités. La Banque Centrale opère sur ce marché soit pour couvrir les ordres de sa propre clientèle, soit dans le cadre des opérations de gestion des réserves de change du pays. Comme le note le Pr Andrianomana Pepe [2000] : « le MID est marché d’oligopole par excellence » car il n’y a que quelques intervenants consitutés principalement des banques primaires et la Banque Centrale Malgache ( BCM) .
D’autre mesures viennent renforcer le décret relatif au MID en 1995 et durant les années subséquentes .Le texte de 1995 sur la règlementation des comptes en devises d’inspiration libérale a permis aux acteurs économiques, à partir de 1996, de garder, à leur gré, leurs recettes d'exportation dans des comptes en devises. « De même, la libéralisation des changes a été renforcée la même année par la libéralisation des transactions courantes avec l'étranger (Paiement des transactions de biens et services, transfert des salaires et dividendes, des revenus des biens meubles et immeubles,…) ». Ces mesures ont rétabli la confiance et réduit fortement la différence de changes entre les cours officiels et les cours du marché noir. En 2004, un texte contraignant sur la libre transférabilité des opérations financières a été adopté, en prétextant la lutte contre le blanchiment et la corruption. En réaction, le marché parallèle de change s’est revigoré et l’écart entre les cours officiels et les cours du marché noir a augmenté, cela dénote un manque de confiance du marché.
Mais comme c’était encore très loin de compenser la faiblesse des cours des matières premières, les dirigeants d’alors avertissaient déjà que cela ne serait sans doute pas suffisant. Mais surtout, ils leur permettent d’atteindre le niveau de parité souhaité quel qu’en soit le niveau, dans un laps de temps très limité. Quoi de plus naturel diront-ils puisque c’est le marché qui détermine le cours du FMG devenu l’Ariary.Mais l’évènement qui s’ensuit va monter tout à fait le contraire car la monnaie malgache va dégringoler d’une manière substantielle sans apporter une compétitivité économique à l’économie.
Ainsi sous couvert de « technicité » et de « loi du marché » selon laquelle la parité de l.Ariary ( la monnaie malgache ) doit être déterminée par « l’offre et la demande » sur le MID, le FMI et la Banque Mondiale ont abusivement imposé la dévaluation pour soutenir artificiellement les cours des matières premières,
enregistrant comme seul succès l’amélioration très remarquée du rang de la Grande île dans le classement des pays les plus pauvres du monde. Quelle absurdité !
Etant donné que la monnaie malgache ( l’ Ariary ) est une monnaie non convertible , l’autorité monétaire malgache n’a aucune obligation , ni d’aucune d’autre nature de se constituer contrepartie en dernier ressort aux fins de satisfaire une demande formulée par un tiers (Investisseurs, particuliers, importateurs ,etc.) d’échanger de la monnaie locale contre une devise étrangère.
Ce qui n’est pas le cas d’un pays à monnaie convertible, qui à défaut de ne pouvoir faire face à une telle obligation liée à la convertibilité, verrait sa monnaie subir une dévaluation technique. C’est bien pour cela que le Brésil et l’Argentine, dont les monnaies ne sont pas convertibles, ont pu en 1994, et ce pratiquement du jour au lendemain, aligner leurs monnaies respectives sur le Dollar américain.
De ce fait, une dépréciation de la monnaie malgache suivant un soi disant « loi de l’offre et de la demande » sur le MID apparait une fausse route .
Et d’ailleurs de quelle « offre et demande » parle t-on à Madagascar sinon de transactions quotidiennes qui frisent le ridicule par leurs volumes et leurs montants : parfois quelques millions et un nombre de transactions qui se compte avec les doigts d’une main pour la devise la plus active (l’Euro) voire aucune transaction pour la 1ère devise mondiale (l‘USD).
On veut convaincre les malgaches que parce que quelques importateurs, un jour que le bon Dieu a fait, ont eu du mal à trouver une devise et ont dû la payer plus chère, la parité de l’Ariary doit en être affectée entrainant le reste de l’économie du pays dans un gouffre sans fond.
Ou alors on avance l’argument éculé du différentiel d’inflation avec le marché financier international : mais c’est bien la dévaluation qui alimente l’inflation .
Le tableau ci –après illustré par le graphique montre à quel point le régime de change flottant mis en place en 1994 a amené la monnaie malgache dans un rythme de dépréciation exceptionnelle.


Tableau : Taux de change nominal de l’ Ariary par rapport à l’ Euro et le Dollar US ( 1996-2008)

1996 1997 2000 2002 2004 2005 2008
EURO 1150 1251,4 1273,8 1437,2 2488 2504
$US 810 1020,2 1357,4 1318,4 1277,8 2003 1708
Source :Auteur à partir de Banque Centrale de Madagascar ( Rapports et bulletins d’information annuel).
















Graphique :



Source : Auteur à partir de Banque centrale de Madagascar ( Rapport et Bulletin d’information annuels)

