lundi 26 mars 2007

LA SOUVERAINETE MONETAIRE DES PED:UTOPIE VERSUS REALITE?ANALYSE CRITIQUE DES TROIS REGIMES MONETAIRES DES PED

C'est un court article de passage ,juste une petite reflexion.( il n'y aura pas donc des données qui corroborent notre approche ou notre point de vue ).On y reviendra plus tard s'il y a le temps .

La souveraineté monétaire des PED :Utopie versus réalité ?Analyse critiques des trois régimes monétaires des PED

1-Vue d'ensemble et définition
1-1-Vue d'ensemble
Depuis des siècles et de nos jours l'économie monétaire constitue un champ de recherche qui a sucisté des controverses sans fin entre les économistes chargés de formuler les théories monétaires en phase avec les contextes politico-économiques locaux mais aussi internationaux .Les débats virulents entre les tenants de la théorie de Currency School ( source du monetarisme de Friedman ) et ceux adeptent de la théorie de Banking School ( base de la théorie monetaire keynesienne )restent toujours d'actualité de nos jours .Qui a raison qui a tord? Notre intention n'est pas ici de s'interesser sur la pertinence ou non de ces deux groupes de pensées mais de se questionner sur l'effectivité réelle de la politique monétaire des PED suivant leurs régimes monétaires à savoir i)les pays qui ont leur propre monnaies , ii)les pays d'une zone monétaire et iii) les pays dollarisés.L' Effectivité de la politique monétaire de ces pays nous renvoie à l'analyse de leur souveraineté monetaire.
La souveraineté monétaire est un concept très large et difficile à appréhender. Malgré les multitudes d’études relatives à la monnaie effectuées par des économistes théoriciens[1] et / ou praticiens, ce concept reste toujours mal exploité même si ces études là dans la plupart des cas traitent le sujet d’une manière ou d’une autre. Quoi que l’on dise, on doit beaucoup ce concept à Jean Bodin qui a été le premier à le développer et le défendre[2]. Il en est ainsi des études relatives au régime de change, la zone monétaire, la dollarisation, les currency board. Ces variantes multifacettes de l ‘économie monétaire font toujours intervenir le concept de souveraineté monétaire mais de degré différent.
ii)-Définition
Pour simplifier dans cet article, la souveraineté monétaire sera définie comme la capacité d’ un pays à mener à bien sa politique monétaire sans avoir eu d’une manière ou d’une autre l’ingérence d’autre pays ou organisation extérieure au système monétaire en question et qui ne remet pas en cause la souveraineté de la nation. A travers cette définition et par extension trois cas de figure méritent d’être analysées.

2-Faits stylisés
2-1-Pays qui a sa propre monnaie
Le fait d’avoir sa propre monnaie veut – il dire qu’un pays est souverain monétairement? A priori oui , mais les expériences passées et récentes des PED surtout les pays pauvres nous invitent encore à réfléchir là dessus .Ces pays dans la plupart des cas entretiennent des collaborations étroites ou non avec les institutions de Brertton Woods donc la Banque mondiale et le FMI. Globalement si la Banque mondiale est tenue à faire respecter les reformes structurelles et favorise la croissance à travers son model RMSM ou model à double déficit , le FMI quant à lui agit sur les reformes conjoncturelles qui favorisent la stabilisation macroéconomique et la stabilité monétaire . A travers ses directives suivant l’ accord avec les pays membres (stand by ,accord de confirmation , FAS ou FASR , FRPC ) , le fonds agit indirectement sur la gestion monétaire de ces pays .Le pays en question n’ a plus la liberté de mener à sa manière sa politique monétaire . Tel a été le cas des dévaluations successives des années 1980 et 1990 en Afrique et en Amérique latine .Tout est presque formulé d’avance par les techniciens du fonds. Mais ces politiques de dévaluations successives contrairement aux arguments du FMI n’ont pas pu apporter leur fruit.A Madagascar la forte depreciation de la monnaie nationale (de l'ordre de 4000% de 1973 (date à la quelle Madagascar a quitté la zone franc) à 2006 ) reflète bien le derapage de la politique monétaire appliquée par les dirigeants qui se sont succedés mais aussi les devaluations successives du FMG suite aux exigences du FMI( Shadow programme de 1994 par exemple).
2-2-Les pays dans la zone monétaire
Les pays dans la zone monétaire sont aussi concernés par ce concept de souveraineté monétaire .Ces pays globalement ont décidé de mener ensemble leur politique monétaire souvent dicté par une décision collégiale des gouverneurs des pays membres mais sous la direction d’un gouverneur ou président de la zone monétaire en question élu ou désigné suivant les dispositions juridiques et institutionnelles en vigueur .Il en est ainsi des pays membres de la zone Euro actuellement qui étaient uni dans le Système Monétaire Européen de 1979 à 1999.C ‘est le cas aussi de la CEMAC et l’UEMOA respectivement en Afrique centrale et en Afrique de l’ Ouest groupés dans la zone franc CFA . S’il est évident que la théorie de « la Zone Monétaire Optimale » de Mundell [3]a beaucoup influencé les concepteurs de l’ Euro dans sa mise en marche et sa mise en pratique , les deux zones monétaires existantes en Afrique pour le moment sont de loin à remplir les hypothèses avancées par ce prix Nobel de l’ économie [1999] il y a une quarantaine d’année .Sa mise en marche et sa conception reflètent toujours l’héritage colonial et l’impérialisme financier de la France qui reste toujours un partenaire privilégié sur le plan financier , commercial mais aussi stratégique .Même si le niveau de développement et l’ état d’avancement du système financier de ces deux zone monétaires sont différents , la conduite et les objectifs de leur politique monétaire restent presque les mêmes à savoir la stabilité des prix, la stabilité monétaire et la maitrise de l’ évolution de la masse monétaire .Deux observations sont à faire ici
i)-La disparition de la monnaie nationale
La décision de faire parti d’une zone monétaire veut dire à priori renoncement à la monnaie nationale qui par la suite entraine sa disparition. En effet, contrairement aux anciennes colonies françaises d’ Asie , des Caraïbes , d’ Afrique qui ont décidé de s’envoler de leur propre ailes après l’ indépendance en réattribuant leur propre monnaie , les pays membres de la zone franc groupés dans la zone CFA ont décidé de renoncer à cet attribut monétaire en acceptant de faire partie d’une zone monétaire .La monnaie nationale n’ a plus court légal dans cette zone que pendant un certains moments dit période de transition pour les nouveaux membres .C ‘est la monnaie de la zone avec le cour légal en vigueur qui la remplace . Une monnaie qui pour le cas du CFA reste toujours convertible au franc français avant la création de l’Euro et est convertible en Euro actuellement .
Si tel a été le cas des pays africains du CEMAC et de l’UEMOA, les pays européens membres de la zone Euro restent typique. Ces pays vu, leur importance dans l’économie mondiale constituent des exemples et contre exemple concrets de ce concept de souveraineté monétaire .Il est évident que l’Euro est avant tout l’ aboutissement du projet de construction européenne qui a débuté avec le marché commun de 1957 ,mais elle est aussi un signe d’abandon de la monnaie nationale longtemps considérée comme un des attributs majeurs d’un Etat souverain avec son armée , son drapeau et ses valeurs républicaines. Avec l’arrivée de l’Euro, le Franc Français, le Deutsch Mark Allemand, la Lire Italienne, etc des monnaies qui ont existé depuis plusieurs siècles (voir même depuis plus de milles ans) et ont traversé des grandes périodes de stabilité et d’instabilité de chaque pays suivant le contexte existant ont disparu .Pourquoi ? Disent les Europhiles, pour faire face à l’hégémonie du Dollar Américain et à la montée en puissance des pays émergents d’Asie et d’Amérique latine. Ces pays ont –ils raisons d’abandonner leur propre monnaie et la remplacer par une autre monnaie qui sera gérée par une instance supranationale regroupant les gouverneurs de chaque pays membre ? Il est tout à fait difficile de répondre à cette question mais ce qu’on peut avancer les pays qui font parti des zones monétaires que ce soit en Afrique ou en Europe n’ont pas pu jusque là se démarquer visiblement des autres pays non membres d’une zone monétaire. Les multitudes d’études relatives aux pays de la zone CFA, les études relatives aux pays membres et / ou non membres de la zone euro de ces dernières années corroborent bien avec ce constat .Il appartient ainsi à chaque pays de chercher l’option qui lui convient le plus.
ii)-La conduite collégiale de la politique monétaire
Un des grands problèmes de la zone monétaire est l’hétérogénéité des pays membres .Une hétérogénéité économique mais aussi culturelle.qui d’une façon ou d’une autre vont influencer les objectifs, la conduite de la politique monétaire à mettre en œuvre et les grands axes qui la cadre. Deux questions méritent d’être posées pour mieux appréhender ce problème .Comment serait –il possible que quelques pays ayant chacun leur spécificité, leur préoccupation économique adoptent une politique monétaire qui les cadre dans l’ ensemble ? La décision collégiale des gouverneurs reflète –t-elle vraiment la priorité de chaque pays, la zone toute entière ou les grands pays de la zone ? Les expériences de l’ histoire et les événements économiques récents nous invitent à dire qu’il est extrêmement difficile d’adopter cette décision collégiale sans nuire aux intérêts des autres membres non influant ou négligeables donc remettre en cause leur souveraineté monétaire .Examinons un cas de figure fréquent qui suscite toujours des débats politico –économiques virulents dans ces pays : la relance économique . Il est tout à fait difficile pour les pays membres d’une zone monétaire d’adopter une politique de relance monétaire en cas de récession. Parfois la relance budgétaire est abandonnée ou négligée à force de déstabiliser les prévisions monétaires .Tout est dicté d’avance par une direction collégiale des gouverneurs de la banque centrale et parfois c’est la loi de la jungle qui prévaut car ce sont les plus forts qui l’emportent toujours au détriment des petits pays .Si on se place dans un scenario classique comme le cas qui préfigure et cadre la politique monétaire des pays membres de la zone CEMAC , UEMOA , la Zone Euro , l’objectif de stabilité des prix par la maitrise de l’ évolution de la masse monétaire restent une priorité .Il est important de noter que les hypothèses avancées par Mundell à propos de « la zone monétaire optimale » restent encore à vérifier dans ces pays et si sa mise en pratique apportera les objectifs voulus .Si pour certains , la zone Euro est un exemple concret de la concrétisation de cette théorie les autres avancent que l’ Euro n’a rien à voir avec Mundell , ce qui nous laisse perplexe en se demandant d’où vient la base de conception théorique de l’ euro ? .La différence existant par rapport au niveau de développement financier de chaque pays peut être aussi considéré comme handicap majeur à l’ instauration de ce genre de système monétaire .Tous ça nous amène à dire que la direction collégiale n’offre pas beaucoup de souplesse à la conduite de la politique monétaire et peut remettre en cause les reformes économiques à mettre en œuvre comptant seulement sur les reformes budgétaires . Dans le scenario actuel des choses ,la création d'une zone monétaire en Afrique prevue vers 2018 n'est qu'une utopie vues les obstacles institutionnels , politiques mais surtout économiques qui rongent encore ce contient .
A titre illustratif, les pays membre des zones Dollar, zone Sterling à un certain moment peuvent être aussi intégrés dans ce groupe de pays mais d’une intensité inégale par rapports aux zone monétaires effectives .Il en est aussi des pays de la zone Rand [4]en Afrique australe ces derniers temps
Si l’un des arguments avancés par les défenseurs de cette option est la stabilité monétaire de la zone en question vis-à-vis des paramètres exogènes pouvant déstabiliser le système économique et / ou financier tout entier, d’autres pays ont opté pour le régime dit de dollarisation comptant beaucoup sur l’importance économique du pays émetteur de la devise en question principalement le Dollar ou l’Euro.
2-3-Les pays dollarisés
La dollarisation est un instrument de politique monétaire très en vogue en Amérique latine vers le début des années 1980 et y a pris de l’ampleur vers les années 1990 avant de s’élargir par la suite vers d’autres pays d’Asie et d’Afrique .Sans vouloir commencer vraiment à discuter le cœur du débat , il importe de définir ce terme devenu familier dans les cercles des économistes ces derniers temps.
La dollarisation au sens large du terme est un système monétaire dans le quel un pays s’engage à rattacher sa monnaie à une devise à un cour légal fixé d’avance avec ou sans marge de fluctuation .Cette devise a cour légal dans le pays en question. A la lumière des littératures économiques et conformément aux recommandations du FMI, on distingue la dollarisation intégrale de la dollarisation partielle suivant les degrés d’applications de cette politique.
Le fait d’ être dollarisé veut dire alors pour un pays de renoncer partiellement à certaines prérogatives de la banque centrale dont la conduite de la politique de change un des grands attributs de chaque banque centrale .La banque centrale n’ a plus beaucoup d’option pour faire face aux fluctuations du marché monétaire et de change .Le pays est presque considéré comme dans un change fixe et sa marge de manœuvre est réduite en cas de crise . Ces pays ont adopté ce système de change pour faire face aux enjeux politico-économiques internationaux pouvant influencer leur économie .Pour ce faire, ils adoptent comme monnaie de référence la devise du pays avec lequel ils entretiennent une relation économique privilégiée ou celui qui offre une stabilité permanente de leur économie vue son influence dans l’ économie mondiale .C ‘est le cas du Dollar américain en Amérique latine et l’ Euro en Afrique de la zone franc et l’ Europe de l’ Est .La stabilité relative et l’ hégémonie du dollar américain sont considérées comme une gage de stabilité de leur monnaie adoptant un cour légal fixé d’avance , mais il appartient aux autorités monétaires de poursuivre ou non cette option suivant les contextes existants. Quoi que ce système n’est pas infaillible à l’exemple des crises financières successives des pays émergents d’Amérique latine et d’Asie des années 1990 et les années subséquentes. Des crises qui ont conduits certains pays dollarisés à reconquérir leur souveraineté monétaire. Le concept de peché originel développé par des auteurs comme Eichengreen et Hausmann [1999 ,2003] fondée sur la théorie de fragilité financière de Minsky Hymann[1986,1996], et le développemet récent de l' analyse de Levy-Yeyati [2005] constituent les bases de references incontournables de l' analyse de la problematique de dollarisation et des crises financières.