La dépréciation de la monnaie malgache est flagrante depuis la mise en place du flottement en 1994 . A cause d’un problème statistique fiable, l’analyse a été faite ici entre l’année 1996 et 2008 . Ainsi l’ Euro valait 1150 Ariary en 1997 , passe à 1273 Ariary en 2002 au moment de la crise politique de 2002 et s’établit à 2504 Ariary en 2008 . Dans l’ espace d’une décennie , l’ Ariary s’est dépréciée ainsi de l’ordre de 1354% par rapport à l’Euro .Le cours de l’ Ariary par rapport à au dollar US suit la même tendance .Alors qu’un dollar valait 810 Ariary en 1996 , en 2002 , ce cours s’était fixé à 1318 Ariary en et 1708 Ariary en 2008 . De 1996 à 2008 , la monnaie malgache a perdu alors de l’ordre de 1177, 39 % de sa valeur .
Dix –on , les chiffres parlent d’eux –même , à la lumière de ces chiffres , le régime de flottement mis en place depuis 1994 n’a pas du tout apporté une stabilité à l’ économie malgache . A la lumière de la théorie économique dominante largement véhiculée par les IBW , la dépréciation chronique de la monnaie malgache ( l’ Ariary ) devait rendre compétitive l’économie malgache via la compétitivité prix des produits exportés . Mais au contraire, cette dépréciation soutenue de l’Ariary a alimenté l’inflation via le renchérissement des produits importés. En tout état de cause, le régime de flottement n’a pas pu mettre la Grande ile sur le même diapason que des pays comparables comme l’iles Maurice, l’Afrique du Sud , le Botswana et quelques pays de l’ Afrique australe .
Il est crucial de noter qu’en dehors des paramètres nationaux, l’évolution du cours de l’ Ariary est aussi largement influencée par la parité Euro/Dollar au niveau international .La Banque Centrale Malgache dans son bulletin d’information 2008 note bien cette tendance .On peut lire ainsi dans ce bulletin de la BCM [ 2008] : « A fin septembre 2008 et par rapport à fin décembre 2007,
il a été enregistré une appréciation de 8,5 pour cent vis-à-vis de l’euro et de 7,4 pour cent vis-à-vis du dollar US, soit une appréciation de 8,5 pour cent de l’indice composite. Cependant, par rapport à fin juin 2008 et consécutivement à l’appréciation du dollar au niveau mondial, la monnaie nationale s’est appréciée de 4,7 pour cent par rapport à l’euro, mais s’est fortement dépréciée de 4,4 pour cent par rapport au dollar US. L’indice composite
indique une légère appréciation de 1,2 pour cent de l’ariary. Les trois premiers trimestres de 2008 ont été marqués par la poursuite de l’appréciation du Taux de Change Effectif Réel (TCER), donc de l’érosion de la compétitivité externe
de la monnaie nationale. Il s’agit d’une tendance déjà observée depuis le second trimestre 2006. A fin septembre 2008, le TCER s’est apprécié de 13,6 pour cent par rapport à fin décembre 2007 et de 17,0 pour cent en glissement annuel. Cette appréciation réelle est essentiellement attribuable à l’appréciation nominale de l’ariary (hausse du TCEN) et à l’inflation intérieure relativement plus élevée (6,7 % par rapport à décembre 2007) que celle des partenaires commerciaux de Madagascar (2,4 %) ».
Dans la mesure où Madagascar est un pays extraverti largement dépendant des exportations, de l’aide extérieure et du tourisme, le régime de flottement n’apparait pas la solution optimale dans la conduite de sa politique de change. L’étroitesse du Marché Interbancaire des Devises ( MID ) et le volume de transactions traitées sur ce marché font que l’équilibre résultant de l ’offre et de la demande en devise ne reflète pas vraiment la réalité économique du pays .Il faut rappeler que le MID à Madagascar est une sorte de marché d’oligopole sur lequel intervient la Banque Centrale Malgache ( BCM ) , quelques institutions bancaires et institutions agrées[Pepe Andrianomanana ,2000] .La moindre information ou un petit dérapage politique ( comme celle de mesure de détaxation de à l’aveuglette de 2004 ) ,la chute de l’entrée en devise via la suspension des aides et financements des bailleurs de fonds , la forte variation des recettes d’exportations , la fluctuation du volume relatif à l’ IDE ,le mouvement en dent de cie du tourisme , la stabilité politique sont autant de paramètres qui déterminent et influencent la stabilité ou la variation du taux de change à Madagascar.


Conclusion
De 1980 à nos jours qu’on soit dans un régime de change fixe ou dans un régime de change flottant, la monnaie malgache n’a cessé de se déprécier (versus se dévaluer) par rapport aux devises clés ( FF , Euro ,$US ) . Sans vouloir infligé un jugement infondé sur la BCM , ce constat nous amène à dire que la Banque Centrale Malgache ( BCM) a failli à l’une de ses principales missions : la stabilité monétaire .Mais elle n’était pas seule responsable de ce désastre .
Malgré l’indépendance apparente de la BCM stipulée par son statut, l’autorité politique qui s’est succédé s’immisce régulièrement dans la conduite de la politique monétaire et la politique de change. La main mise des IBW surtout le FMI dans le cadre des différents programmes successifs ( FAS , FASR , FRPC ) constitue aussi un des blocages majeurs de la mise en place d’une politique de change responsable à Madagascar .Pour beaucoup de raisons ,le retour à un régime de change fixe est largement conseillé car à l’ allure actuelle des choses ,avec les conséquences économiques de la crise politique actuelle ( depuis janvier 2008), la monnaie malgache risque encore de s’enfoncer et de se déprécier fortement vis-à-vis des deux devises pivot ( l’ Euro et le Dollar).Mais à l’instar de bon nombre des PED , en matière de taux de change , l’important est de savoir quel est la priorité du gouvernement .Jusque là , ni le change fixe , ni le change flottant n’ont pas encore apporté leur fruit , les résultats escomptés à Madagascar .Certes , la politique de change ne constitue qu’une partie de la politique monétaire d’un pays qu’il soit riche ou non ( Emergents et PMA ) .Mais elle constitue quand même le noyau fondamental de celle-ci et influe d’une manière significative sur la performance économique du pays en question ainsi que sur les conditions de vie de la population. On peut se demander ainsi, comment et quand l’autorité monétaire, le pouvoir politique local , les IBW arriveront-ils à trouver un régime de change optimal apte à faire décoller Madagascar du cercle vicieux de la pauvreté qui évidement passe obligatoirement par la stabilité de sa monnaie ? L’avenir nous apprendra la suite !






BIBLIOGRAPHIE
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-Tinbergen Jan [1952], On the Theory of Economic Policy, North Holland, Amsterdam.

jeudi 2 avril 2009

KEYNES IS BACK

Bonjour ,
A propos du G20 , c'est le jour J aujourd"hui .
Sans entrer dans les details des mesures et decisions qui vont sortir de ce sommet, la proposition chinoise de création d'une monnaie internationale me semble l'une des propositions importantes de ce sommet . Cette proposition va certainement constituer le noyau dur des reformes du SFI et du Système Monétaire International (SMI) dans les années à venir .
Evidement , les Etats-Unis ne vont jamais accepter ce genre de proposition qui évidement remet en cause les avantages de la " Suprematie du dollar" comme monnaie internationale jusque là.
La création d'une monnaie internationale est l'une des propositions phares du plan Keynes de 1944 ( proposition britannique ) dans le cadre de la preparation du SMI de l' après guerre . Mais c'est la proposition avancée par Harry Dexter White ( secretaire d'Etat au trésor américain ) qui l' a emporté comme finalité , la crétion du FMI .
Peut etre , le temps du liberalisme à tout va et de l'imperialisme financier occidental ( surtout américain à) est dejà revolu . A l'allure actuelle des choses , ce genre de reforme ( si possibilité il y en a ) mettra encore des années à mettre en place et il faut le soutien massif sans condition de bon nombre des pays émergents et surtout l' Europe pour péser face à l' hegemonie americaine .
La tendance regulationniste , interventionniste ( mesure de relace à tout va meme aux USA , Europe )qui plane le monde de la finance ces derniers temps et cette proposition de créattion d'une monnaie internationale ( le BANCOR pour Keynes ) sont les signes precursseurs du retour en force du Keynesiannisme.