3-Souveraineté monétaire et crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale : quelle relation ?
A travers ce sous titre, on peut se demander est ce que la souveraineté monétaire qui précède et influence la crédibilité de la banque centrale ou c’est l’inverse ? Le premier cas, amène à dire que l’efficience de la politique monétaire résulte avant tout de l’existence d’une certaine souveraineté monétaire jugée indispensable pour la conduite de toutes reformes monétaires et financières envisagées afin de garantir l’indépendance financière. Dans ce sens , les conditions précitées qui cadrent la souveraineté monétaire doivent être remplies entièrement ou partiellement .Des conditions qui stipulent l’indépendance de la banque centrale et ses attributs en matière de frappe et création de monnaie .Ce cas de figure , peut être envisagé dans le cas des grands pays industrialisés comme les Etats-Unis , les grands pays Européens membre actuellement de la zone Euro , la Grande Bretagne , le Japon et quelques pays pétroliers du moyen orient. Ces pays là ont eu tous leur souveraineté monétaire au sens large du terme qui les ont permis malgré les tensions qui ont pesé sur leur économie à un certains moment de mener à bien leur politique monétaire par l’intermédiaire de leur banque centrale respective. Par contre, le second cas montre que la crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale est une condition sin qua non pour arriver à la souveraineté monétaire .Aucune souveraineté monétaire ne peut être alors envisagée sans cette crédibilité. Mais de quelle crédibilité s’agit –elle ici ? La crédibilité de la politique monétaire de la banque centrale est généralement définie comme la faculté des autorités monétaires à imposer sa politique monétaire vis-à-vis des objectifs tenus dans le cadrage général de la politique monétaire à un moment donné. D’une autre manière c’est la faculté de la banque centrale à respecter et faire respecter ses objectifs .Des questions se succèdent pour éclairer ce débat .La Banque centrale peut –elle influencer le marché monétaire comme le stipule son statut ? Arrive-t-elle vraiment à maitriser les variables clés de l’économie ?-Dans quelle mesure une détente du taux de base de la banque centrale peut –elle influencer les taux primaires des banques de second rang ? La manipulation des réserves obligatoires peut –elle vraiment influencer les comportements des banques par rapport à leur politique de crédit ? Les réponses à ces questions peuvent être trouvées en analysant les mécanismes de transmission de la politique monétaire mais la crédibilité de la banque centrale est un paramètre à ne pas négliger dans l’analyse. Une crédibilité qui résulte de la combinaison de deux facteurs à savoir le bien fondé de la politique monétaire et la compétence des autorités monétaires. Ce sont principalement le cas des pays émergents d’Asie et d’Amérique latine, les pays Africains. Quelques uns d’entre eux ont pu reformer leur secteur financier et monétaire avec ou sans assistance des institutions de Bretton woods .Il en ainsi des pays comme , la Malaisie , la Corée du sud , Afrique du Sud ,la chine .Les autres pays émergents ou non sont toujours à la recherche de la potion magique les permettant de renforcer la crédibilité de leur banque centrale dans la conduite de leur politique monétaire .
Il est tout à fait difficile alors de se prononcer sur cette question souveraineté monétaire amène-t-elle la crédibilité de la banque centrale ou l’inverse ? Ce qu’on peut avancer, la finalité de toute reforme monétaire et financière est le décollage économique et l’amélioration du sort de la population qui nécessairement vont passer par la croissance économique sans négliger les autres dimensions humaines de l’ économie. Logiquement , souveraineté et crédibilité peuvent aller de paire mais il est capital que souveraineté précède crédibilité car, la crédibilité de la banque centrale peut être passagère si le pays en question n’ a pas vraiment sa propre souveraineté monétaire .Les pays émergents d’Amérique latine et d’Asie victime des crises financières des années 1990 et des années récentes sont des exemples concrets en la matière .
La souveraineté monétaire pour la plupart des PED reste encore une utopie Qu’ils commencent alors à entreprendre les reformes monétaires adéquates pour arriver à ce stade là en vue de faire valoir leur indépendance financière. Des reformes qui nécessite avant tout des projections solides et cohérentes dans l’ensemble mais non pas des reformes à l’aveuglette qui ont prédominé depuis les années 1980 dans ces pays.
Les travaux novateurs de C.Prescott et E.Kydland (1977) [5]qui ont traité cette question dans le cadre de la macroéconomie dynamique insistant sur le thème de « l’incohérence temporelles des politiques discrétionnaires méritent une attention particulière ici .Ils ont beaucoup travaillé dans les processus de cycle économiques et la politique monétaire mettant en jeux le rôle des institutions. Par ailleurs ,ces deux auteurs ont montré que dans la plupart des cas, il y a des divergences, des incohérences plus ou moins graves de la politique macroéconomique d’un pays du moins à moyen terme. Ces travaux ont été à la source de la reforme de la banque centrale de nombreux pays en développement mais aussi quelques pays développés. Des travaux qui les ont valu le prix Nobel de l’économie en 2004.Les recherches menées par Robert J Barro et David B.Gordon (1983)[6].ont par la suite peaufiné cette analyse dans le cadre de la politique monétaire. Malgré la pertinence de ces travaux, le bilan en était un autre souvent désastreux pour les PED.
Depuis lors et de nos jours , les ripostes et théories proposées par les keynésiens principalement les post -keynésiens et les néo-keynésiens restent toujours des alternatives prometteuses pour remédier ce genre de problème .
En guise de conclusion
La recherche d'un régime monétaire optimal des PED dépend de deux choses :i) la volonté ou non de ces pays de s'approprier leur souvernaité monétaire ,ii) les contexes économiques , les structures économiques de chaque pays.L'essentiel n'est pas alors d'avoir la fierté d'avoir sa propore monnaie ( comme Madagascar) mais de maitriser les defis relatifs à la stabilisation de cette monnaie ( ce qui n'est pas toujours le cas ).L'union monétaire ou la dollarisation peut etre l'une des options alternatives des desordres monétairs des pays qui ont leur propre monnaie mais les faits récents et les examens comparatifs vis à vis de ces pays( pays dans la zone monétaire et les pays dollarisés) n'accreditent pas forcement cette thèse.
Alors à chacun de trouver ce qui bon lui semble!!! VIVE L' ARIARY MALAGASY QUAND MEME.
[1] Aglietta . M; (Sous la dir. avec André Orléans) ; Souveraineté, Légitimité de la Monnaie, ed Cahiers finance, Ethique, Confiance [1995].
[2] Jean Bodin en 1576 dans le chap3 de son œuvre principal intitulé « Les six livres de la République » a été le premier à défendre ce concept.
[3] R. Mundell, "A Theory of Optimum Currency Areas," American Economic Review, November 1961.
Hypothèse de base de la théorie de zone monétaire optimale : Absence des chocs asymétriques fréquents er de grande ampleur et mobilités des facteurs travail et capital. A ces deux critères, il convient d'ajouter la diversification des exportations (qui réduit l'impact sur l'économie de chocs affectant une catégorie étroite de produits d'exportation) et, pour les pays candidats à l'union, le degré d'ouverture de leur économie.

[4] Zone Rand : Zone Monétaire non effective sous influence de l’ Afrique du Sud qui regroupe quatre autres pays dont Botswana , Lesotho ,Namibie , Swaziland comme monnaie respective Pula ,Maloti ,Dollar namibien ,Lilangeni.
[5] Kydland Finn E.Prescott Edward C.(1977),Rules Rather Than Discretion :The inconsistency of optimal Plans,Journal of Political Economy, vol .85 , June , pp.473-492..

[6] Barro Robet J. Gordon David B.(1983), “Rules , Discretion and Reputation in a Model of Monetary Policy “, Journal of Monetary Economics ,Vol.12,July,pp.. 101-121.

mercredi 14 mars 2007

SUITE 3 :SURVOL HISTORIQUE DES RAPPORTS FINANCIERS

II-La logique financière des puissances coloniales

La logique financière des puissances coloniales est évidemment d’apporter par tous les moyens le maximum d’apports financiers et économiques à l’empire. Les calculs et intérêts économiques passent avant toute autres considérations de tout ordre (moral ou éthique).L ‘impérialisme a été l’un des moyens largement utilisé pour y parvenir.
L’impérialisme financier des puissances coloniales a toujours déterminé et influencé d’une manière ou d’une autre le système économique et financier des colonies. Les auteurs en la personne de l’ Anglais J Hobson en 1902 , de l’ autrichien R. Hilferding (le capital financier , 1912 ) et du Russe Vladmir Lénine ( l’impérialisme stade suprême du capitalisme, 1917 ) ont été les trois précurseurs de la théorie sur l’impérialisme .Les œuvres fondateurs de ces auteurs constituent toujours les bases de référence fondamentales de l’analyse des rapports de forces existant entre les Etats- nations pendant l’ère coloniale mais aussi pendant la période postérieure. Grosso modo, l’impérialisme est défini comme la domination sans consentement, d’un peuple faible par un peuple fort, que se soit par la force ou par l’influence .Comment les puissances coloniales se sont appropriées de ce système dans leurs colonies? Evidemment avec la logique coloniale, les colons ont cherché à tirer profit des colonies. Qu’en sont-ils vraiment des rapports financiers entre les colons en l’occurrence la France et la Grande Bretagne et leurs colonies. N’est-il pas capital de faire recours à la statistique malgré la défaillance des récoltes des données?