ALORS DISONS KEYNES IS BACK .

lundi 30 mars 2009

LE SOMMET DU G20 DU 02 AVRIL A LONDRES:QUEL AVENIR POUR LA FINANCE MONDIALE?

Voilà , à quelques jours du sommet du G20 ( G7 plus les principaux pays émergents) , bon nombre d'observateurs, des analystes , politiciens et simples citoyens se demandent sur les réponses que pourront amener les dirigeants de la planète face aux désordres de plus en plus menaçant du disfonctionnement du capitalisme financier de ces dernières années qui constituent la pièce centrale de la crise actuelle .Si pour les uns , il importe de mettre en place un système financier plus règlementé qui fait appel à une coordination supranationale de la finance mondiale .Pour d'autres c 'est le fonctionnement du capitalisme financier qui mérite des reformes tout en avançant que le système libéral de l' économie de marché ne doit pas être remise en cause profondément . Cette position reste ( à l' évidence ) la position des Etats-Unis et d'une certaine manière celle de la Grande Bretagne qui ne trouve pas intérêt à ce que le fonctionnement et le modèle néolibéral de l' économie de marché (cœur du capitalisme financier ) soit remise en cause .Il ne faut pas oublier que Londres est la capitale de la finance où la loi de la finance et la quête de rendement prime avant tout à l'image des principaux centres financiers. La position régulationniste de l’Europe au premier rang se trouve le président pseudo-libéralo-keynésien français Sarkozy (tantôt libéral, tantôt interventionniste on ne sait plus)et la chancelière allemande Merkel doit faire face alors au libéralisme et laisser faire déguisé des américains et des anglais. Evidement, la position des pays émergents et surtout de la Chine sera déterminante mais une chose est sure, c'est le rapport de force entre l'Europe et les Etats-Unis qui va déterminer l'issue de ce sommet qui s'annonce grandiose. L’ampleur de la crise actuelle et ses effets désastreux sur l' économie réelle en termes de croissance et d'emploi montre à quel point le système financier mondial mérite d'être reformée .Mais une reforme mondiale nécessite des concessions de la part des participants .En théorie ( parole) , effectivement on peut imaginer une infinité de solution ( optimale ou non ) pouvant remédier à ce disfonctionnement total du système financier international ( SFI) mais en réalité la faisabilité des reformes avancées reste largement en suspens .Certains observateurs avancent dans ce sens que le FMI est déjà là , il suffit juste de donner un peut de moyen et de pouvoir à cette organisation de Bretton Woods (l'œuvre de Harry Dexter White : ancien secrétaire d'Etat au trésor américain ) qui date de 1944 .Oui , on peut confier un rôle de plus en plus important au FMI pour juguler l'imperfection du fonctionnement de la finance mondiale .Mais pour deux raisons :i)l'effectivité réelle de son pouvoir ;ii)-manque de ressources financières , il ne sera jamais en mesure de réguler et de prendre e charge réellement l'avenir du SFI .
Je m'explique
L'effectivité réelle du pouvoir du FMI est (sera) limitée à une crise qui touche les PED ( pays émergents ou pays pauvres) .Faut-il encore rappeler que même ces dernières années, bon nombre de pays émergents ont pris leur distance par rapport aux Institutions de Bretton Woods et en particulier le FMI . L'Argentine , le Brésil ,l'Uruguay , le Venezuela ,la Malaisie et bien d'autres sont des pays qui ont voulu s'échapper aux politiques néolibérales dans leur pays en remboursant precocement leurs dettes vis à vis de cette institution mais aussi de la Banque mondiale .Le Venezuela de Chavez pour sa part a décidé carrément de rompre sa relation avec les IBW ( Banque Mondiale et FMI ).La gestion des crises financières successives des pays émergents des années 1990 et des années subséquentes ( crise mexicaine de 1994 , asiatique de 1997, russe de 1998 , argentine et turque de 2001 )montre encore les limites de l'effectivité des mesures imposées par le FMI aux pays membres qui demandent son assistance .Que ce soit dans les pays émergents ( à l' exception de la Chine ou quelques pays en désaccords avec le FMI )ou dans les pays pauvres , l'ingérence de plus en plus marquée du FMI dans leur programmation financière et leur politique économique ,les désastres sociaux des Politiques d'Ajustement Structurel ( PAS ) constituent les deux faits majeurs qui l'oblige à changer de cap . Le FMI doit changer de cap alors dit-on d'ici et là et enterrer le culte de l'économie de marché, les rigueurs budgétaire et monétaire pour faire face aux véritables défis des PED (émergents et pauvres ) qui n'est autre que le Développement économique et la stabilité macroéconomique.
Mais il ne faut pas oublier qu'une institution du genre du FMI ne peut pas vraiment exercer un rôle déterminant dans les pays riches à l' allure actuelle des choses .Il est extrêmement impensable d'envisager qu'en cas de crise , les dirigeants et les autorités politiques des pays riches ( même la Chine ou l'Inde) acceptent l'ingérence ou l'imposition voir même le conseil d'une organisation supranationale qui n' a pas de compte à rendre aux électeurs ( souverains potentiels ).L'attitude de ces grands pays riches pendant la période charnière du FMI sur le plan international ( 1944-1973 ) en est l' exemple formel .Certes la mission principale du FMI stipulée dans son statut -en particulier l' article IV est :" la garantie d'une stabilité macroéconomique et d'un régime de change convenable tout en assurant le bon fonctionnement du Système Monétaire International ".Mais à l' exception de quelques pays et c'était d'ordre purement conjoncturel , le FMI n 'a jamais joué un rôle crucial dans la régulation financière des pays riches .Son principal apport a été d'avoir assuré la stabilité de change pendant la trente glorieuse et admettons- le , c'était pas rien quand même .Mais en cas de crise , il est extrêmement difficile d'imaginer que les pays riches vont tourner vers le FMI . A l 'égard des pays riches , le FMI joue le rôle de conseil et pas plus .Les banques centrales respectives de ces pays et leurs ministères de finances , sans oublier les différents organismes spécialisés leur suffisent déjà .L'effectivité réelle du rôle du FMI reste alors à vérifier du coté de quelques pays émergents et des pays pauvres ( qui faute d'accès aux marchés financiers n'ont pas d'autres choix que de demander l'assistance du FMI et de la Banque mondiale ).Il ne faut pas oublier que le flux financier réel net des IBW ( FMI et BM ) vers les PED (par région et dans l'ensemble , pour les principaux pays émergents )est négatif entre 1990 et 2008 à l'exception de quelques pays ( très pauvres) .La crise financière qu'a traversée cette institution ( faute de clients emprunteurs , les recettes diminuent ) a été déjà à l'origine d'un comité spécial censé se pencher sur la situation financière du FMI en 2006 .En effet Monsieur Rodrigo de Rato ( ancien Directeur General du FMI ) a remarqué que la situation financière du FMI est de plus en plus alarmante car les emprunteurs potentiels ( les pays émergents ) n'empruntent plus ce qui constitue un manque à gagner substantiel .Certes , il est indéniable d'avancer que le FMI a encore des rôles à jouer dans un monde de plus en plus financiarisé de nos jours mais sa capacité d'intervention et l' effectivité de son action dépend de la nature , de l'ampleur de la crise à gérer et surtout du poids économique du pays concerné.Tout récemment(il y quelques semaines) , son assistace financière en faveur de la Hongrie , de la Roumanie mais aussi le sauvetage financier en faveur de l' Islande vers le mois de novembre 2008 corrobore ce fait.
ii) La limite des ressources financières du FMI constitue aussi un blocage majeur à ce qu'il joue le rôle de régulateur potentiel du Système Financier International ( SFI).Ces derniers temps , bon nombre d'observateurs avancent que l' augmentation des ressources du FMI constitue la solution la mieux adaptée pour réguler et stabiliser la finance mondiale dans un avenir proche . Evidement , il n'y a pas de mal à ce que l'on augmente les ressources du FMI mais cet effort ne sera jamais à la hauteur de l'enjeux financier du monde actuel .Le budget du FMI est estimé à 338 milliards de dollars US ( 2007) dont environ seulement 150 milliards de dollars US de fonds disponibles ( qu'il peut utiliser immédiatement ).Le doublement de ces ressources ramène le fonds du FMI à environ 700 milliards de dollars US ( dont 300 Milliards de dollars US disponible ) . Il est clair si on se réfère aux enjeux financiers du monde d'aujourd'hui que le FMI ne peut ( ne pourra) pas ( jamais)jouer un rôle déterminant dans la régulation de la finance mondiale en cas de crise . Un rapide coup d'œil des fonds souverains des pays pétroliers et de la Chine suffit à corroborer ce constat .Avec une force de frappe estimée à 943 milliards de dollars US [2007], l’Abu Dhabi Investment Authority (Emirats Arabes Unis ) est le plus grand fonds souverain de la région Moyen -Orient( deuxième après la chine au niveau mondial : 1200 de fonds souverains ). Le « Kuwait Investment Authority » (Koweït) avec 300 milliards de dollars Us de capital, suivi du Qatar Investment Authority (60 milliards), sont les fonds souverains les plus convoités de la région, sans oublier les 400 milliards de dollars de réserves des changes gérées par la Banque centrale de l’Arabie Saoudite.
Encore tout récemment le plan de relance de l'ordre de 783 milliards de dollars US du gouvernement américain ( avec Obama ) , celui de l'ordre de 700 milliards de dollars US ( plan Paulson sous Bush ) de Novembre 2008 ,le plan concerté ou individuel ( par pays ) au niveau européen montre à quel point la force de frappe financière du FMI ne constitue qu'une infime partie par rapport à l 'enjeux financier du monde des pays riches .