1-L’impérialisme colonial français

L’impérialisme colonial français a été marqué principalement par la domination des systèmes productifs et financiers des colonies et l’établissement des rapports commerciaux et financiers pouvant favoriser les transactions de toute sorte. En 1913 [Lenine ,1917], à l’aube de la première guerre mondiale, les colonies représentaient seulement 10 % des investissements extérieurs de la France (soit environ 4 milliards sur les 45 milliards de francs investis à l’extérieur) et n’assurent qu’environ 12 % du commerce global de la France. Ces chiffres suffisent-ils pour conclure d’avance sur l’effectivité des rapports financiers entre la France et les pays d’outre-mer ? Evidemment non. L’analyse de la balance des paiements entre la France et l’outre-mer constitue un outil d’analyse efficace permettant de décortiquer avec rigueur notre problématique ici. Cette analyse offre deux avantages considérables. D’abord , elle permet de dégager les bénéfices et les coûts que la France a retirés de cette domination ,ensuite les avantages et les inconvénients de ce système pour les colonies .L’analyse de Jacques Marseille (1996)[1] constitue une base de référence cohérente et complète la dessus .Dans son article intitulé : « La balance des paiements de l’outre –mer sur un siècle , problème méthodologiques » , il a bien explicité les mécanismes qui régissent les rapports financiers entre la France et ses colonies .Faute de données statistiques de la balance des paiements des pays d’outre mer qui n’existe qu’à partir de 1950, l’analyse serra beaucoup focalisée sur la balance commerciale et sera prolongée vers la construction de quelques indicateurs jugés pertinents . Il est important d’abord de rappeler que contrairement aux pays indépendant, le déficit de la balance commerciale des pays dépendant d’outre-mer doit être financé entièrement par la France. Du point de vue métropolitain alors, il est avantageux d’avoir une balance commerciale débitrice avec les pays d’outre-mer et de voir ces derniers avoir une balance commerciale créditrice avec les tiers (Jacques Marseille, 1996, p.5).
Dans l’ensemble, depuis le début du XX ème siècle, la balance commerciale des pays d’outre-mer n’a été excédentaire vis à vis de la France qu’en 1910 et 1911, de 1914 à 1919, en 1921, de 1932 à 1944 et en 1947.Vis à vis de l’étranger, elle n’a été excédentaire qu’en 1926. Le cumul de ces soldes qui doivent être financés par la France n’est autre alors qu’une sorte d’aide accordée par la France à ses colonies .A titre de référence , convertis en francs constant de 1914 , ces déficits s’élèvent de 1900 à 1971 à 50,7 milliards de francs , soit plus que quatre fois le montant des emprunts russe , soit plus que les placements extérieurs de la France en 1913 , évalué le plus souvent à 45 milliards de francs, soit plus de trois fois les aides américaines à la France de 1945 à 1955 ( Jacques Marseille ,1996 , p.7).

A partir des années 1950 , ce système de financement sans cesse des déficits commerciaux des colonies a suscité beaucoup de débat dans les milieux académiques , mais aussi dans les ministères concernés .On peut lire ainsi dans la revue n°5 Etudes et conjoncture de mai 1954 de l’INSSE : «Les pays d’outre-mer constituent toujours un débouché très important pour les objets fabriqués , mais l’opération n’est pas , au moins financièrement bénéficiaire pour la France : non seulement ce sont les capitaux français qui permettent seuls l’excédent d’exportations vers ces pays , mais encore les objets vendus par la France sont souvent, comme dans le cas des tissus de coton, fabriqué à partir d’une matière première payée en grande partie en devises fortes».
Par prolongement, le coût de financement des déficits commerciaux (qui se traduit par un besoin net de financement) des colonies comparées aux recettes budgétaire de la France et au pourcentage de son PIB mérite une attention particulière .Dit-on un chiffre ne vaut rien sans référence, n’est il pas logique alors de se référer aux deux indicateurs su-cités tels que le PIB et les recettes budgétaires.
Le ratio financement du déficit des pays d’outre-mer/ recette budgétaire de la France a passé de 8% dans les années 1920 à 9% de 1945 à 1962 et encore plus en 1949, en 1951, 1952 et 1955.Encore le ratio financement du déficit des outre-mer/ PIB a presque avoisiné ou dépassé le seuil de 0,7% d’aide au développement avancé par le comité Pearson de 1969.
Via les statistiques, on remarque que les besoins financiers de ces pays excèdent même ceux de la France à une certaine période comme en 1905, 1920, 1930, mais aussi en 1945 et 1950.
Si dans l’ensemble , les pays de l’outre-mer ont globalement présenté un solde négatif de balance commerciale et sont devenus des charges aux yeux de la France , quelques pays lui offrent des avantages considérables et allègent même ses charges .Les comptoirs de l’Inde , et l’Indochine font parti de ces pays .En effet , en 1913 le solde positif de la balance commerciale des comptoirs de l’ Inde estimé à 32, 9 millions de francs a permis de financer un cinquième du déficit de l’ Algérie ( 166,2 millions de francs) . Encore était estimé à 192, 3 millions de francs en 1929 et couvrait presque le déficit de l’ensemble des territoires de l’Afrique occidentale française (204 ,2 millions de francs).
De l’autre coté les pays comme la Tunisie , le Maroc , la Syrie et le Liban ont toujours accumulés des déficits tout au long de la période coloniale sauf exception comme pendant la grande dépression des années trente .Force est de noter aussi que l’ Algérie était le pays le plus coûteux car son déficit représentait 86 % des besoins de financement globaux en 1913 , 38% en 1929 et 82 % en 1961.
Les controverses suscités par ce système de financement des déficits des colonies a beaucoup relancé le débat sur le bien fondé et les avantages effectifs de la colonisation en France .François Bloch –Laine[2](1956, p.44) a été affirmatif disant:«Le système colonial s’est presque renversé au bénéfice des pays d’outre-mer .Désormais, ceux ci importent beaucoup plus en provenance de la métropole qu’ils n’exportent vers elle .Tout se passe comme si la métropole fournissait les francs métropolitains qui permettent à ses correspondants d’avoir une balance profondément déséquilibrés : ainsi s’opère aux frais de la métropole , le développement économique de tous les pays d’outre-mer sans exception».
La commission Jeanneney de 1963 chargé de définir une politique de coopération avec les pays en voie de développement en écrivant : en quoi ce régime de la zone franc est –il avantageux pour la France n ‘est pas de cette optique.
Le fait d’avoir un solde commercial négatif ne permet pas de déduire avec certitude que les colonies françaises d’outre-mer ont été dépendant financièrement de la Métropole à deux égards. D’abord, l’essentiel des opérations commerciales et financières effectuées pendant cette période ont été fait au service des colons et des entrepreneurs français, jamais aux services des colonies. Les colonies n’étaient alors juste que simples débouchés pour l’écoulement des produits de la métropole et bases de ressources de matières premières. Ensuite, les valeurs ajoutées dégagées par les principaux secteurs d’activité rentables dans ces pays ont été gagées entre les mains des colons et vont revenir en France. L’équilibrage financier largement discuté ci-haut a été alors fait au profit de la France de sorte qu’il n’était pas vraiment question de développer ces pays mais de renforcer les liens commerciaux et financiers. Les crédits offerts pendant les années de décolonisation estimés à 32 ,5 milliards de francs et les divers aides de la France de l’après guerre peuvent être considéré comme des indicateurs majeurs de la dépendance financière de ces pays .Mais à quel prix ils ont souffert pour en mériter?
Objectivement force est de reconnaître que la France a toujours usé de son pouvoir et de son système impérial pour maîtriser le système économique de ses colonies .L’équilibrage financier qui s’est opéré entre la France et les pays d’outres –mer s’est soldé en faveur de ces derniers , ce qui n’enlève pas pour autant les profits masqués générés par la colonisation dans chaque colonie.

2-L’impérialisme colonial britannique:.
Par l’étendu et la durée de son empire colonial, l’impérialisme Britannique s’est beaucoup différencié de celui de la France .La Grande Bretagne a toujours usé de son force pour imposer son système impérial dans ses colonies mais aussi dans les autres pays du globe. L’histoire colonial de l’impérialisme britannique a été principalement marquée par deux grandes sous périodes .Rita Hinden ( 1949) dans son œuvre intitulé:«Empire and after: A Study of British Impérial Attitudes» a essayé de mettre en lumière les grandes tendances de l’histoire coloniale britannique .Si de la fin du XVI ème siècle à la fin du XIX ème siècle, le système colonial britannique a été fortement marqué par l’alternance entre profit et le paternalisme , la période postérieure jusqu’ à la décolonisation de l’ après guerre des années 1940 est attribué à l’émergence de l’impérialisme colonial. Jusqu’en 1776, avec la prédominance du système mercantile qui priorise l’appropriation des colonies et l’excèdent commercial, l’empire britannique a été toujours considéré comme un avantage considérable pour la Métropole .Les profits et les calculs économiques priment avant tout. Mais certains économistes , politiciens et même des simples citoyens ne sont pas toujours de cet avis .C ‘est ainsi qu’un économiste de renom Adam Smith dans son œuvre : «Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » a dénoncé avec force l’absurdité du système colonial britannique qui selon lui constitue un frein au libre –échange , opprime la liberté des colonies mais encore coûte cher à la Grande Bretagne .Le Discours d’ Edmund Burke à la chambre des communes sur la conciliation avec les colonies( 1775), qui va mettre en place le paternalisme existant entre les colonies et la Métropole , a été un signe précurseur du changement de la politique coloniale britannique. Pendant les trois quarts du XIXème siècle, le colonialisme a été critiqué de tous fronts en tant que source d’exploitation des colons mais aussi frein au libre échange. Dés auteurs utilitaristes comme Jeremy Bentham, les réformateurs des années 1830 et plus tard John Stuart Mill se sont beaucoup mobilisés pour améliorer les conditions de vies des peuples colonisés. Avec le discours du Crystal Palace de Disraeli en 1972, l’impérialisme Britannique sera petit à petit à l’œuvre, chose faite vers 1899 avec Joseph Chamberlain. Avec le concours des Charles Dilke, John Seeley et Rudyard Kipling., Chamberlain a été le précurseur de l’impérialisme moderne britannique fondé sur la mission civilisatrice de la Grande Bretagne, sans oublier les rivalités existantes entre les grandes puissances impériales. A la lumière de J Hobson (1902), le système de domination coloniale doit être conforme à trois règles fondamentales pour être pertinent. Selon Hobson, les trois conditions qui légitimeraient une confiance entre un peuple dominant et un peuple dominé sont : premièrement, la domination doit être dirigée vers le bonheur de tous et pas seulement celui de la nation impérialiste ; deuxièmement, la domination doit conférer un avantage net à la nation ainsi dominée ; enfin, il doit exister une organisation qui représenterait les intérêts internationaux, et qui pourrait sanctionner tout abus de confiance ( Rita Hinden , 1949).Evidemment , le comité chargé d’orienter les politiques coloniales britanniques: le Fabian Colonial Bureau[3] présidé part Arthur Creech Jones (1940-6), puis par le géographe J.F. Horrabin (1946­9). Crée en 1940 n a pas pu influencer d’une manière significative le fonctionnement de l’empire colonial britannique qui était justement entrain de d’éteindre. Dans la réalité, la Grande Bretagne a toujours agit de sorte qu’elle puisse tirer profit de ses colonies. L’Angleterre s’est beaucoup investi dans les systèmes financiers et commerciaux des colonies pour faciliter sa domination .A titre de référence en 1904 et 1910, elle avait respectivement 50 banques coloniales avec 2279 succursales et 72 banques coloniales avec 5449 succursales (Lénine, p.124).
Cet impérialisme économique britannique peut être aussi attribué aux ponctions faites via l’excèdent commercial de ces derniers.
on a pu constater que la ponction britannique sur l’ Inde a été toujours évident , ce qui justifie l’avantage économique de la colonisation pour la Métropole au détriment de l’ épanouissement de ce pays .Dans la mesure où les PIB de l’Inde et de la Grande Bretagne étaient respectivement 118, 04 milliards de dollar et 76, 584 milliards en 1857; et respectivement 255,852 milliards et 314,969 milliards de dollar[4] en 1947 ,ce surplus commercial de l’ Inde qui n’est autre que la ponction britannique représente une somme considérable , de quoi à alimenter les machines coloniale et économique anglaises.
Les colonies représentaient des avantages considérables pour la Métropole. Force est quand même de constater qu’elles n’ont pas vraiment influencé son système commercial largement dominé par les pays Européens surtout depuis le premier quart du XIX siècle. Ca n’enlève pas pour autant sa mainmise sur ses colonies.