Le FMI ne sera jamais alors en mesure de faire face à une quelconque crise financière de grande envergure future .Son effectivité, son pouvoir et surtout ses ressources sont largement en deçà des enjeux politico-économique et financier du monde d’aujourd’hui .
Il appartient alors aux dirigeants du G20 de chercher la solution ailleurs .Une chose est sure, la régulation et la recherche de régulation du Système Financier International ( SFI ) ne sera jamais facile . Mais la défense des intérêts de chacun, et la recherche de compromis (jugé optimal) vont guider impérativement ce sommet du 02 avril.Ici des reformes qui s'inscrvent dans la suite de reglementation relative aux banques ( BALE II:dispositif relatif aux fonds propres des banques , etc ) ou des mesures connexes peuvent etre envisagée . Mais ces genres de reformes ne constituent qu'une partie imergée de l"iceberg . Il est impératif alors de trouver des accords pouvant reguler le fonctionnement du SFI e du SMI dans lensemble , ce qui smble difficile .

A mon sens , il est difficilement concevable que ces dirigeants vont trouver la solution la mieux adaptée à la régulation de la finance mondiale .A défaut d'une institution multinationale dotée d'un pouvoir supranational , ce sommet est déjà voué à l' échec .Cette institution multinationale ( FMI BIS ) doit règlementer le mode fonctionnement du SFI .Là surgit un grand problème , comment va-t-elle intervenir et sur quelle base puisque chaque pays a leurs propres législations et règlementations qui encadrent le fonctionnement de leur système financier .
Formuler les reformes adéquates me parait faisable mail le plus difficile est de passer du parole à l’acte .