3-Impérialisme colonial : source de stagnation des colonies

Jusque là, on a essayé de focaliser l’analyse sur des aspects monétaires et financiers proprement dits. Une analyse globale qui met en lumière l’état d’avancement de leur économie tout en analysant celui des puissances coloniales nous permettra aussi de percer encore plus loin ce débat. Notre cadre d’étude a été très restreint si on ne s’intéresse pas, à la dynamique de l’économie des PED donc de leur PIB.
Se referant aux données de Madisson [2001] : l'économie mondiale une perspective millenaire,on a pu remarquer ainsi que:
i)-Les pays de l’Europe de l’ouest principalement des puissances coloniales ont eu une explosion spectaculaire de leur PIB par habitant pendant l’apogée de la période coloniale en Afrique et en Asie (1870 –1950).En même temps, leur part dans le PIB mondial n’ont cessé de diminuer.
Ce changement a été largement influencé par la performance économique de la Grande Bretagne et la France deux grandes puissances coloniales de l’époque (70 % des possessions coloniales).Les puissances coloniales espagnole et portugaise ont déjà perdu la majorité de leur colonies vers 1820. Les pays de l’Europe et l’Ex-URSS contrairement à l’Europe de l’ouest et des pays ‘immigration européenne (les Etats-Unis, Canada) n’ont pas pu vraiment s’imposer sur la scène économique mondiale ni en termes de PIB par habitant ni en termes de contribution au PIB mondial dans l’ensemble.
ii) Les colonies d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique n’ont pas enregistré un changement significatif de leur PIB par habitant pendant la période coloniale. En Amérique latine cet indicateur a passé de 416 à 667 dollars de 1500 à 1820.De l’autre coté , l’Asie a presque stagné passant de 575dollars en 1820 à 635 dollars par habitant en 1950 , année voisine de l’indépendance de la majorité des pays asiatiques .Force est aussi de constater la chute spectaculaire de la part de l’ Asie dans le PIB mondial passant de 62,1 % en 1500 à 21,9% en 1913 et 15 ,5% en 1950.Par contre l’ Afrique et l’Amérique latine ont presque stagné leur part dans le PIB mondial pendant l’ère coloniale.
iii) Les écarts interrégionaux n’ont cessé de s’intensifier pendant la période coloniale aux profits des puissance coloniales, des pays d’immigration européenne (Etats-Unis, Canada) et le Japon
Les agissements coloniaux dans les colonies ont largement profité aux colons au détriment des colonies. Le PIB par habitant de ces colonies ont stagné malgré les ressources inestimables dont ils disposaient .Toutes les politiques de développement et financières mises en œuvre pendant la période coloniale n’ont pas pu alors influencer d’une manière significative le niveau de développement de ces pays .Pire encore, dans certains pays la situation s’était même empirée. Ce fait résulte évidemment de l’impérialisme et l’oligarchie financière des puissances coloniales qui a remis en cause les perspectives d’évolution économique et financière des colonies.

Conclusion


A travers ce qui précède, les colons par les différentes mesures monétaires, financières et politiques principalement formulées et inspirées en métropole ont pu influencer le système financier de ces pays et mener le jeu à leur manière Les empires coloniaux ont toujours utilisé leur supériorité économique via leur système impérial. Evidemment, la raison d’être des colonies est de rapporter aux puissances coloniales. Quoi que l’on dise, si la colonisation a octroyé aux puissances coloniales majoritairement européennes le privilège d’exploiter les ressources naturelles, financières et humaines des colonies, elle a été en même temps une opportunité pour ces derniers de s’offrir, des grandes infrastructures basées sur le modèle occidental tel que l’enseignement, les routes ou la justice. Cette remarque ne veut pas dire forcément que la colonisation a été bénéfique pour les colonies, juste une analyse objective. Dans pas mal des PED surtout en Afrique, force est ainsi de constater que les grandes infrastructures laissées par les colons figurent encore comme les infrastructures de base de ces pays malgré les efforts entrepris ultérieurement par les responsables locaux .Les trajectoires politico-économique des PED de l’indépendance à nos jours nous réservent encore bien des symptômes qui caractérisent la période coloniale et qui divisent toujours les spécialistes tout comme les simples citoyens.Si les PED vont mal aujourd'hui , ils ont aussi leur part de responsabilité .Il est temps peut etre de bouger , mais comment ?Avec quoi et avec qui ?Ces trois questions meritent une attention particulière dans l' analyse des trajectoires post-coloniales des PED.C'est l'objet d'un autre article qui ne va pas tarder.

Bonne lecture alors à vous tous chers amis lecteurs.

[1] Jaques Marseille :«La balance des paiements de l’outre –mer sur un siècle» (p.3-25) dans: «La France et l’outre-mer , un siècle de relations monétaires et financières » ,,Comité pour l’histoire économique et financière de la France., colloque tenu à Bercy les 13,14 et 15 novembre 1996.


[2] François Bloch-Laine , La zone Franc , Paris , PUF, 1956 , p.44 –Cité par Jaques Marseille dans : «La France et l’outre-mer , un siècle de relations monétaires et financières ,1996,p.6.
[3] En 1931 G.D.H. Cole avait fondé le New Fabian Research Bureau, qui fusionna avec la Fabian Society en 1938. De cette union naquirent trois sous-bureaux de recherche, le Fabian Colonial Bureau en 1940, le Fabian International Bureau en 1941 et le Home Research Committee en 1943.
[4] Dollars américains internationaux de 1990, chiffres cités dans Madisson ,2001, tableau 2-30, p.120.

SUITE 2 :SURVOL HISTORIQUE DES RAPPORTS FINANCIERS

2-3-Etude de cas
2-3-1-L’ Afrique et la politique discriminatoire
Pendant l’année d’existence de la zone sterling, la politique discriminatoire a été l’un des aspects majeurs qui ont caractérisé les colonies britanniques en Afrique surtout en Afrique de l’ouest. Elle fut soutenue par des périodes de boom pour les matières premières en particulier pour le caoutchouc naturel du Malaya et le cacao de l’Afrique de l’ouest .les rapports financier entre les colonies et la Métropole s’est beaucoup manifestés par le mécanisme de stock monétaire et de la balance sterling qui ont influencé considérablement le rapport de coopération et de domination. Le surplus ou déficit commercial envers la zone dollar a joué aussi un rôle capital dans pendant la période considéré. En effet, durant la période 1947-1954, le surplus commercial de la cote d’or
(Devenu Ghana en 1957) envers la zone dollar était considérable .Ensemble la cote d’or et le Nigeria y exportaient en 1948 et 1949 trois fois et demi de la valeur de leurs importations de 1947, en 1950 six fois cette valeur, et dans les années 1951 à 1953 une moyenne égale à cinq fois la valeur des importations de 1947. Au cours des années 1950, les surplus commerciaux de l’Afrique de l’ouest et du Malaya devenaient un problème dans la gestion des paiements extérieurs britanniques (Gerorld Krozewski, 1996, p.604).Ces surplus commerciaux contrariaient l’objectif de réduction du stock monétaire pour prévenir les risques de retraits des états membres dans un système fortement dominé par le multilatéralisme. Après 1945 ; les pays tels que la Rhodésie et le Kenya ont largement bénéficié d’investissement privé de la Grande Bretagne .Le marginalisme a beaucoup marqué certains pays africains de la zone .Ainsi ,entre 1948-1953,en Afrique de l’ouest région de la zone sterling discriminatoire , les exportations de capitaux vers cette zone s’élevait seulement à 14 % des stocks monétaires accumulés jusqu’en 1953.Encore des pays comme la Cote d’or n’a jamais eu l’occasion de profiter aucun crédit du marché de Londres de 1948 à1958 et l’aide provenant du fonds du développement colonial était négligeable. Il est crucial enfin de noter que l’Afrique du sud a beaucoup contribué aux financements de compte sterling de la zone et aux balances des paiements britanniques via ses importantes productions d’or.
En tout état de cause que ce soit , pendant l’ère coloniale les clonies africaines ont subi d’une manière ou d’une autre la mainmise de l’empire britannique sur leur colonies . L’Inde constitue aussi un autre exemple qui va corroborer ce constat.