En attendant , je pense ( même si sa faisabilité reste encore utopique ) que la création d'un Système de Compensation des Banques Centrales conformément au plan Keynes de 1944 fait figure parmi les principaux pistes alternatives au disfonctionnement du SFI actuel.Ce plan a pour finalité la création d'une monnaie internationale ( Keynes l' appelait le BANCOR ) .
La mise en place de ce plan est difficile à mettre en œuvre car il ( le plan ) remet en cause les avantages des principaux pays riches ( Etats-Unis , Europe ) dans le fonctionnement du monde économique d'aujourd'hui .Dans la mesure où le dollar des Etats -unis assurent respectivement 65 % des transactions internationales et environ 68% des réserves de change des banques centrales ( respectivement 28% et 32% pour l'Europe ( chiffre FMI 2007), il est impensable d'imaginer que ces deux pôles économiques vont accepter ce plan Keynes .Dans un avenir proche , une chose est sure , sur le plan monétaire et financier , ces deux pôles ( Etats-Unis et l' Europe )vont toujours constituer les cœurs de l' économie mondiale .Mais la place et l' hégémonie américaine mettent encore les Etats-Unis largement devant l' Europe .Dans un monde de plus en plus financiarisé de nos jours , le dollars et l'euro jouent un rôle capital .La souveraineté monétaire des PED ( émergents ou les pays pauvres ) à travers les différents régimes monétaires dont la dollarisation ( partielle ou intégrale ) , la zone franc , les currency board ,etc reste encore du domaine du future invisible et incertains .En attendant la solution miracle des dirigeants des pays riches ( eux même dans l' embarras passager ) , les PED sont (seront ) encore obligés de vivre dans une sorte de "soumission monétaire" .Ces dernières années ,malgré , les critiques et menaces de plus en plus dure des Etats-Unis et de l' Europe à l' égard de l'autorité chinoise accusée d'avoir appliqué une politique de "dumping monétaire" en sous -évaluant le yuan ,la Chine tient tête face aux pays riches mettant en avant sa souveraineté monétaire. C’est un bon exemple qui reste encore rare parmi les PED en matière de souveraineté monétaire.
Les membres du G20 ( surtout le G7) via la vitalité de leur système financier et la crédibilité de leur banque centrale disposent encore des forces de frappes non négligeables pour atténuer les effets désastreux de la crise actuelle et celles futures ( politique de relance , injection de liquidité dans les banques , achats d'actifs toxiques des banques ,amortisseurs sociaux comme l’assistance de la CAF en France ) .De l’ autre coté de la pendule bon nombre des PED fautes de munitions suffisantes sont contraints d’attendre les retombées de ces crises sur leur économie ,s’ajoutent les directives de plus en plus dure des IBW dans la conduite de leur politique économique. Récemment ,le Directeur General du FMI Monsieur DSK a reconnu ( émission "à vous de juger" france 2 ) :" désormais la rigueur budgétaire n’est pas la solution la mieux adaptée pour les PED pour faire face aux crises" .Le temps de l’ économie de marché à tout va et Le modèle néolibéral , de la rigueur imposée semble alors révolu du coté des IBW .Mais il ne faut pas oublier qu’en réalité la pratique des préceptes du Consensus de Washington règnent encore surtout dans les pays pauvres .
Dans un monde de plus en plus financiarisé de nos jours , il est utopique d’envisager qu’on pourra éviter des crises futures . Comment serait –il possible d’éviter une crise dans un monde où les actifs financiers ( 200000 Milliards de dollars US ) représentent quatre fois le PIB mondial ( 50000 Milliards de dollars US ). Les crises sont inévitables, mais il appartient aux dirigeants et décideurs politico-économiques de chercher la solution la plus viable pour atténuer les chocs .Pour un budget total de l'ordre de 3500 milliards de dollars , le gouvernement américain table sur un déficit record de 1700 milliards de dollars US cette année 2009 ( soit 12% du PIB) . La France quant à elle prevoit un déficit de 103 milliards d' Euros pour une enveloppe budgetaire de l'ordre de 350 milliards d'euros . Les chiffres dit-on parlent deux-meme , on voit bien comment les mondes des pays riches qui vivent dejà dans un rythme de déficit budgetaire chronique ( deficits jumeaux chroniques pour les USA ) financé par le surplus des PED ( fonds souverains des pays petroliers et surplus des grands pays émergents )et " une économie à découvert" comptent assainir la finance mondiale .
A ce sommet du G20, le dé reste encore pipé (jeux truqué) mais la balance commence déjà à bouger. Une question demeure, la balance va tourner jusqu'où et à quel degré?
A l'image du blocage des cycles de négociations de l' OMC ( Cancun ,Doha ,etc ) , l'issue de ce sommet est déjà presque vouée à l' échec . Evidement, il y aura des déclarations qui font rêver mais leur faisabilité et leur exécution restent encore du domaine de l’incertain.

A JEUDI 02 AVRIL ALORS ET ON VERRA SI LE MONDE DE LA FINANCE VA PRENDRE QUELLE TOURNURE

samedi 10 janvier 2009

SOUVERAINETE MONETAIRE DES PED DANS LE CADRE DE L 'AJUSTEMENT STRUCTUREL

La souveraineté monétaire des PED dans le cadre de la PAS du FMI

Comme l’a noté Edwin Le Heron [2008,p.119] :« la force de la FED est d’avoir pu être keynésienne en 1970 , monétariste après 1979 , originale avec Greenspan et peut être nouvelle keynésienne avec Bernanke sans avoir eu à modifier son cadre institutionnel ».Cette phrase résume bien la signification d’une banque centrale responsable dans un pays souverain monétairement et peut être considérée comme référence en matière d’analyse de la dynamique et de l’effectivité de la souveraineté monétaire d’un pays .
Dans quelle mesure alors les coopérations avec les IBW remettent en cause la souveraineté monétaire des PED sous ajustement ? Les accords de coopération avec les Institutions de Bretton Woods (IBW) influent –ils d’une manière significative la souveraineté et la gestion monétaire des pays sous ajustement ? Voilà les deux questions centrales qui méritent d’être posées ici.
On sait, au centre des relations avec les IBW se trouvent des conditionnalités qui cadrent les négociations avec les Etats membres en besoin de financement. Si dans le cadre général , le FMI est tenu à faire respecter l’équilibre macroéconomique via un cadrage pointu des critères à respecter , la Banque mondiale est traditionnellement tenu à financer le développement dans toutes ses dimensions avec des résultats plus mitigés qu’on connait déjà .A coté de la rigueur budgétaire , des mesures de libéralisation et des autres critères retenus dans les dix commandements du Consensus de Washington , la rigueur monétaire fait figure parmi les critères vedettes de la Politique d’Ajustement Structurel ( PAS).Le FMI en particulier fait de ce critère de rigueur un dogme. Dans toutes les négociations avec les Etats membres, le modèle de l’Approche Monétaire de la Balance des Paiements ( AMBP ) de Polak [ 1957] constitue ,le modèle de référence du FMI . Ce modèle tient compte comme objectif principal la rigueur monétaire pour éviter un dérapage inflationniste d’une politique monétaire expansive. Deux courants ont le plus influencé le FMI ces dernières années : la Nouvelle Economie Classique ( NEC) et la Nouvelle Economie Politique (NEP) .Parmi les chefs de fils de la NEC , on cite J Barro [1974, 1983] , Robert Lucas [ 1995] ,Prescott et Kydland [ 1977] .Parmi les principales propositions de cette approche ,il y a d’abord l’hypothèse de d’anticipation rationnelle de Lucas mais aussi l’incohérence temporelle des politiques discrétionnaires fortement développée par Kydland et Edward Prescott [ 1977] qui leur ont valu le prix Nobel de 2004 .Cette approche s’inscrit dans le sillage du monétarisme de Friedman qui stipule que « l’inflation est partout un phénomène monétaire ».J Barro et David Gordon [1983] ont peaufiné par la suite cette approche introduisant la « notion de réputation de la banque centrale » qui consiste à intégrer les anticipations d’inflation dans l’analyse. La NEP compte parmi elle des économistes reconnus comme Ann Krueger [1993,2002] ou les tenants du public Choice dont fait parti Buchanan ,Tollison et Gordon Tullock [ 1980] .Ce courant met en avant la lecture de l’ environnement politique dans lequel s’insère les prescriptions du Fonds et adopte une conception fonctionnaliste de l’ Etat. La remise en cause de l’efficacité des pouvoirs politique dans la gestion monétaire constitue le principal argument des monétaristes, NEC, NEP parmi lesquels sont issus les principaux responsables du FMI. En 1985 déjà, Rogoff a développé la théorie de « délégation stratégique » qui incite à donner plus d’indépendance à la banque centrale. L’indépendance de la banque centrale apparait pour Rogoff la solution optimale pour éloigner les hommes politiques de la politique monétaire et maitriser par là l’objectif de stabilité des prix .Il est tout à fait normal alors qu’on assiste à une règle stricte de rigueur monétaire dans le cadre de négociation des programmes avec le FMI. De l’accord Stand By ou accord de confirmation des pays émergents au FAS, FASR et FRPC des pays pauvres, il n’est jamais question de laisser la rigueur monétaire .La maitrise de l’inflation reste de fait l’objectif principal des banques centrales des pays sous ajustement au détriment de la croissance. Aux yeux des techniciens du FMI, évidement d’inspiration monétariste, il n’est pas question d’adopter toute forme de relance monétaire sous peine d’alimenter l’inflation. C’est une position radicale dans laquelle aucune négociation n’est plus possible .Dans ce cas de figure , la banque centrale malgré son indépendance stipulée par son statut a pour vocation principale la lutte contre l’inflation et laisse de coté toute sorte d’ajustement jugé capital dans la conduite d’une véritable politique économique responsable mais non pas une politique économique passive qui caractérise ces pays à cause des conditionnalités de la PAS .Se référant à l’ article IV du FMI , Michel Lelart [2007,p.73] résume d’une manière synthétique les contraintes qui pèsent sur les PED dans le cadre de la PAS : « Chaque pays s’efforcera d’orienter sa politique économique… ,il ne doit pas l’orienter mais seulement s’efforcer de le faire ; chaque pays cherchera à promouvoir la stabilité …,il ne doit pas la promouvoir mais seulement chercher à le faire ;enfin, chaque pays évitera de manipuler les taux de change …, il ne lui est pas interdit de manipuler les taux de change , il doit seulement éviter de le faire ».En Afrique , comme dans les pays émergents , le FMI a été toujours présent dans le cadrage de la politique monétaire . La programmation financière (y compris monétaire) des pays sous ajustement doit avoir l’aval du FMI sinon, le déblocage des fonds ultérieurs et des programmes y relatifs pourraient être suspendus. Encore , dans bon nombre de pays, le FMI n’hésite pas à interférer directement dans leur gestion monétaire .L’article IV du FMI stipule qu’un pays peut choisir de définir et de stabiliser sa monnaie par rapport au DTS, à une autre monnaie, à plusieurs monnaies ou de la laisser flotter plus ou moins librement. Il faut seulement que sa politique soit conforme aux objectifs du Fonds. La seule limitation est l’interdiction formelle de toute référence à l’or. Une fois son choix effectué , un pays doit s’y tenir et appliquer le système choisi.[Ibid ,p.72].Le statut du FMI donne alors une certaine liberté aux pays membres en matière de régime monétaire ou régime de change .Mais il doit en même temps exercer une ferme surveillance sur les politiques de change des Etats membres , ce qui justifie son intervention régulière dans le choix des régimes de change des PED .Une des dispositions de l’ article IV adoptée par les administrateurs le 29 avril 1979 stipule : « Tout membre doit s’abstenir de manipuler les taux de change … en vue d’empêcher l’ajustement effectif de sa balance des paiements ou de s’assurer un avantage compétitif inéquitable sur d’autres membres ».[Ibid , p.76] . Ce point montre comment la coopération avec le FMI remet en cause la souveraineté monétaire des pays sous ajustement. Malgré la liberté du choix de régime monétaire et de change que leur offre le statut IV , une autre section de celui-ci contredit ce fait privant les PED de l’ajustement monétaire qui s’impose à un certain moment .Il en ainsi des mesures de dévaluations successives imposées des années 1980 et 1990 mais aussi celles des dernières années dans les pays africains, en Amérique latine ,le changement de régime de change juste à la demande du FMI , les changements de parité dans les pays émergents . A l’exemple de Madagascar, les politiques de dévaluations successives contrairement aux arguments du FMI n’ont pas pu apporter leur fruit .La forte dépréciation du Franc Malgache (le FMG) de l'ordre de 4000% de 1973 (date à la quelle Madagascar a quitté la zone franc) à 2008 reflète évidement le dérapage de la politique monétaire appliquée par les dirigeants qui se sont succédés mais il y aussi une grande part de responsabilité du FMI qui cadre régulièrement la politique monétaire appliquée .Les dépréciations successives du FMG à partir du Shadow programme de 1994 ( exigence du FMI pour que Madagascar passe du change fixe au change flottant) en est l’exemple concret.
La souveraineté monétaire des PED est alors remise en cause dans le cadre de la PAS.L’indépendance de la banque centrale cache une autre réalité bien établie : l’ingérence monétaire du FMI. Cette ingérence monétaire remet en cause pas seulement l’indépendance effective de la banque centrale mais encore et surtout la souveraineté monétaire. Bon nombre des PED sous ajustement souffrent ainsi d’ « une souveraineté monétaire déguisée » au détriment de leur développement. Mais existe –t-il une approche alternative crédible qui renforce la souveraineté monétaire des PED ? Les économistes hétérodoxes, keynésiens, postkeynésiens, marxistes, école de la régulation ou institutionnaliste restent tous attachés au contrôle de l’ensemble des instruments de la politique économique par le gouvernement afin de permettre une meilleure efficacité et légitimité [Le Heron, 2008 p.116]. A part les nouveaux keynésiens ( qui pensent à l’instar des néoclassiques dont les NEC qu’à long terme la monnaie est neutre), les hétérodoxes ne sont pas pour une politique passive de la banque centrale qui accorde beaucoup d’importance à la ciblage d’inflation comme a été le cas depuis 1990 dans une bonne partie des banques centrales .Si leur conception et leurs assises théoriques se différencient les des autres , l’objectif final de leur analyse est le renforcement de la flexibilité de la banque centrale donc de sa capacité d’agir. Parmi les différentes pistes de réflexion qu’on peut avancer ici, l’analyse monétaire postkeynésienne fait figure au premier plan.