2-3-2-Cas de l’Inde : ingérence monétaire britannique via l’étalon -or
L’inde un pays colonisé par l’empire pendant des siècles mérite une attention particulière. Par sa taille et les multitudes de ressources qu’il dispose, l’inde est considérée comme un pays qui disposa un lien économique et financier privilégié avec l’empire Britannique. John.M.Keynes après avoir passé d’octobre 1906 à juin 1908 au ministère de l’Inde, publia le 28 juin 1913 un ouvrage remarquable intitulé « La monnaie et la finance de l’Inde » .Il a été le premier économiste de renom à s’intéresser au système financier qui lia ce pays à l’empire britannique. C’est un ouvrage condensant dans lequel il a essayé de décortiquer explicitement comment fonctionne le système monétaire et financier de ce pays en insistant beaucoup sur l’aspect monétaire. L’objet de notre étude n’est pas ici de reprendre dans son intégralité les idées défendues par Keynes dans cet ouvrage mais de comprendre comment ce système a compromis l’intérêt de ce pays au profit de l’empire britannique.
Le système monétaire Indien à quelques différences près a été calqué sur le modèle britannique basé sur le monométallisme –or depuis 1844.Un système qui ne cadre pas vraiment avec l’intérêt de ce pays, réitère sans cesse Keynes dans son premier ouvrage su-cité. Comme le note Frédéric Poulon (1985, p.4)[1]: « Ce qui est bon pour l’Angleterre ne l’est pas forcément pour l’ Inde, disait-il en substance .La critique était audacieuse , tant les vertus de l’étalon-or paraissaient universelles à la veille de la Première Guerre mondiale».Si ses expériences passées au ministère de l’ Inde a permis à Keynes de décortiquer avec force et rigueur l’inefficiente du système de l’étalon-or ,le gouvernement qui se succéda en a décida autrement ignorant ses propositions.
Robert Ferrandier [2](1985, p.159) a bien résumé ce fait affirmant: «Si J.M.Keynes a réussit à convaincre les membres de la commission Chamberlain, consacrée aux problèmes monétaires et financiers indiens, de l’absurdité de l’instauration de l’étalon-or, il fallut attendre 1934 pour qu’une réforme du système bancaire indien conforme à ses projets eut lieu ».
Le gouvernement britannique à travers la mise en place progressive du système de l’étalon or va compromettre la souveraineté monétaire et l’intérêt financier de l’ Inde .Un petit détour historique sans remonter à la nuit des temps est indispensable pour une meilleure appréhension de cette analyse .L’année 1893 marque un changement significatif du système monétaire indien .En effet c’est à partir de cette date que ce pays a décidé d’abandonner le monométallisme -argent en vigueur presque tout au long du XIX ème siècle .Après des multitudes de dispositifs juridiques face aux crises de convertibilité de la roupie à l’exemple de la loi 1861 qui fixait la modalité d’émission inspirée de celle de Bank Act de 1844,la loi du 06 septembre 1870 qui garantissait la frappe libre de la roupie à 165 grains d’argent pur, et compte tenu de ses relations commerciales avec l’Angleterre ,l’Inde a décidé d’arrêter la frappe libre de la roupie en 1893 et met fin au monométallisme –argent au profit du monométallisme –or déjà en vigueur en Métropole. Le 26 juin 1893, face à la forte dépréciation du cour de l’argent par rapport à l’or et aux transferts dus envers l’Angleterre, la commission royale présidé par Lord Herschell a décidé de rattacher la roupie à l’or au taux de 1 s 4 d la roupie. Cette parité qui sera en vigueur à partir de 1898
(Suite aux reformes inspirées de la commission Fowler) jusqu’ à 1913 .Les liens économiques et financiers entre l’Inde et la Grande Bretagne ont beaucoup influencé et facilité l’ingérence monétaire Britannique. Cette ingérence monétaire se traduisait entre autre par les mécanismes de Councils Bills et Exchange Bank .A la lumière de Robert Ferrandier[3],(1985, p.162) : « Le secrétaire d’Etat aux Indes émettait donc de fonds en sterlings ( councils bills) , vendus à Londres contre sterling, et payables en roupies à Calcutta .Ces titres étaient achetés par des banques spécialisées dans des affaires de change ( exhange bank) puis transmis à leur agence aux Indes qui les convertissaient en roupies , les sommes disponibles étaient alors utilisées à l’escompte des effets tirés par les exportateurs indiens sur les marchands et industriels anglais, que les succursales indiennes transmettaient pour encaissement aux comptoirs londoniens ».
Il est crucial de rappeler que bien d’hommes politique et économistes influents de l’époque contrairement à Keynes se sont prononcés en faveur de ce système d’étalon-or .Ce sont le cas de Lord Rotcschild et Alfred Marshall qui s’y sont penchés devant la commission Fowler de 1898.A l’autre bout de la pendule , seulement M.Lindsay, qui n’est autre que le secrétaire adjoint de la Banque du Bengale qui se rallia à Keynes en soutenant le mécanisme de stabilisation de la roupie grâce à un système de réserves qu’il nommait «système de change-or ».
La suite lui donna raison car le gouvernement indien a toujours favorisé la stabilisation de la roupie par rapport au sterling.
Malgré le soutien de l’opinion publique à ce système d’étalon –or Keynes, va défendre avec brio ses attaques à l’encontre du dit système et propose avec rigueur le système qu’il envisage de mettre en place en l’occurrence le système de change –or .L’étalon –or , répète sans cesse Keynes n’a jamais fonctionné avec succès dans les pays développés .C ‘était un système de change –or masqué qui a été adopté et appliqué par la plupart des pays développés depuis le milieu du XIX ème siècle .D’abord ,il a fait un parallélisme entre les contextes de l’ adoption du monométallisme-or en Grande Bretagne et ceux d’avant guerre marqué par la suspension du système d’étalon-or .Ensuite il commença à décortiquer explicitement les mécanismes qui régissent le système monétaire des pays développés au cours du XIX ème siècle pour déboucher sur un analyse critique du système monétaire en vigueur en Inde .Le monométallisme –or en vigueur depuis 1816 en Grande Bretagne a été renforcé par le Bank Act de 1844 qui corrobore avec la thèse classique de currency school .Contrairement à Hume qui avance le mécanisme autorégulateur de l’équilibre de la balance des paiements , Keynes dans un système et contexte économique différent de celui de Hume réfute avec rigueur le bien fondé de ce mécanisme et avance d’autres arguments qui cadrent avec son refus du système d’étalon-or .Il avance que l’argument de Hume n’est valable que dans un pays à monnaie exclusivement métallique, car il écrit à un moment où le billet de banque et la monnaie sculpturale ne sont pas encore inventés ou ne jouent qu’un rôle restreint( Jean Marshall[4] , 1985, p.156 ).En Angleterre , depuis le milieu du XIX ème siècle des changements significatifs se sont opérés dans le cadre monétaire et financiers .Ce sont l’explosion de la monnaie scripturale ,l’hégémonie de la place financière de Londres ,l’essor spectaculaire de la politique de taux d’escompte pour éviter l’hémorragie des capitaux et la sortie d’or ,le fait que la Grande Bretagne soit devenue prêteuse nette sur le marché internationaux des capitaux .Dans les autres pays développés , les tentatives d’imitation du système monétaire britannique se sont soldés tous en échec que ce choix la politique d’escompte ou la tentative de faire l’or comme principal instrument de circulation interne et ceux-ci au profit d’un système masqué de change-or .Selon lui : « Il existe dans tous les pays développés un système de change-or .Un tel système se présente lorsque l’or n’est pas un instrument d’échange interne important , lorsque la monnaie nationale n’est pas nécessairement remboursable en or, mais quand le gouvernement ou la banque centrale assure la fourniture d’or pour les paiements extérieurs à un taux maximum donné , les réserves nécessaires à cette fourniture étant détenues en grande partie à l’étranger ( Keynes,1913,p.21-22)[5].
Keynes avance par la suite que le système monétaire indien est un système de change –or et ceci à deux égards :
-La roupie est une monnaie interne, inconvertible et à cour légal illimité
-Le souverain d’or a cour légal illimité et depuis 1893 est convertible au taux de 15 roupies par livre
Le gouvernement indien agit alors pareillement que les banques centrales des pays développés pour soutenir sa monnaie , ce qui justifie l’inadaptation de l’ étalon –or dans ce pays .Pour cela il a préconisé quelques reformes allant d’une nouvelle gestion des réserves à la création d’une nouvelle banque centrale .Il est évident que la deuxième proposition peut inclure la première .Mais la réticence de la commission Chamberlain , l’hostilité du vice roi ,l’éclatement de la guerre et d’autres paramètres politiques ont fait que la proposition de Keynes ont été écarté et ne sera concrétisée qu’en 1934 avec une nouvelle donne qu’est le bloc sterling qui était déjà en place depuis 1932.
La transposition du système monétaire britannique en Inde a été fait seulement au profit de l’empire sans se soucier de celui de l’ Inde .Avec les différences de ces deux pays, l’un pays colonisé encore ancré dans le système de production féodal et où le système financier était encore dans un stade embryonnaire , l’autre considéré comme le centre du monde sur tous les plans, économique , financier et militaire, il est normal de voire le système échoué au grand dame de l’Inde .Les réformes successives en Inde ne cadrent pas vraiment alors avec les réalités et les contextes politico-économiques existants. Keynes à plusieurs reprises a dénoncé ce système dans son premier ouvrage qu’est la monnaie et les finances de l’Inde qui va lui ouvrir le pas pour ses recherches et œuvres ultérieurs .Un économiste qui aime la polémique mais qui a le sens de la rigueur ,tout au long de sa vie, comme le résume bien Frédéric Poulon [6] (2004) dans son œuvre: «La pensée économique de Keynes », va accorder beaucoup d’importance à ces combats[7] contre l’or , la réparation allemande , la crise et le chômage. L’indépendance de l’Inde en 1947 devait mettre fin officiellement ce cercle de dépendance monétaire et financier longtemps ancré dans le rapport Inde- Angleterre mais que nous réserve –t-il l’après indépendance?
En bref, la Grande Bretagne via le système d’étalon-or d’abord et le mécanisme de la zone sterling ensuite (Cf. I-1-2-2) a pu dominer le système financier et monétaire indien .Un mécanisme qui a mis ce pays sous dépendance monétaire britannique malgré les apports financiers qu’il apportait à l’empire.
2-3-4-Les autres colonies britannique
Grosso modo, les colonies britanniques d’Asie , d’Afrique ,d’Amérique latine et du moyen orient ont subi le mémé sort que l’Inde pendant la période coloniale en matière de gouvernance financière et monétaire. Ils se différenciaient quand même par leur structure économique d’une part, et par leur relation avec la Grande Bretagne d’autre part. En effet si presque tous les pays membre de la zone ont été contraints de suivre les mesures de contrôle de change et des mouvements de capitaux dans le cadre de la zone sterling, les pays comme Singapore, Hong Kong et Koweït. Ont bénéficié des traitements de faveur les permettant de s’ouvrir aux autres pays non membres.
1-3-Les autres pays d’Amérique latine et d’Asie
.
Les PED ne sont pas tous des anciennes colonies françaises ou britanniques. Qu’est ce qu’on peut dire des autres pays d’Asie et d’Amérique latine en matière d’indépendance financière ? Qu’est ce qui différencie ces pays des deux autres groupes su-cités ? Pour une meilleure représentation de l’échantillon de notre étude qui sera utile pour la suite, les pays dits émergents de ces deux continents seront priorisés. N’est-il pas normal alors de s’intéresser sur l’Argentine, le Brésil, le Mexique mais aussi la Malaisie, l’Indonésie, etc ? L’ingérence financière et monétaire des colons qui remettaient en cause l’indépendance financière de ces pays étaient toujours de règle pendant la période coloniale à quelques différences près suivant le mode de fonctionnement du système dans lequel ils appartenaient.
Après des siècles ou des décennies de forte domination portugaise et espagnoles, vers le premier quart du XIXème siècle, la plupart des pays d’Amérique Latine ont eu leur indépendance .Indépendance trop tôt par rapport aux autres pays d’Asie et d’Afrique. Ces pays représentaient 2,9 % du PIB mondial en 1500, et 2% en 1820 année où la plupart d’entre eux ont eu leur indépendance politique
(8,7% en 1998 pour référence). En même temps pendant cette période de 1500-1820 le PIB par habitant dans ces pays a passé de 416 dollars (dollars internationaux de 1990) à 665 dollars, ce qui une croissance de l’ordre de 0,21% du PIB. Parallèlement, en 1500 le PIB par habitant du Portugal et de l’Espagne (principaux colons de ces pays) a été respectivement 632 et 698 dollars (dollars internationaux de 1990) et respectivement 963 et 1063 dollars (dollars de 1990) en 1820.Ces chiffres ne nous montrent bien l’étendu des fossés existant entre les puissances coloniales et les colonies d’Amérique latine, au détriment de ces derniers. latine Le cercle de domination mis en place dans ce sous continent a été fortement concentré dans les sphères commerciales, les questions monétaires et financiers n’ont pas été vraiment à l’ordre du jour .En tout état des causes, les monnaies des puissances coloniales ont eu cour forcé dans ces pays. En Amérique latine , si la colonisation a eu un effet dévastateur sur la population autochtone elle a aussi fortement contribué à leur potentiel économique durant les périodes postérieures .L’introduction de nouvelles cultures et de nouveaux animaux a permis à ces régions de nourrir une population plus importante ( Crosby, 1972).Ces nouvelles cultures étaient le blé , le riz , , la canne à sucre , la vigne , les légumes verts ,les olives , les bananes , le café .Les nouveaux animaux destinés à la consommation étaient les bovins , les porcs , les poulets , les moutons, et les chèvres. L ‘introduction d’animaux de transport et de trait-chevaux , bœufs , ânes et mulets ainsi que les véhicules à roues et les charrues ( qui ont remplacé les bêches ) ont également grandement contribué à l’ augmentation de la capacité productive.( Madisson , 2001,p.37).La migration des populations pendant la période coloniale ( avant 1820) venus de tout horizon principalement d’Afrique (estimé à 9, 5 millions de 1500 à 1870) , du Portugal ( 500000 personnes ) de l’ Espagne (moins de demi –millions de personnes) , de la France et de l’Angleterre va encore renforcer cette dynamique économique déjà en marche[8].Tout au long de la période coloniale marquée par la prédominance du système d’esclavage , le système économique des pays d’ Amérique latine a été structuré pour être à la fois débouché et source de matières premières pour les colons .
Le Brésil mérite une attention particulière ici. Le Brésil était portugaise du dé but 1500 jusqu’à 1822.Un pays essentiellement peuplé par les indiens au début, et était devenu pays multiracial suite à l’invasion européenne et les esclaves noire de l’Afrique. Jusqu’à la fin XVIIème siècle date de la découverte de l’or et des diamants, au sud dans le Minas Gerais .L’exportation principale du pays était principalement orienté au sucre qui est concentré entre les mains de petits nombre de colons. Cette production a trouvé son apogée vers 1650 avec la concurrence des Antilles. Comme le note Bethell (1984, vol I, p.286) , au XVIème siècle et au XVIIème siècle , les recettes officielles tirées du Brésil étaient modestes – environ 3 % des recettes publiques du Portugal en 1588 et 5% en 1619.La prospérité de la mine d’or et de diamants de Minas a entraîné une forte vague de migration interne Nord-Est .L ‘industrie de l’or connut son apogée vers 1750 avec une production de l’ordre de 15 tonnes par an, une performance qui n’a cessé de diminué ultérieurement .Les transferts liés aux profits des mines d’or portaient en moyenne sur 5,23 millions de milreis par an ( 1,4 million de livre sterling ) ,, les recettes royales identifiables se situant autour de 18% de ce moment (Alden , 1973 , p.331) Au XVIII siècle entre 800 et 850 tonnes d’or quittèrent le Brésil (Morineau, 1985).A l’indépendance en 1822, l ‘effondrement de la production de l’or a fait que le Brésil a de nouveau concentré ses exportations sur le coton , le sucre et le café, ceci au profits et sous inspiration de l’empire colonial portugais .
En Asie , l’Indonésie une ancienne colonie Hollandaise a été aussi un cas semblable marqué par la mainmise de l’empire colonial sur le système économique des colonies .Ainsi , entre 1868-1972 et de 1926-1930 l’excèdent commercial de l’Indonésie représente respectivement 5,5% et 8,9 % du PIB de l’empire hollandaise soit 7,4% et 10,3% de son PIB ( Indonésie )[9].Cet excèdent commercial montre bel et bien la ponction coloniale de l’empire au détriment de l’Indonésie.

[1] Frédéric Poulon et treize économistes, «Les écrits de Keynes », Dunod , 1985.
[2] In Frédéric Poulon et treize économistes, Ferrandier Robert, p.158-174.
[3] Ibid ,1985, p.162
[4] In Frédéric Poulon et treize économistes, les écrits de Keynes, Dunod , 1985.
[5] Keynes JM. Indian currency and finace , The collected writtings of J.M.Keynes. Vol.I ,Macmillan , 1971; 1ère ed; 1913. Cité par Ferrandier Robert in Frédéric Poulon , 1985.,p.165.
[6] Frédéric Poulon , «La pensée économique de Keynes» ,2004 , Dunod.
[7] Voire aussi Gérard . M. Henry , Les combats de Keynes , 2005.
[8]Chiffres tirés in Madisson Angus , L’économie mondiale :une perspective millénaire , OCDE , 2001 , p.38.
[9] Chiffres tirés in Madisson , 2001,p.92.

SUITE 1: SURVOL HISTORIQUE DES RAPPORTS FINANCIERS

1-1-2-Tutelle financière renforcée par la zone franc de 1939 à 1949
La création de la zone franc a renforcé encore la mainmise de la France sur ses colonies .Si pendant la période de la guerre 1939 -1945, la mise en marche de la zone franc n’était pas encore effective, la période 1946-1949 a été marquée par des reformes institutionnelles et administratives qui concrétisent son effectivité. En effet , la zone franc a été crée le 09 septembre 1939 c ‘est à dire quelques jours après le déclenchement de la deuxième guerre mondiale .A partir de cette date le contrôle des changes est instauré, une mesure qui officialise sur le plan économique la création d’une union monétaire .Cette union monétaire autorise la liberté des transferts au sein de la zone et installe le contrôle des changes en dehors .Ces mesures de contrôle de change obligent chaque individu à déclarer tout avoir à l’étranger et à céder les devises acquises lors des transactions avec des non résidents. Le gouvernement de Vichy de 1940 va encore renforcer ces mesures pendant la période de guerre. L’évolution de la guerre et ses répercussions vont beaucoup influencer le mécanisme de fonctionnement de la zone franc .Des changements d’ordres institutionnels, économiques et administratifs se sont succédés. La politique monétaire des membres a été commune s’ajoutent les contrôles exercés sur le commerce extérieure .Après la guerre, l’intégration monétaire fut consolidée suite à la conférence de Brazzaville[1] qui s’est tenue le 30/01 au 08/02/1944.L’emprise de la France sur son empire a été réaffirmé après la libération .Comme l’ Affirme Leduc (M.Leduc , 1965, p.41) le 26 décembre 1945, un communiqué du ministère des finances comprend une partie intitulée : « Constitution de la zone franc », ce sont bien des décisions monétaires qui provoquent la création officielle de la zone franc.
Les années qui suivent ont été marquée par des reformes en profondeur du système monétaire et financier qui lient la métropole avec les colonies. Quelques unes de ces reformes reflètent encore l’empreinte des mesures précédentes tandis que d’autres font preuve de ruptures. Les contrôles de changes et du commerce extérieure ont été ainsi maintenus .Les conditions de base de création d’une zone monétaire ont été de nouveau respectées telles sont la liberté des transferts (rétablie en juin 1646) ; les contrôles de changes, la gestion des ressources en devises par le fonds Français de stabilisation des changes, la fixité des parités des monnaies circulant dans la zone franc.
Mais quels sont les fondements politique et économique de la création de cette zone monétaire?Suite à la conférence de Brazzaville , pour faire face à la dévaluation du Franc français qui menace l’économie d’outre-mer, pour renforcer son tutelle financière et monétaire sur les colonies, la France a décidé de créer des zones monétaires dans son empire . Sur la base de deux rapports d’André Postel-Vinay[2] et de Brunet[3] , adressés au ministre des finances le 20 décembre 1945, la zone franc a été crée. Le décret du 26 décembre 1945 a décidé de former deux Zones Monétaires [4] basées sur le critère géographique. Ce sont les Colonies Françaises d’Afrique (CFA) et les Colonies Française du Pacifique (CFP).
La dévaluation du franc français du 26 décembre 1945 a beaucoup influencé la parité entre le franc français et le CFA.
Le CFA a cour légal dans les colonies d’Afrique subsaharienne. Sa parité est fixée à 1,7 FF en 1946 puis 2 FF en 1948 et 0,02 FF en 1960 (création du nouveau Franc Français). Dans une certaine mesure, la création des francs coloniaux peuvent être considérée comme une autonomie monétaire attribuée aux pays membres mais en réalité elle était un moyen de renforcer la maîtrise du système monétaire des colonies .En effet l’exécution de la politique monétaire de ces pays était toujours inspirée de la Métropole. Les avantages avancés par la conférence de Brazzaville n’étaient alors que des avantages superficiels pour ces pays .D ‘un coté, la parité des monnaies et son changement relèvent encore de la compétence de la métropole et de l’autre coté la personnalité monétaire de ces pays a été conçue dans un cadre régional hérité de la colonisation.. Le changement de parité a eu des conséquences diverses. Si en Afrique occidentale française, le Sénégal n’a été vraiment pas touché par ce changement de parité, dans les autres pays, ce changement a fortement secoué l’économie nationale en renchérissant les marchandises importées, et accentuant par là la pénurie inhérente au lendemain de la guerre. Ce qui a amené le gouverneur du Dahomey à conclure : « Force est de constater que le consommateur colonial ne profite en aucune manière de la différence de la valeur entre CFA et le franc métropolitain»[5].Des évènements similaires ont été observés dans des colonies comme Madagascar, et l’essentiel des pays de l’Afrique centrale.
La dévaluation du CFA qui suivait celle du franc français du 26 janvier 1948 (sur la parité de 2franc CFA contre) n ‘est autre que le reflet de la mainmise de la France sur le système monétaire des pays membres. La dévaluation successive du CFA lui a accordé une valeur plus élevée qu’à celle de la France, malgré les forces économiques de cette dernière. Parallèlement, dans les colonies anglaises en Afrique de l’ouest, l’unité de monnaie coloniale valait la moitié de la livre sterling[6] , ce qui tenait en compte des fondamentaux de l’économie.
Au sens de F. Bloch-Laine (1956, p.347) après quatre années d’ajustements monétaires (1945-1949), « l’unité de la zone franc était complètement rétablie, cependant les monnaie d’outre –mer ne sont plus que des multiples du franc métropolitain».La France a réussi d’affirmer son autorité monétaire sur ces pays au cours de cette période .Mais elle va étendre encore cette domination visant les instituts d’émission de ces pays.
1-1-3- Tutelle financière renforcée par l’emprise sur les instituts d’émissions de 1949 à 1960
Avant la guerre, la France n ‘a pris qu’une faible part de participation dans le capital des banques coloniales, ce qui n’était plus le cas après la guerre. Malgré les donnes politiques de l’ époque avec les mouvements de contestation indépendantistes dans la majorité des territoires colonisés ,la France va faire de tous ses moyens conserver leur emprise sur le système monétaire et financier de ces pays .La nationalisation a été l’une des principales mesures adoptées .Elle voulait mettre en œuvre une organisation mieux adaptée aux besoins de l’ économie, de telle sorte que la fonction d’émission ne corresponde plus à l’exercice d’un privilège mais représente un véritable service public(Ibid,p.65).
Les institutions monétaires nationales furent nationalisées, transformées en sociétés d’économie mixte ou remplacées par des organismes publics nouveaux (René Sandretto, 1994, p.35).
Des mesures fondamentales ont été prises dans les territoires français d’Afrique membre de la zone franc. Mais force est de signaler que jusqu’en 1955 les mesures prises n’ont été que des mesures superficielles ne permettant pas vraiment de réaménager d’une manière significative la zone franc.
La création des instituts d’émissions en Afrique centrale et en Afrique de l’ouest, puis dans la région de l’océan indien, la transformation de la banque d’Algérie en Banque d’Algérie et de la Tunisie sont les changements marquant de ce rapport monétaire entre la France et les pays membre de la zone CFA.
-En Afrique de l’ouest en 1955, l’Institut d’émission. de l’Afrique Occidentale Française (AOF) et du Togo a été crée pour devenir Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest(BCEAO) en 1959.
-En Afrique centrale la même année, l’Institut d’émission de l’Afrique centrale et du Cameroun été crée qui sera l’ancêtre du Banque Centrale des Etats de l’Afrique Centrale(BCEAC) crée en 1959.
Ces deux instituts ont le même statut du point de vue de leur mode de fonctionnement, leur statut juridique mais aussi de leur structure .Ils sont tous les deux établissement publics français ; siégés à paris avec un capital de 500 millions de francs métropolitains doté par l’ Etat ; le tiers des membres du conseil d’administration représentait la région concernée , ils disposent d’un directeur général et d’un président .Il est crucial de noter que ces instituts d’émissions n’ont pas eu le privilège d’exercer les opérations de banques de prêt ou d’escomptes .Ils disposaient quand même les principales attributions d’instituts d’émission( transferts extérieurs, opération de réescompte, avance sur effets publics, centralisation des risques bancaires).
-Dans l’Océan indien en 1950, la réorganisation de la Banque de Madagascar