Le prolongement de l’œuvre fondateur de J M Keynes de [1930 ,1936] fait suite à un développement considérable de l’analyse monétaire de ses disciples .Keynes pour faire face aux crises des années trente qu’a traversées la Grande Bretagne a préconisé une politique de relance monétaire dans laquelle l’indépendance de la banque centrale figure est une pièce centrale .A ses yeux, l’ingérence des policy maker ( responsables politiques) dans la gestion monétaire peut annuler les effets attendus d’une relance donc il est capital que la banque centrale dispose d’une indépendance réelle .La finalité de l’argumentation de Keynes a été toujours la relance de l’activité économique dans un contexte marquée par la dépression . Aujourd’hui, la situation s’est inversée, l’indépendance de la banque centrale est imposée partout dans les PED pour éviter le dérapage inflationniste si cher aux disciples de Friedman et aux libéraux .La défense de l’indépendance de la banque centrale n’est plus alors comme au temps de Keynes. Cette indépendance est là aujourd’hui, sous l’impulsion des préceptes monétaristes pour juguler au maximum l’inflation qui est jugée partout comme un phénomène monétaire alors que du temps de Keynes elle a été préconisée en vue d’une relance monétaire. La séparation du pouvoir entre le pouvoir politique et la banque centrale n’est pas fondée pour les keynésiens .A travers la théorie endogène de la monnaie, la plupart des postkeynésiens préconisent une banque centrale active et non plus passive apte à faire face aux défis de relance et de l’ajustement monétaire de l’économie. Evidement avec le concours du pouvoir public, cette option est considérée comme une condition primordiale d’une souveraineté monétaire effective aussi bien dans les PED que dans les pays développés.
La théorie monétaire postkeynésienne est fondée essentiellement sur le caractère endogène de l’offre de la monnaie .Les postkeynésiens Américains [ Kregel , Randall Wray, Arestis, Dow] ,les postkeynésiens français du circuit
[ Piegay, Rochon , Poulon, Parguez] ,les postkeynésiens Anglais [Godley, Kaldor,Deleplace ,Nell] , les postkeynésien canadiens [ Marc Lavoie, Gilles Dostaler] s’accordent à dirent que l’offre de monnaie ne peut pas être fixée d’une façon arbitraire par la banque centrale .Elle est déterminée par la demande de crédit et les préférences du public .C’est le fameux aphorisme selon lequel
« Les crédits font les dépôts » note Marc Lavoie [2004, p.55] dans son œuvre intitulé « L’économie postkeynésienne ».La théorie monétaire postkeynésienne inverse la causalité du sens dépôt-crédit chez les néoclassiques. Les banques n’ont pas forcement besoin de dépôts préalables pour consentir des crédits .La création des crédits et des dépôts bancaires se font sur la seule base de crédibilité et des suretés offertes par l’emprunteur [Heinsonhn et Steiger , 2000] .La monnaie banque centrale comme la monnaie bancaire est endogène et ne peut être fixée de façon arbitraire par la banque centrale. Le volume de monnaie banque centrale est lié aux crédits consentis et à la monnaie bancaire par un diviseur de crédit. La monnaie bancaire n’est pas un multiple de la quantité de monnaie banque centrale, c’est la monnaie banque centrale qui est un quotient de la quantité de monnaie bancaire .Un argument majeur qui conforte l’inversion de la causalité dépôt-crédit chez les postkeynésiens est le fait qu’ils réfutent la théorie wickselienne des fonds prêtables que les nouveaux keynésiens [ Stiglitz, Mankiw , Tobin ] acceptent à l’instar des néoclassiques . Les postkeynésiens contrairement aux néoclassiques avancent que c’est l’investissement qui induit l’épargne et non l’inverse. Il suffit alors la mobilisation des ressources nationales car le financement de l’activité ne dépend plus que de la crédibilité de l’emprunteur et des normes financières existantes. La rareté du financement est conventionnelle [Lavoie, 2004, p .55] .Dans cette optique, ils réfutent l’existence d’un taux d’intérêt naturel et que l’inflation ne peut être causée par un taux de croissance de la monnaie, au contraire c’est le taux de croissance des prix et de la production qui va causer la hausse du stock de la monnaie. La théorie endogène de la monnaie accorde beaucoup d’importance entre l’offre de la monnaie et le processus de production. C’est dans ce sens que la théorie monétaire postkeynésienne est assimilée régulièrement à une « Economie monétaire de production » ou « Economie du circuit monétaire ».Dans le cadre pratique de la politique monétaire, l’endogeneité de la monnaie engendre un caractère fondamental de la monnaie sur lequel repose le principal argument des postkeynésiens face aux attaques virulentes des néoclassique : c’est la « non- neutralité de la monnaie ».Les postkeynésiens ne voient dans l’indépendance des banques centrales qu’une tentative des néoclassiques d’imposer une vision dichotomique de l’ économie entre les phénomènes monétaires , telle l’inflation qui relèveraient de la banque centrale et les phénomènes réels qui relèveraient du marché [Le Heron ,2008, p .117] .Pour les keynésiens , la monnaie n’est pas neutre puisqu’elle agit par le crédit et le taux d’intérêt sur la production et l’emploi .L’hypothèse irréaliste de l’ anticipation rationnelle montre que les agents économiques ne vont pas tenir compte de l’horizon long terme comme conséquence , toute décision de relance ou rigueur adoptée par la banque centrale sera incorporée dans les habitudes de consommation et d’investissement local. Edwin Le Heron [2008] montre que la politique monétaire des NEC inspirés du monétarisme de Friedman peut être résumée à travers la théorie de la crédibilité de la banque centrale. Cette crédibilité est mesurable à travers le taux de réalisation de l’objectif établi qui n’est autre que la maitrise de l’inflation. Pour Edwin Le Heron [Ibid, p.116], les deux hypothèses théoriques fondamentales de l’indépendance des banques centrales : le biais inflationniste et les anticipations rationnelles sont contraires à la réalité des faits et sont aujourd’hui largement remises en question .La position de Maurice Allais [1993] converge aussi dans le sens du renforcement d’un Etat vraiment responsable de sa politique monétaire à l’instar des postkeynésiens. Maurice Allais [1993, p.323] affirme ainsi : «Si nous nous considérons non seulement l’histoire de ces dernières décennies, mais également ces des deux derniers siècles, et sans doute celle de ceux qui les ont précédés, les facteurs monétaires apparaissent certainement comme ayant une importance tout à fait exceptionnelle dans le fonctionnement de toute économie. Si, en effet, des conditions monétaires appropriées ne sont pas assurées, l’expérience montre qu’il ne saurait y avoir ni efficacité de l’économie ni équité dans la distribution de revenus ».
Pour toutes ces raisons évoquées, la culte de stabilité de prix, objectif principal des banques centrales des PED sous ajustement ne rime pas forcement avec le défi de développement des PED .Le principe d’indépendance de la banque centrale -source d’une politique monétaire passive doit être alors remplacée par une banque centrale active apte à faire face au problème majeur des PED : la stagnation. Dans un tel cas de figure, la souveraineté monétaire du pays ne doit plus être remise en cause ce qui renforce la crédibilité et l’efficacité de l’action de la banque centrale. Il est alors temps que les PED changent de cap sous peine de nager dans une sorte de « soumission monétaire chronique » qui les caractérise depuis des décennies.
La Chine , un pays qui n’a jamais eu de relation avec les IBW en particulier avec le FMI mérite ici d’être notée .La chine à l’instar des grands pays développés a toujours conduit à sa guise sa politique monétaire .La performance économique de la chine et la stabilité de sa monnaie n’ont jamais été remises en cause jusque là .Au contraire , sa souveraineté monétaire vis-à-vis de l’ extérieur constitue l’une des pièces centrales de son décollage économique .Il en est aussi des pays pétroliers du moyen orient .Malgré l’exigence et les critiques fréquentes des Etats-Unis et de l’ Europe qui accusent l’autorité chinoise d’avoir appliquer régulièrement une politique de dumping monétaire en sous-évaluant le yuan (la monnaie chinoise) ,la chine tient toujours jusque-là à mener sa politique monétaire à sa guise. La souveraineté monétaire de la chine tout comme celle des pays pétroliers du Moyen Orient n’a jamais été remise en cause .D’une part, ils n’ont pas eu des relations durables avec les IBW (ou pas du tout) .D’autre part, leur situation financière leur ont permis d’avoir une politique monétaire autonome sans trop dépendre de l’extérieur. En tout, leur souveraineté monétaire renforce la crédibilité de la politique monétaire de leur banque centrale .Mais dans la réalité ,le sens de causalité entre la crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale et la souveraineté monétaire reste en suspens.
1-2-3-Souveraineté et crédibilité de la Banque centrale : quelle relation ?