(Crée en 1925) a transformé cette banque en société d’économie mixte et a pris l’appellation Banque de Madagascar et des Comores .L ‘augmentation du capital de cette banque a fait que les pouvoirs publics détenaient la majorité du capital et les deux pays concernés furent représentés dans le conseil d’administration.
-En Afrique du Nord, la Banque d’Algérie nationalisée en 1946 a été transformée en Banque d’Algérie et de la Tunisie en 1949 .Ces deux pays détenaient 50% du capital de cette banque.
Afin d’assurer une coordination monétaire adéquate dans les instituts d’émissions et de la zone, la France a pris quelques dispositifs d’ordre monétaire et administratifs .Ainsi en 1951, la première institution qui confère à la zone franc un caractère structuré a été crée. C’est également en 1951 qu’une loi du 24 mai prévoit l’ouverture dans les livres du Trésor français d’un compte de compensation des monnaies de la zone franc ou compte d’opérations(Célestin Monga et Jean claude Tchathhouang, 1996,p.21).Le décret du 05 février 1952 a transformé le « comité technique de coordination » en « Comité monétaire de la zone franc » qui regroupe des représentants des ministères des finances , des banques centrales et commerciales .Mais ce comité n‘a pas vraiment fonctionné comme prévue car la France l’a utilisé à sa manière au détriment des pays membres .A titre d’exemple la dévaluation du Franc français de 1958 a été décidé sans consultation de ce comité.
Les mouvements de contestation dans les colonies françaises d’Afrique vont beaucoup influencer la suite du fonctionnement de la zone franc mais aussi de la tutelle financière de la France sur ses colonies .Il est quand même important de rappeler que quelques pays de la zone franc ont déjà quitté la zone après leur indépendance. C’était le cas du Liban en 1948, la Syrie en 1949, le Maroc et la Tunisie en 1956, la Guinée en 1958, l’Algérie en 1962. Après l’indépendance politique, il n’y plus que quelques pays africains qui feront parti de la zone franc CFA. Ce qui nous ramène à la période post- coloniale qui n’est plus dans le cadre temporel de notre étude. Il est aussi capital de rappeler que la caisse centrale de la France d’outre-mer qui a remplacé la caisse centrale de la France d’outre –mer, le 02 février 1944 a beaucoup contribué au renforcement de la coopération entre la Métropole et ses colonies, avec des résultats plus que mitigés.
1-2-Les autres colonies françaises
Contrairement aux pays africains, la mainmise de la France dans le système financier et monétaire des autres colonies d’Asie et du pacifique n’ont pas duré. .Un constat qui s’explique à deux égards .D’abord ces pays là ont eu leur indépendance politique plus vite que les pays africains, ensuite ils ont quitté la zone franc après leur indépendance. Comme dans les autres colonies , la France a toujours exercé son tutelle financière dans ces pays mais la non appartenance à la zone franc ou son abandon précoce les distinguent des pays africains .Les autres colonies françaises d’outre-mer regroupent entre autre la Guadeloupe, la Guyane , la nouvelle Calédonie , l’ Indochine , la Polynésie française, Wallis et Futuna .Ces pays là n’ont pas échappé aux ingérences de la France .Le secteur bancaire et monétaire a été organisé de tel sorte que la France ou les entrepreneurs français puissent dégagent des avantages considérables. Ainsi les banques de Guadeloupe en 1851, de la Guyane en 1854, de la Nouvelle Calédonie en 1874, de l’Indochine en 1875 ont été crée dans le but de maximiser les apports financiers et commerciaux des colonies envers la Métropole. Des dispositifs juridiques et financiers ont été pris dans les années qui suivent pour renforcer cette tendance de domination .Ainsi depuis 1888, la banque d’Indochine exerça le plein pouvoir sur les autres banques de la Nouvelle Calédonie et l’Océanie. Mais une loi du 25 septembre 1948 devait modifier cette situation .Selon ses termes, la banque d'Indochine perdait le privilège de l'émission dans l'ensemble des territoires où il lui avait été confié, à des dates fixées pour chaque territoire par un décret particulier. En attendant ces décrets, elle continuerait toutefois à observer les règles statutaires prévues en 1931 dans ses rapports avec le Trésor et la nature de ses opérations. Le pouvoir de la banque d’Indochine était limité car ne pouvait pas exercer vraiment le rôle de la banque d’émission. La création du CFP(Colonie Française du Pacifique devenue Communauté Financière du Pacifique depuis le 26 décembre 1945) va encore confirmer cette sphère de domination déjà en place depuis des décennies.
Le CFP circula dans les colonies françaises des caraïbes et du Pacifique. Sa parité a été de 2,4 FF en 1946 et 5,5 FF en septembre 1949.
Suite à leur indépendance politique, les Etats de l’ancienne Indochine se dotaient de leur propre monnaie en décembre 1954 créant par là la piastre vietnamienne, le kip laotien et le riel cambodgien. Dans le territoire d’outre –mer du Pacifique, l'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM) a été créé par l’art 30 de la loi de finance rectificative de 1966 pour succéder à la Banque de l'Indochine.
Dans l’ensemble, ces pays n’ont pas pu exercer ni leur souveraineté monétaire ni leur autonomie financière car ils étaient toujours sous le giron politique et financier de la France L’Indochine (Cambodge, Vietnam, Laos) a eu quand même une certaine souplesse par rapport aux pays africains dans la conduite de leur politique monétaire.

Pendant l’ère coloniale la France a toujours essayé par tous les moyens de maîtriser le secteur financier et monétaire de ses colonies .Les dispositifs monétaires et financiers pris ont toujours renforcé sa tutelle financière sur ses colonies. Mais qu’en est –il de la Grande Bretagne et ses colonies
2-Les colonies Britanniques

La grande Bretagne est sans aucun doute avec la France l’une des grandes puissances coloniales de la planète. La conquête coloniale n’a cessé de s’intensifier surtout depuis la dernière moitié du XIX siècle .En effet si en 1876 , l’empire colonial britannique comptait 25,9 millions d’habitants dans un espace de 22,5 millions km² , il va compter 393,5 millions d’habitants en 1914 pour un espace de 33,5 millions km².Sur le plan économique l’ hégémonie économique et financière de la Grande Bretagne a beaucoup facilité son tutelle financière sur ses colonies .La création de la zone Sterling en 1931 va encore renforcer cette tendance de domination des systèmes économiques et financier des colonies .

2-1-Tutelle financière renforcée par l’hégémonie financière britannique
Depuis le XVIIème siècle jusqu’au tournant du XX ème siècle, l’Angleterre a été considéré comme la première puissance économique et militaire du monde. Une puissance qui trouve ses sources dans le modernisme du système économique et financier via la création de la banque d’Angleterre en 1694, l’attractivité de la place financière de Londres, l’étendu de son empire colonial, les reformes administratives, etc. Un pays qui a beaucoup opté pour le système économique mercantile et s’est orienté vers le libéralisme économique à partir du milieu du XVIIIème siècle, l’Angleterre est considéré comme le berceau de la finance moderne .Cette hégémonie économique et financière de la Grande Bretagne a conféré un statut de monnaie internationale à la Livre Sterling. Malgré alors les débats virulents entre les bullionistes qui favorisent la théorie de currency school (base de la théorie quantitative de la monnaie de Fisher) comme chef de file Ricardo et les anti-bullionistes qui optent vers la théorie de banking school ( base de la théorie monétaire keynésienne ) inspirée par T.Tooke et J.Fullarton[1] , la livre sterling a pu imposer ses forces dans le système monétaire international. Le système d’étalon-or en vigueur de 1870-1914 va beaucoup contribuer à la domination de la Livre Sterling dans les transactions financières internationales et lui confère par la suite le statut de monnaie internationale .Les autres grandes puissance vont officialiser ce fait vers 1870.Paraphrasons Jean Pierre Delas (1994, p.103) sur ce point : « L ‘étalon-or a été découvert par hasard. Lorsqu’aux environs de 1870, la France , l’ Allemagne qui vient de réaliser son unification, l’ Italie et l’ Espagne, se joignent à l’ Angleterre, aux pays de l’ Europe du Nord et aux Etats-Unis , pour adopter de jure ou de facto ce qu’on appelle le monométallisme-or( par opposition au bimétallisme or et argent) tous les pays développés se trouvent avoir une définition en un poids d’or de leur monnaie[2] .La puissance de la place financière de Londres et des banques britanniques vont faire la livre une monnaie aussi bonne que l’or .La balance sterling va corroborer encore cette tendance dans la mesure où les monnaies ont été gagées sur le livre non plus sur l’or .Meyer ,comme Brown ou Ragnar Nurkse insistent sur le fait que les nations commerçantes du XIX ème siècle étaient naturellement portées à maintenir la stabilité de leur change sur Londres .Aussi rattachèrent-elle leur monnaie à l’or car le Sterling était lié à ce métal . Les mésaventures de l’ Inde dont la devise fut liée à l’ argent jusqu’en 1893 et dont Keynes nous a conté l’ histoire montre combien cette précaution était justifiée[3].La livre devint ainsi une monnaie de réserve que les opérateurs préfèrent plus que le métal jaune jusqu’en 1914 année pendant laquelle la convertibilité était suspendue par les belligérants pour entrer dans le système de gold exchange standard entre les deux guerre et le système de Bretton woods de 1944 à 1973.

2-2-Tutelle financière qui s’exerce à travers la zone sterling

Les désordres économiques causés par la crise de 1929 ne vont pas tarder à influencer et déstabiliser le système économique des grandes puissances et ses pays satellites .Pour l’Angleterre, la dévaluation de 1931 couplé avec l’abandon de l’étalon- or en vigueur depuis 1924 furent les principales mesures prises par le gouvernement en place .La Zone sterling fut crée dans ce contexte là.
En effet, en septembre 1931 la livre même si encore convertible en or cessa d’être convertible à parité fixe contre l’or, une situation qui va déboucher sur une dépréciation de l’ordre de 30% de sa valeur quelques mois plus tard. Cette évolution marque la fin d’une longue période d’hégémonie financière et monétaire de la l’Angleterre, sur le plan mondial. Cette situation catastrophique de l’économie britannique a beaucoup suscité des débats dans les sphères académique et politique. Dans ce sens Keynes (1972, p.109-110) [4]d’avancer : « A Londres, la City se considérait comme tenue d’honneur de faire tous les efforts possibles pour préserver la valeur de la monnaie telle qu’elle était lorsque furent acceptés les vastes dépôts effectués par les étrangers, et ce même le résultat devait en être une autre tension intolérable imposée à l’industrie britannique. A partir de quel seuil avions –nous le droit de donner priorité à nos propres intérêts ? ».Si de 1932 à 1945 la zone sterling (bloc sterling pour certains auteurs jusqu’en 1939) se met en place, de 1945 à 1972 elle va trouver son apogée avant de disparaître définitivement à la suite des crises du système de Bretton woods de 1971. Pendant cette époque l’empreinte de l’empire Britannique a été toujours visible au grand dame de ses colonies.
Au début, la zone sterling regroupe la grande Bretagne, les Pays du Commonwealth sauf Canada, et à différente époques Islande, Irlande Jordanie , Koweït, Libye , Pakistan .La création du Commonwealth lors de la conférence d’ Ottawa ( 1932) constitue la base fondamentale de la zone monétaire sterling. Une zone par laquelle l’Angleterre va renforcer son emprise financier et monétaire sur son empire colonial mais aussi prendre des mesures protectrices pour faire face à son déclin économique. En réalité, la zone sterling n ‘a pas été vraiment effective avant la deuxième guerre mondiale, c ‘est la période de l’après guerre qui marque un véritable changement effectif .La réticence des pays membres à soutenir la livre quelques mois avant la guerre vue la forte dépréciation de cette dernière, el la décision des autorités monétaires britanniques en septembre 1939 de suspendre la convertibilité-or de la livre vont transformer vraiment le bloc Sterling en Véritable zone sterling dans laquelle les contrôles des changes étaient devenu de règle.
Les errements de la deuxième guerre mondiale, la puissance économique et financière des Etats- Unis, les défis de l’après guerre vont contraindre le gouvernement Britannique à prendre des dispositifs de contrôle de change vis à vis de ses partenaires. Ces mesures ont été pris pour maîtriser l’hémorragie des capitaux dans les pays membre de la zone sterling .Mais l’accession à l’indépendance de certains pays membres vont déstabiliser la zone ce qui ne va pas influencer d’une manière significative son mode de fonctionnement. Ces pays indépendants vont quitter définitivement la zone. Il en est ainsi de le l’Egypte le 14fevrier 1947 et la Palestine le 22fevrier 1948.
Comme l’ affirme J.de Sailly (1957,p.14) : « De 1945 à 1965 , la zone sterling se définissait comme un système coopératif de contrôle des changes pratiqué par une association de pays divers sur la base d’une monnaie qui a cessé d’être librement convertible et avec la mise en commun des ressources en or et en devises.
Comme la zone franc son fonctionnement fut attribué à une zone monétaire organisée autour d’un pays dominant. Quelques règles fondamentales ont été ainsi mises en place à savoir :
-la liberté des transferts de capitaux entre les Etats membres
-le contrôle des changes
-la fixité de change avec la livre
La centralisation de la zone en métropole accentua encore la mainmise de l’Angleterre sur cette zone monétaire .Un avantage qui constitue la pierre angulaire de l’ingérence financière britannique sur ses colonies. Dans ce sens J P Dellas (1953, p.861) d’avancer « Les pays de la zone sterling utilisaient en outre la place financière de Londres et le marché monétaire britannique pour y effectuer une grande partie de leur placements : l’organisation de la Livre sterling tend, d’une part à développer au maximum l’usage de la livre dans le monde, d’autre part à réaliser une économie de devises aussi stricte que possible.
Mais force est de constater que même si la zone sterling conférait des pouvoirs étendus aux autorités monétaires et financières britanniques , la conduite de la politique monétaire et les grandes décisions y afférentes ont été un peu souple par rapport à la zone franc et s’inspiraient des conférences du Commonwealth lesquelles n’étaient pas périodiques .Cette zone monétaire a fonctionné alors avec moins de dirigisme qui conférait une certaine autonomie monétaire aux banques centrales des Etat membres jusqu’ à leur indépendance .
Dans les faits si la stabilité des changes et la convertibilité des monnaies pouvaient être considérées comme des avantages et des points forts de la zone pour les pays membres, la centralisation des réserves de change à Londres a été perçue comme un avantage majeur attribué à la Grande Bretagne. L’explosion de la balance sterling de 1932à 1937 du fait de la politique de « stock piling » des partenaires de la Grande Bretagne marque en tout état de cause l’implication des Etats membres dans ce système .Quoi que l’on dise, le but de la zone sterling était de faire régner à une échelle limitée la stabilité monétaire que le gold standard assurait mécaniquement à l’échelle quasi mondiale (Meyer, 1952).La convertibilité de la Livre qui se profilait à l’horizon après des crises de change successives des années 1947, 1949, 1957 constitua un grand tournant dans la conduite de la politique économique Britannique mais aussi sa relation avec les pays membres de la zone. En effet après la deuxième guerre mondiale, le gouvernement travailliste en place voulait instaurer un Etat providence pour assurer la reconstruction via une politique de faible taux d’intérêts .Mais l’ hésitation des Etats –Unis pays créditeur , la non convertibilité de la livre , la faiblesse des réserves extérieures de l’Angleterre seront des obstacles majeurs pour la réalisation de ce projet ce qui a amené presque à son abandon .Le marasme économique qui secoua l’ économie britannique de l’ après guerre a conduit le gouvernement à dévaluer la livre de 30% en 1949.Mais l’ accumulation et l’ explosion des stocks monétaires des pays membre de la zone de 1947-1953 seront un avantage considérable pour l’empire dans la mesure où ces réserves vont diminuer de moitié les déficits courants britannique .Gerold Krozewski (1996,p.600) précise ce fait : « Son stock monétaire a augmenté de façon exorbitante: il est passé de moins d’un quart du stock total de la zone à environ de moitié , ie de £ 400 millions à £ 1400 millions de 1947à 1953 »[5].Il est crucial de préciser ici , dans un contexte mondial prédominé par le multilatéralisme que ce stock monétaire a suscité beaucoup de débat entre les économistes pendant la période ultérieure. .Les uns considéraient ces stocks comme une menace les autres comme un atout. Le premier souci était que la structure de liquidité des stocks ne permettrait pas d’honorer les retraits sollicités par les membres à un moment donné et que l’institution gérant les fonds, les « Crowns Agents » deviendraient insolvable. En fait les retraits étaient moins importants que prévus et les liquidités générées par les stocks (balance sterling) suffisaient pour satisfaire les demandes. Force est aussi de constater qu’après la crise de Suez, le gouvernement britannique n’était plus en mesure d’encourager les exportations des capitaux vers l’outre-mer et a pris des mesures qui concordent avec le contexte multilatéralisme de l’époque. Le retour à la convertibilité de la livre fut l’objectif principal du gouvernement conservateur depuis 1951, chose faite en 1958 lorsque la livre après des crises diverses d’ordre interne et externe comme la crise du canal de suez de 1956 a retrouvé son statut de monnaie internationale mais ne pouvait plus surpasser le statut international du dollar américain. Dans les années 1960, la réticence de la Grande Bretagne à poursuivre les accords passés avec les membres, l’attirance des propriétaires des capitaux à s’investir en Europe et aux Etats- Unis, couplé avec l’indépendance récente des colonies vont créer une nouvelle donne de la zone sterling qui va s’éclipser définitivement en 1972.Les crises de la Livre sterling qui se profilaient depuis 1966 , passées par sa dévaluation de 1968 conjuguées aux crises du système des Bretton woods de 1971 , mais aussi l’indépendance politique de quelques colonies vont déboucher à la dislocation de la zone sterling le 23 juin 1972[6].A partir de 1972 les contrôles des changes furent alors étendus à tous les pays sauf l'Irlande et, après 1973, à Gibraltar. La zone sterling a cessé d'exister quand le contrôle des changes a été établi en octobre 1979.La grande Bretagne a renforcé son mainmise sur le système financier et monétaire de ses colonies d’abord par son hégémonie économique jusqu’en 1914 mais aussi par la zone sterling de 1931 à l’indépendance
[1] Responsables de la Banques d’Angleterre
[2] A rappeler que la Banque centrale des Etats-Unis ne verra le jour qu’en 1913.
[3] F Meyer ,Britain the sterling area and Europe, Cambridge , Bowes ans Bowes , 1952 , in 8° , p.150-William Adams Brown Jr ,The international gold standard reinterpreted- Ragnar Nurkse, l’ experience monétaire internationale , SDN.
[4] Keynes J.M. , Essais sur la monnaie et l’économie, Les cris de cassandre, Payot, Paris, 1972.
[5] Gerold Krozewski , La zone sterling dans les relations Grande Bretagne-Outre-mer ,p 599-614 , in La France et l’outre-mer : un siècle de relations monétaires et financières , Comité pour l’ histoire économique et financière de la France , colloque tenu à Bercy les 13,14 et 15 novembre 1996,Imprimerie nationale.
[6] Successivement ces pays ont quitté la zone sterling .le 08 avril 1957 pour le soudan,23 juin 1959 l p l’ Irak, le 31 décembre 1963 la fédération centrafricaine, le 29 octobre 1964 la Somalie ,le 11 novembre 1965 la Rhodésie, 17 octobre 1966 la Birmanie,06 janvier 1971 la Vanuatu,15 décembre 1971 la Libye, le 23 juin 1972 pour les pays suivants l’ Australie, Bahrain, Bangladesh, Botswana, Brunei, Chypre, Fiji, Gambie , Ghana, Hong Kong ,Inde ,Jordanie ,Kenya, Kiribati ,Koweït ,Lesotho Malawi , Malaisie, Maldives, Iles Maurice, Namibie , Nauru ,Népal ,Nouvelle Zélande, Nigeria, Oman, Pakistan ,Papouasie- Nouvelle guinée, Qatar, Samoa, Seychelles, Sierra Leone ,Singapore, Afrique du sud, Sri Lanka , Swaziland , Tanzanie , Ouganda, Emirat Arabes Unis, Zambie ,Ireland le 30 mars 1979.

[1] La Conférence de Brazzaville a crée les bases de l’union française qui se substitua à l’empire colonial suite à la reconnaissance par le Général De Gaulle des rôles joués par les colonies dans la libération de la France.
[2] Directeur de la Caisse Centrale de la France d’Outre-mer (CCFOM).

[3] Directeur du trésor.
[4] Dans les autres territoires non membre de ces deux zones monétaires, la monnaie métropolitaine continua toujours à avoir cour légal.
[5] CARAN, 200 Mi 1874 , rapport économique annuel du Dahomey , 1946 , p.3- Cité par Hélène d’Almeida-Topor , in La France et l’outre-mer ,1996, p.527.
[6] A.G.Hopkins , An Economic History of west Africa , Londres , Oxford University press , 1973.