Une question se pose alors : y a –il une relation de causalité entre souveraineté monétaire et crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale ?
Autrement dit est ce que la souveraineté monétaire qui précède et influence la crédibilité de la banque centrale ou c’est l’inverse ? Le premier cas, amène à dire que l’efficience de la politique monétaire résulte avant tout de l’existence d’une certaine souveraineté monétaire jugée indispensable dans la conduite de toutes reformes monétaires et financières envisagées afin de garantir l’indépendance financière. Dans ce sens, les conditions précitées qui cadrent la souveraineté monétaire doivent être remplies entièrement ou partiellement .Des conditions qui stipulent les attributs en matière de frappe et création de monnaie, la capacité institutionnelle .Ce cas de figure , peut être envisagé dans le cas des grands pays industrialisés comme les Etats-Unis , les grands pays Européens membre actuellement de la zone Euro , la Grande Bretagne , le Japon , quelques pays pétroliers du moyen orient et la chine. Ces pays ont eu tous leur souveraineté monétaire au sens large du terme qui les ont permis malgré les tensions qui ont pesées sur leur économie à un certains moments de mener à bien leur politique monétaire par l’intermédiaire de leur banque centrale respective. Par contre, le second cas montre que la crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale est une condition sin qua non pour arriver à la souveraineté monétaire. Aucune souveraineté monétaire ne peut être alors envisagée sans cette crédibilité. Mais de quelle crédibilité s’agit-il ici ? La crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale est généralement définie comme la faculté des autorités monétaires à imposer sa politique monétaire vis-à-vis des objectifs tenus dans le cadrage général de la politique monétaire à un moment donné. D’une autre manière, c’est la faculté de la banque centrale à respecter et faire respecter ses objectifs .Des questions se succèdent pour éclairer ce débat .La Banque centrale peut –elle influencer le marché monétaire comme le stipule son statut ? Arrive-t-elle vraiment à maitriser les variables clés de l’économie ? Dans quelle mesure une détente du taux de base de la banque centrale peut-elle influencer les taux primaires des banques de second rang ? La manipulation des réserves obligatoires peut-elle vraiment influencer les comportements des banques par rapport à leur politique de crédit ? Les réponses à ces questions peuvent être trouvées en analysant les mécanismes de transmission de la politique monétaire mais la crédibilité de la banque centrale est un paramètre à ne pas négliger dans l’analyse. Une crédibilité qui résulte de la combinaison de deux facteurs à savoir le bien fondé de la politique monétaire et la compétence des autorités monétaires. Ce sont principalement les cas des pays émergents d’Asie et d’Amérique latine, les pays Africains. Quelques-uns d’entre eux ont pu reformer leur secteur financier et monétaire avec ou sans assistance des institutions de Bretton woods .Il en ainsi des pays comme , la Malaisie , la Corée du sud , Afrique du Sud .Les autres pays émergents ou non sont toujours à la recherche de la potion magique leur permettant de renforcer la crédibilité de leur banque centrale dans la conduite de leur politique monétaire .
Il est tout à fait difficile alors de se prononcer sur cette question souveraineté monétaire amène-t-elle la crédibilité de la banque centrale ou l’inverse ? Ce qu’on peut avancer, la finalité de toute reforme monétaire et financière est le décollage économique et l’amélioration du sort de la population qui nécessairement vont passer par la croissance économique sans négliger les autres dimensions humaines de l’économie. Logiquement , souveraineté et crédibilité peuvent aller de paire mais il est capital que souveraineté précède crédibilité car, la crédibilité de la banque centrale peut être passagère si le pays en question n’ a pas vraiment sa propre souveraineté monétaire .Les pays émergents d’Amérique latine et d’Asie victimes des crises financières des années 1990 et des années récentes sont des exemples concrets en la matière .
La souveraineté monétaire pour la plupart des PED reste encore une utopie Qu’ils commencent alors à entreprendre les reformes monétaires adéquates pour arriver à ce stade en vue de faire valoir leur indépendance financière. Des reformes qui nécessitent avant tout des projections solides et cohérentes dans l’ensemble mais non pas des reformes à l’aveuglette qui ont prédominé depuis les années 1980 dans ces pays.
Comme on l’a démontré précédemment, la théorie monétaire postkeynésienne offre une alternative prometteuse pour que les PED dans son ensemble puissent reconquérir leur souveraineté monétaire longtemps bafouée par la PAS et par l’asymétrie monétaire au niveau mondial. En tout état de cause, la recherche d'un régime monétaire optimal des PED dépend de deux choses :i) la volonté ou non de ces pays de s'approprier leur souveraineté monétaire, ii) les contextes économiques et les structures économiques de chaque pays. L'essentiel n'est pas alors le fait d'avoir sa souveraineté monétaire mais de maitriser les défis qui en résultent dont la stabilisation monétaire (ce qui n'est pas toujours le cas) et l’utilisation des marges de manœuvre possibles qu’elle offre dans la conduite une politique monétaire vraiment responsable.